Prendre en charge des victimes d’attentat : une formation pour les équipes paramédicales

Participant à l’événement Paris Healthcare Week du 16 au 18 mai, le ministère des Affaires sociales et de la Santé propose sur le salon Infirmier un atelier dédié au rôle du personnel paramédical dans la gestion des risques attentats. La responsable des équipes paramédicales et de la partie logistique du Samu de Paris Barbara Mantz, chargée d’initier le personnel paramédical aux principes du « damage control », explique l’enjeu de cet atelier.

JPEGDepuis les attentats de 2015 ayant touché la France, les personnels de santé ont fait évoluer la prise en charge des victimes. A l’occasion du salon infirmier qui se tient lors de la Paris Healthcare Week, la Direction générale de la santé, met en place un atelier pour les équipes paramédicales qui aborde :

 la prise en charge de victimes en urgence vitale lors d’attentat avec les techniques du « damage control » (premiers gestes de secours)
 l’approche médico-psychologique
 la sécurité des personnels d’intervention et la sécurisation des établissements de santé

Barbara Mantz, cadre de santé Infirmière Anesthésiste chargée des équipes paramédicales, du Samu de Paris, va enseigner aux participants avec un Infirmier Anesthésiste du SAMU de Paris les techniques et les principes du « damage control ». Elle revient sur l’évolution des prises en charge des victimes d’attentat et l’importance des formations des personnels de santé.

L’atelier initie au « damage control ». En quoi consiste cette approche médicale ?

Il s’agit de pratiquer rapidement, comme lors d’attentats, les premiers gestes essentiels de sauvetage sur un nombre important de victimes en urgence vitale et de réduire au maximum la mortalité. L’objectif est, notamment, de limiter l’hémorragie en posant des garrots, des pansements hémostatiques, de maîtriser la pression artérielle (hypotension permissive), de réchauffer, de prévenir les coagulopathies ou encore de maîtriser les voies aériennes en procédant à une exsufflation si nécessaire.
Ces techniques, actuellement enseignées dans les hôpitaux civils, sont issues du savoir-faire des équipes médicales militaires qui les appliquent depuis plusieurs années sur les terrains d’opérations.

Pourquoi réaliser un atelier sur ces techniques à destination des personnels paramédicaux ?

Depuis les attentats de 2015 en France, nous sommes passés de la théorie à la pratique. Nous devons répondre au contexte que nous avons malheureusement vécu en formant les équipes de santé. Il y a eu une prise de conscience sur l’importance de former également les paramédicaux après les médecins.
Grâce à ce salon, nous allons pouvoir toucher les infirmiers hospitaliers comme les libéraux, des secouristes et autres personnels de santé. Certains gestes sont aussi enseignés à l‘ensemble de la population comme un devoir de citoyen. Nous allons présenter également le matériel adapté à la prise en charge de plusieurs personnes simultanément. Chaque professionnel en France peut être confronté à ce type d’événement et doit donc avoir ces dispositifs à sa disposition au sein de son service ou dans son cabinet.

Le nombre de demandes de formation a-t-il évolué à la suite des attentats de 2015 ?

Je suis responsable d’un diplôme universitaire sur les urgences collectives, catastrophes et crises sanitaires pour les personnels paramédicaux à l’université Paris Descartes. Le nombre d’étudiants a doublé en deux ans. Cette nouvelle culture se développe. Chaque établissement hospitalier se doit de former les personnels, mettre en place des référents« damage control ». Au Samu de Paris, nous avons fait évoluer nos prises en charge et nos dispositifs pour intégrer ces pratiques dans la formation quotidienne. Ces gestes sont dorénavant obligatoirement enseignés dans les instituts de formation.

Quelles sont les autres difficultés rencontrées par les équipes de santé en cas d’attentat ?

L’état d’esprit est différent dès qu’il s’agit d’un attentat touchant la population. Le contexte est inhabituel. Le niveau de stress est plus important, tout comme le nombre de personnes à secourir en même temps et la gravité des blessures. J’étais sur le site de Charlie Hebdo lors des attaques, en charge de la constitution des équipes et de la mise à disposition du matériel à envoyer sur le terrain le 13 novembre.
Quand les lieux sont en phase d’être sécurisés ou non sécurisés, vous abordez différemment la prise en charge des patients. Nous devons être en sécurité avant d’intervenir médicalement. Un des modules de l’atelier explique, justement, comment travailler avec les forces d’intervention spéciales chargées de sécuriser les lieux.
L’atelier propose également un volet médico-psychologique. C’est une très bonne initiative. Les soignants ne sont pas préparés à être confrontés à des situations si difficiles. Nous sommes des personnels de la vie civile et non des militaires. La prise de conscience a été rapide et les formations très vite intégrées par les équipes.