Discours d’Agnès Buzyn - Conférence de presse vaccination, le vendredi 5 janvier 2018

seul le prononcé fait foi

Mesdames, Messieurs,

Cher Docteur Lévy-Bruhl,

Mes meilleurs vœux, à vous tous et à vous toutes, pour cette nouvelle année.

  Je ferai tout pour que 2018 soit l’année d’un système de santé plus audacieux, qui saura encore mieux concilier les impératifs de solidarité, de qualité, de sécurité, et de pertinence des soins.

1. Si nous sommes réunis aujourd’hui, pour parler de l’extension vaccinale, c’est que la couverture vaccinale constitue un enjeu majeur de santé publique.

Vous le savez, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’entre 2 et 3 millions de décès dans le monde sont évités chaque année, pour la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole.

En outre, la vaccination a permis l’éradication de la variole, épargnant environ 5 millions de vies par an.

A ce titre, je rappelle que :

­ durant la seconde moitié du XXème siècle – donc, avant la généralisation de la vaccination, – la France déplorait chaque année 3 000 décès à causés par la diphtérie et 200 décès d’enfants à cause de la poliomyélite ;
­ et que le tétanos entraînait plusieurs centaines de décès par an, contre moins de 5 aujourd’hui.

Vous l’aurez compris, le principe de la vaccination doit à la fois assurer la protection de chacun et de tous :

  on se vaccine pour soi-même mais aussi pour protéger ses parents, ses enfants, ses proches et ceux qui ne peuvent pas être vaccinés, soit qu’ils sont malades, soit qu’ils sont trop petits.

Les personnes vaccinées contribuent à protéger les non vaccinées : c’est pourquoi une politique vaccinale, pour qu’elle soit efficace, pour qu’elle protège la collectivité, doit toucher le plus grand nombre.

1.2. A cet égard, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que la couverture vaccinale doit atteindre 95 % pour certaines maladies, afin que la vaccination protège efficacement.

Or, si la France a des taux de couverture vaccinale meilleurs que les autres pays pour les vaccins obligatoires, ils sont en revanche très insuffisants pour la plupart des vaccins recommandés.

Cette insuffisance, parce qu’elle est à l’origine d’épidémies, pour des maladies aux conséquences mortelles, est inacceptable : je rappelle que, chaque année, certaines maladies ré-émergent, et engendrent des hospitalisations des handicaps sévères et des décès évitables.

2. En conséquence, j’ai décidé d’étendre les obligations vaccinales pour les jeunes enfants, en passant de 3 vaccins obligatoires – diphtérie, tétanos, poliomyélite – à 11 en ajoutant :

­ la coqueluche ;

­ l’Haemophilus influenzae de type B ;

­ l’hépatite B ;
­ le pneumocoque ;

­ le méningocoque C ;

­ la rougeole ;

­ les oreillons ;

­ et la rubéole.

Le Parlement a adopté cette mesure à une vaste majorité et le 1er janvier 2018 marque donc une étape importante pour la santé publique.

Il s’agit également d’une étape majeure pour le renforcement de la prévention, dont j’ai fait une priorité dans le cadre de la stratégie nationale de santé (SNS) publiée le 31 décembre.

2.1. C’est certes une étape importante mais, je le rappelle, plus de 70 % des enfants sont déjà vaccinés contre ces maladies.

De fait, les professionnels de santé et la majorité des familles françaises connaissent donc déjà ces 11 vaccins, les professionnels de santé pourront donc informer et répondre à toutes les questions des parents.

En outre, l’utilisation de vaccins combinés permet de répondre à l’obligation vaccinale et d’être protégé en en utilisant seulement 4 :

• l’hexavalent (contre 6 maladies : diphtérie, tétanos et poliomyélite, coqueluche, l’Haemophilus influenzae de type b et l’hépatite B) ;

• le ROR (rougeole, oreillons et rubéole) ;

le vaccin contre le pneumocoque ;

le vaccin contre les infections à méningocoque de type C.
Le calendrier des vaccinations 2018 sera prochainement publié et, vous le verrez, il confirmera que :

• se vacciner contre 11 maladies, cela représente toujours 10 injections, et pas plus contrairement à ce qui a pu être dit ;

• et que 6 rendez-vous suffisent.

2.2. Parce que la vaccination est un enjeu de protection collective, la vaccination obligatoire doit conditionner l’entrée en collectivité.

La vaccination de l’enfant permet de le protéger, mais aussi de protéger, dans ces lieux, les nourrissons trop petits qui ne peuvent pas encore être vaccinés, ou encore ceux qui ne le peuvent pas l’être pour des raisons médicales.

Concrètement, pour l’entrée en collectivité, les parents communiquent :

  les pages vaccinations du carnet de santé ;

  ou tout document du professionnel de santé attestant de la réalisation des vaccins.

Ce sera toujours le cas avec la vaccination obligatoire contre les 11 maladies.

Pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018, et à compter du 1er juin 2018, les parents devront justifier que les nouvelles obligations vaccinales ont été respectées, en fonction de l’âge de l’enfant.

Pour les enfants nés avant le 1er janvier 2018, c’est le vaccin diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) qui continuera d’être vérifié à l’admission en collectivité.
Je précise que les 8 vaccinations sont tout aussi importantes pour les jeunes enfants nés, par exemple, en 2017 : j’invite donc les parents à faire ces vaccinations et je compte sur les professionnels de santé pour les y encourager.

Mesdames, messieurs,

J’attends de cette conférence de presse qu’elle participe à lutter contre la désinformation et les idées reçues

– bien que, contre les théories du complot, j’en suis consciente, il n’existe aucun vaccin.

Et c’est bien pour cela que nous devons être collectivement engagés pour informer, rassurer et rétablir la confiance de ceux qui ont pu être déstabilisés par les mouvements de désinformation, de ceux qui ont des craintes et qui s’interrogent.

J’ai donc souhaité que cette réforme soit accompagnée en termes de communication et qu’au-delà des obligations vaccinales, l’information sur la vaccination soit renforcée.

Après une présentation des enjeux de santé publique actuels par le Docteur Lévy Brulh, une présentation synthétique, et en image, vous sera faite des dispositifs de communication engagés.

Je vous remercie.

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