Discours de Madame Agnès BUZYN Ministre des solidarités et de la santé au Congrès de médecine générale

Le samedi 7 avril 2018
Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président du Collège de médecine générale (CMG), cher Pierre-Louis Druais,

Madame la présidente de la Haute autorité de santé (HAS), chère Dominique le Guludec,

Je suis heureuse d’être ici parmi vous car le moment est important,

  il y a quelques semaines, j’ai lancé les cinq chantiers de la stratégie de transformation du système de santé (STSS), annoncée par le Premier ministre le 13 février dernier.

A mes yeux, la médecine générale est la discipline-clé de la transformation du système de santé.

1. D’abord en termes de pertinence : améliorer la pertinence des prescriptions et des parcours de santé est essentiel,

  non seulement pour la qualité des soins que nous devons à nos concitoyens, quelle que soit leur condition, ou leur territoire ;

  mais aussi pour la soutenabilité de notre système de santé.

Il s’agit de l’un des 5 chantiers de la stratégie de transformation du système de santé (STSS) : un chantier transversal à tous les autres.

Cette transversalité a guidé le choix des pilotes de ce chantier :

  Dominique Le Guludec,

  le médecin conseil national de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS),
  et le président de France Assos Santé, qui représente les usagers.

Dans ma lettre de mission, j’ai insisté sur le rôle essentiel des conseils nationaux professionnels, et tout particulièrement du collège de médecine générale pour les assister dans leurs travaux.

  En conséquence, vous serez étroitement associés à ces travaux sur la pertinence, en coordination avec la Haute autorité de santé et l’Assurance maladie.

Je sais que je peux compter sur vous pour être source d’innovations dans ce domaine, comme le prouve votre engagement dans le programme EBM Practice France.

Vous l’avez lancé et vous êtes en train de l’expérimenter avec le soutien de l’Assurance-Maladie et je vous souhaite un plein succès dans cette entreprise innovante,

  grâce à laquelle l’accès des médecins aux recommandations devra être facilité, à partir de leur logiciel professionnel, dans le temps de la consultation, et au moment de la décision.

2. Un autre chantier est celui de l’organisation territoriale des soins.

2.1. Je me suis engagé, au moyen du Plan d’accès aux soins, à mieux organiser nos soins au niveau du territoire pour simplifier et décloisonner notre système de santé.

Ce décloisonnement passera par la poursuite du travail de structuration des soins de ville, dont la pierre angulaire, vous le savez, est le développement de l’exercice en équipes de soins coordonnées, sous toutes ses formes.

Je l’ai déjà dit souvent et je le répète devant vous : d’ici 2022, l’exercice en équipe de soins coordonnée doit devenir le mode d’exercice prédominant.
Cela nous ramène encore à la pertinence, car si l’accès facilité aux recommandations est, pour un professionnel de santé, un très bon moyen d’améliorer la pertinence de ses pratiques…,

  …il en existe un autre peut-être encore plus puissant : l’exercice en équipe et la coopération entre professionnels.

Nous partageons cette conviction : tout comme moi, vous défendez ardemment la pluriprofessionnalité.

2.2. C’est bien dans ce cadre d’équipe et de projets de territoires que de nouvelles coopérations peuvent se nouer ou se perfectionner.

Là aussi la médecine générale a montré la voie en s’engageant de plus en plus dans un exercice en équipe de soins pluriprofessionnelles ;

  et, plus récemment, dans des initiatives comme les communautés professionnelles territoriales de santé.

Les enjeux sont immenses : je veux parler ici d’une meilleure articulation :

  entre spécialistes de médecine générale et spécialistes de second recours,

  entre soins primaires et établissement de santé, indispensable pour assurer l’accès en temps utile aux avis spécialisés et éviter les actes et les hospitalisations ou ré hospitalisations inutiles.

Je veux aussi parler de l’organisation de la réponse aux demandes de soins non programmés entre les professionnels d’un territoire,

  pour éviter l’engorgement des urgences par des personnes qui n’y ont rien à y faire.

