Discours d’Agnès Buzyn au colloque du 5 septembre 2018 : "Construisons ensemble les parcours de soins de l’obésité"

Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse de clore cette journée, en présence des acteurs engagés sur le sujet de l’obésité.
Vos débats ont été riches et constructifs.
Et je tiens à remercier celles et ceux qui ont organisé ce bel événement, notamment la Fédération des spécialités médicales et son président, le Professeur Olivier Goëau-Brissonnière.L’académie nationale de médecine et son président, Le Professeur Claude Jaffiol. L’Académie Nationale de chirurgie et son président, le Professeur Richard Villet.

« Construisons ensemble les parcours de soins de l’obésité »

Car oui c’est ensemble que nous allons conduire les actions contre cette maladie chronique qu’est l’obésité ;
Je le mesure, il y a une forte attente parmi vous, combinée à un professionnalisme à l’origine de nombreuses initiatives. Malgré des progrès significatifs, des études de qualité, et des avancées concrètes,
La problématique de l’obésité reste complexe, avec différentes causes :
 Une prédisposition biologique, génétique ou épigénétique,
 mais aussi des facteurs sociaux-comportementaux et environnementaux

Il est nécessaire de poursuivre les actions menées, d’approfondir les recherches cliniques, épidémiologiques et médico-économiques, ensemble.


Mon souhait est de renforcer la politique générale de prise en charge de l’obésité :
 qu’elle concerne la prévention primaire, secondaire ou tertiaire,
 la qualité et la sécurité des soins,
 ou leur organisation.

1. Il faut prévenir l’obésité chez les enfants,

C’est une des mesures du plan national de santé publique
Nous poursuivrons pour 3 ans l’expérimentation de la prévention de l’obésité chez les jeunes à risque d’obésité de 3 à 8 ans, en intégrant dans le forfait mis en place, des séances d’activité physique adaptée à l’état de santé et à la motivation de l’enfant.
 En appuyant cette intégration pour que la prise en charge soit multidisciplinaire.
 Et en menant des travaux visant à inclure la prescription et la dispensation de l’activité physique adaptée dans la rémunération des parcours des patients atteints de maladies chroniques ou avec des facteurs de risques.

2. Il nous faut apporter une solution efficace et durable allant vers un système favorisant davantage :

 le parcours du patient,
 le financement de la prévention,
 la coordination des acteurs et des secteurs médicaux et médico-sociaux,
 la qualité des soins et la pertinence des actes.

Un consensus existe aujourd’hui entre les médecins libéraux et les organisations hospitalières, la stratégie de transformation du système de santé permettra de répondre à ces objectifs à travers ses 5 chantiers :

 La qualité et la pertinence des soins
 Les modes de rémunération et de financement
 Le virage numérique
 L’adaptation de la formation et des ressources humaines
 Et l’organisation territoriale des soins


Le directeur général de la santé vous a explicitement présenté ce matin les mesures que j’entends soutenir :

 La promotion de la santé avec notamment le plan national nutrition santé, qui présente une forte dimension interministérielle,
 La prévention primaire en faveur surtout de certaines populations plus vulnérables,
 L’éducation thérapeutique du patient, si importante en matière d’obésité,

avec des différences d’accès qu’il nous faut corriger et une efficience qu’il faut améliorer pour répondre plus précisément aux besoins des patients.

La direction générale de l’offre de soins, pour sa part, a également présenté ses travaux lors de la dernière table ronde « Concrétiser la mise en œuvre et évaluer » :

Sur les parcours de soins de l’obésité :

De nombreuses actions publiques ont été portées par les ministères, l’assurance maladie, la Haute Autorité de santé ainsi que des organismes et associations de patients. De considérables avancées ont pu voir le jour.

Toutefois :

 le manque de lisibilité de l’offre,
 le travail souvent cloisonné des intervenants,
 sa complexité responsable d’un ensemble vaste de professionnels concernés,
 l’insuffisance de transmission des informations,
 la distinction encore trop présente entre soins et actions sur les modes de vie

Sont encore les causes de difficultés d’accès aux soins ou de retards de prise en charge.

Il faut donc faire évoluer les parcours de soins, afin que chaque personne (enfant, adolescent, adulte), en fonction de sa situation, soit orientée vers les professionnels et structures adaptés, dans l’objectif d’une meilleure pertinence des soins.

A chaque typologie correspond un parcours de soins : il s’agit d’appliquer le bon diagnostic au bon moment pour une personne donnée et de lui permettre de bénéficier de la meilleure prise en charge basée sur sa propre organisation dans son environnement de vie.

Ce maillage territorial, entre l’offre de proximité et l’offre spécialisée, y compris hyperspécialisée, avec les Centres spécialisés de l’obésité, s’agissant des cas sévères et complexes, permet la gradation des soins et la structuration du parcours. Cela a été largement abordé tout à l’heure.

Concernant, l’obésité, surtout celle des jeunes, c’est un problème de plus en plus préoccupant dans le monde et en France,

Plusieurs expérimentations, en lien avec la Caisse nationale d’assurance maladie sur la question des jeunes patients, ont été lancées, afin d’élaborer des outils favorisant la prévention et répondant aux principaux risques de rupture du parcours de soins.

Ces projets se fondent sur le constat qu’il demeure, malgré la relative stabilisation de la prévalence de l’obésité infantile, de nombreux obstacles à la prise en charge de cette pathologie.

Le cumul de facteurs économiques, psycho-sociaux et familiaux favorise le plus souvent un non recours aux soins ou un abandon assez fréquent de ceux-ci lorsqu’ils sont engagés.

enfin, je souhaite évoquer un autre chantier :

Suite au rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, l’IGAS sur la chirurgie de l’obésité en France, qui a été rendu public hier, j’ai engagé des travaux autour de l’organisation des soins, en lien avec la CNAM et la HAS, mais aussi les professionnels et les usagers.

Vous le savez, la pertinence des soins est un enjeu qui me tient à cœur, particulièrement en ce qui concerne la chirurgie bariatrique chez les jeunes.

Plusieurs axes sont à approfondir et concrétiser comme la structuration de l’offre de soins, la promotion de la recherche et l’innovation dans le champ de l’obésité, la formation et le suivi des personnes opérées afin de mieux connaître les conséquences de la chirurgie bariatrique à long terme.


Mesdames et Messieurs,

Il est essentiel de lutter contre les préjugés et les risque de stigmatisation qui entourent parfois les personnes souffrant d’obésité.

Ensemble, faisons mentir cette logique et faisons en sorte que les personnes obèses ne souffrent plus, qu’elles ont parfois elles-mêmes intégrée au point de ne consulter que tardivement les professionnels de santé et les acteurs médico-sociaux.
Soyons attentifs, particulièrement aux populations défavorisées, pour leur proposer un accompagnement précoce dans le cadre d’un parcours de soins coordonné.
Vous voyez que j’attends beaucoup de vous pour enrayer ce fléau de l’obésité.

Je vous remercie.

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