Discours d’Agnès Buzyn - Lancement du service sanitaire, le lundi 26 février 2018

seul le prononcé fait foi

Madame la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, chère Frédérique Vidal,

Monsieur le Professeur, cher Loïc Vaillant,

Mesdames et Messieurs les membres de la commission,

Mesdames, Messieurs,

1. Tout d’abord, je souhaiterais m’adresser à Monsieur Vaillant.

Cher Professeur, par lettre conjointe de la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) et de moi-même, vous vous êtes vu confier une mission destinée à définir les modalités de mise en œuvre du service sanitaire. A savoir :

 les objectifs ;

 les catégories d’étudiants concernés ;

 les publics cibles ;

 les modalités opérationnelles ;

 les prérequis réglementaires ;

 et les aspects financiers.

Pour conduire votre mission, vous avez bénéficié de l’appui :
 de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS),

 de l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche (IGAENR) ;

 ainsi que de la Direction générale de l’Offre de soins (DGOS) et de la Direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion Professionnelle (DGESIP).

1.1. Afin de :

rencontrer les acteurs du projet,

de présenter les objectifs,

d’échanger sur les différentes options possibles,

et de recueillir les propositions, interrogations et appréhensions potentielles qu’il est susceptible de susciter à ce stade,…

…la mission a conduit une vingtaine d’auditions.

Aussi, cher Professeur, je tiens chaleureusement à vous féliciter, ainsi que les inspecteurs généraux qui vous ont accompagné, pour la qualité et la précision de votre rapport.

2. Le service sanitaire est un engagement de campagne du Président de la République.

Je le cite :

« Je veux créer un service sanitaire de 3 mois pour les étudiants en santé.

Cela veut dire concrètement que tous les étudiants en santé, en médecine, en pharmacie, en dentaire, des étudiants infirmiers et infirmières, auront au moins trois mois d’actions de prévention.

Ils seront formés pour cela.  »

L’objectif étant de les acclimater à la discipline et d’être des ambassadeurs de santé sur les territoires.

2.1. Pour cela il s’agit de mettre en place la révolution de la prévention par un dispositif de mobilisation exceptionnel.

2.2. En effet, nous avons besoin de la mobilisation, des ministères de la santé et de l’enseignement supérieur ; et de l’ensemble du gouvernement.

De la mobilisation nationale – car l’Etat doit créer le cadre adapté ;

et de la mobilisation régionale avec l’installation de comités de pilotage régionaux et la mobilisation des services de l’Etat en régions.

2.3. A ce stade, quelques points de vigilance méritent d’être abordés.

Le service sanitaire n’a pas vocation à se substituer aux actions et acteurs déjà impliqués dans le domaine de la prévention ;

il n’a pas non plus vocation à pallier aux difficultés rencontrées dans les « déserts médicaux » ;

enfin, le caractère obligatoire du service sanitaire doit avoir pour corolaire sa pleine intégration dans le cursus de chacune des formations concernées ; et n’en constituera pas un prolongement ou une extension.

3. Les objectifs du service sanitaire sont doubles :

3.1. En premier lieu, il faut renforcer la culture mais également la maîtrise de certaines formes de méthodologie de la prévention parmi les futurs professionnels de santé :

Il devrait s’agir d’un temps individualisé au sein du cursus de formation, appuyé sur une démarche projet concernant une action de prévention qui renforcera l’impact de la politique de prévention, au bénéfice de publics cibles.

3.2. Dans un second temps, nous devons contribuer activement au renforcement de la politique de prévention :

 en s’attachant en particulier à agir sur les déterminants de santé permettant d’améliorer l’état de santé de la population :

Une réduction des risques ayant une composante comportementale est particulièrement nécessaire et pourrait avoir un impact sur la prévalence de maladies chroniques.

Il est attendu que le déploiement du service de santé participe de cet objectif.

Le Premier ministre l’a lui-même rappelé, lors de son discours au centre hospitalier d’Eaubonne-Montmorency du 13 février dernier :

 tous les étudiants en santé devront exercer une mission de prévention, par exemple dans les écoles et les collèges.

J’insiste sur la prévention, priorité de la stratégie nationale de santé (SNS).

La prévention et la promotion de la santé doivent se faire tout au long de la vie et dans tous les milieux.

 Que cela soit en matière de lutte contre le tabagisme, de nutrition, ou de sexualité, le service sanitaire aidera à mieux reconnaître ce temps nécessaire de l’éducation à la santé.

 Les étudiants porteront cette priorité, avec une attention particulière pour les publics précaires et les enfants.

4. Je crois fortement dans le rôle des jeunes générations pour faire changer le système et promouvoir les comportements favorables à la santé.

J’ai échangé en ce sens avec eux mercredi dernier, lors d’un dîner au ministère. Mais je crois en la mobilisation :

des universités, qui forment les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes ;

des écoles de sages-femmes ;

des instituts de formation paramédicale ;

je crois en la mobilisation des administrations, qui organiseront les terrains de stage et notamment les écoles, collèges et lycées ;

des étudiants, qui entreront en formation, de la communauté enseignante, des professionnels de santé en général.

Par son ampleur, sa rapidité et la diversité des acteurs mobilisés, c’est un dispositif exceptionnel qui se met en place.

5. Je tiens d’ailleurs à rappeler les thèmes prioritaires, à savoir :

o l’alimentation,

o l’activité physique,

o les addictions,

o le tabac,

o et la vie sexuelle.

Ces thèmes sont privilégiés, mais en aucun cas exclusifs : la politique de santé du gouvernement s’inscrit dans un projet plus large.

6. Enfin, le rapport propose une organisation territoriale du service sanitaire.

Sur l’ensemble des territoires, les directeurs généraux des agences régionales de santé (ARS) seront mis en relation avec les recteurs.

C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui à Angers : au cours de l’année scolaire 2016-2017, des actions de prévention en santé ont été menées auprès de collégiens et lycéens de la ville.

L’objectif principal du projet était de contribuer à la réduction des conduites à risque chez les adolescents.

La vie affective et sexuelle, le tabagisme, la consommation de drogues et d’alcool sont retenus du fait de l’incidence, chez les adolescents, des consommations abusives et des conduites à risque.

Les autres objectifs consistent à former les étudiants à la prévention, et à créer un cadre de travail commun entre étudiants au service de l’interprofessionnalité,

 en associant lors des interventions des étudiants des filières de médecine, pharmacie et soins infirmiers.
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Mesdames, Messieurs,

Le service sanitaire est :
un outil essentiel au service du développement de la prévention,

et un outil essentiel pour lutter contre les inégalités territoriales et sociales en santé

Je sais pouvoir compter sur vous pour faire de ce service sanitaire une réussite.
Je vous remercie.

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