2.3. C’est également dans ce cadre d’équipe et de prise en charge protocolisée qu’est appelé à se développer l’exercice infirmier en pratique avancée.

Les infirmières et infirmiers en pratique avancée auront un rôle majeur à jouer auprès du médecin traitant pour renforcer la qualité et la pertinence des parcours des patients atteints de maladies chroniques stabilisées, tout en économisant du temps médical.

La concertation est en cours sur les textes réglementaires et les référentiels de formation de ce nouveau mode d’exercice de la profession infirmière,

  afin que la 1ère promotion rentre en formation de master en septembre prochain.

3. Comme vous le savez le chantier de la formation des professionnels de santé est un autre enjeu majeur pour la transformation de notre système de santé.

Je voudrais ici insister sur un point important : celui de l’augmentation du nombre des maitres de stages universitaires de médecine générale.

Cette augmentation est indispensable pour répondre aux exigences de la maquette du diplômé d’études spécialisées (DES) de médecine générale

  qui, à la suite de la réforme du 3ème cycle, prévoit deux stages en ambulatoire auprès de praticiens agréés et ayant suivi une formation à cet effet.

Développer les stages extrahospitaliers en zone sous-dense est par ailleurs un moyen reconnu de remédier à la baisse de la démographie médicale.

  A ce titre, c’est une des priorités du plan d’égal accès aux soins.
Votre discipline s’est, là aussi, mobilisée en organisant depuis de nombreuses années la formation des maitres de stage,

  grâce à une coopération entre les Départements Universitaires de Médecine Générale et le Collège National des Généralistes Enseignants.

Ainsi, vous avez acquis un savoir-faire de qualité.

Je sais que vous avez entrepris un dialogue avec les doyens des facultés de médecine pour étendre le périmètre de cette formation :

  je souhaite un plein succès à cette démarche, afin que les étudiants continuent à bénéficier d’un encadrement performant.

4. Un autre sujet que je voudrais aborder avec vous est celui de la recherche en soins primaires – la recherche est un moteur essentiel de l’amélioration de la qualité des soins.

Son développement est inséparable de l’essor de la filière universitaire de médecine générale depuis 15 ans.

La mise en place depuis quelques mois des Maisons de Santé et des Centres de Santé universitaires va constituer un levier nouveau pour développer cette recherche.

L’accession d’un plus grand nombre d’internes en médecine générale au dispositif des années-recherche est un autre objectif important.

Cher Professeur Pierre-Louis Druais, vous co-présidez avec la direction générale de l’offre de soins (DGOS) un comité de pilotage (COPIL) :

  en charge de définir un plan d’action sur 5 ans de développement de cette recherche en soins primaires, avec les acteurs concernés.

  Je serai particulièrement attentive aux propositions que vous me ferez, à l’issue de vos travaux.


Mesdames, Messieurs,

Nous sommes toutes et tous fiers de notre système de santé.

  Oui, cette fierté est légitime. Notre système de santé est de grande qualité grâce à vous.

  Notre système de santé est également respectueux de notre principe de solidarité, respect que vous garantissez chaque jour.

Quel est, dès lors, l’enjeu qu’il nous faut relever ?

  C’est de nous rassembler, toutes et tous, acteurs de santé, pouvoirs publics, citoyens, pour garder notre rang, notre attractivité, pour faire que notre système reste l’un des meilleurs au monde.

  Nous devons tout faire, en conséquence, pour le préserver. Or, le préserver, c’est le faire évoluer – avec les mêmes principes et les mêmes performances.

C’est pourquoi les médecins sont les acteurs incontournables à la fois :

  de l’exigence qui est la vôtre, qui est la nôtre, d’une médecine de qualité ;

  et, dans le même temps, de cette mutation que nous savons tous incontournable.

C’est pourquoi vous êtes partenaires pour évoquer les grandes questions de la santé et de la médecine, ainsi que les enjeux de demain.

Je ne doute pas que nos efforts, pour répondre aux attentes des Français, soient couronnés de succès.

Je vous remercie.

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