La CIDE, qu’est-ce que c’est ?

La CIDE, convention internationale des droits de l’enfant, a pour but de reconnaître et protéger les droits spécifiques des enfants. L’enfant, défini comme "tout être humain âgé de moins de 18 ans", a le droit d’être protégé, nourri, soigné, éduqué, de s’exprimer, d’avoir des loisirs,… Comprenant 54 articles, elle a été ratifiée par 196 pays membres de l’ONU.

Rappel historique

La première formulation globale des droits de l’enfant au plan international est apparue en 1924 avec la Charte des droits de l’enfant ou Déclaration de Genève. Mais il s’agissait d’un texte relativement court, constitué de cinq articles. En 1948, la Déclaration universelle des droits de l’Homme révèle une volonté de reconnaître et de protéger les droits des enfants en introduisant un « droit à une aide et à une assistance spéciale » pour les enfants (article 25).

L’élaboration d’un texte plus détaillé est alors envisagée et une nouvelle déclaration des droits de l’’enfant est adoptée en 1959 par l’assemblée générale des Nations Unies. En dix points, le texte énonce des principes fondamentaux, une intention à caractère moral, mais sans aucune obligation pour les Etats de s’y conformer. Par la suite, deux textes complémentaires à la Déclaration universelle des droits de l’Homme sont adoptés, où figurent quelques articles consacrés aux enfants, mais il faudra attendre 1978 pour que les droits de l’enfant reviennent à l’agenda des Nations Unies.

A la veille de l’année proclamée « Année internationale des droits de l’enfant », la Pologne propose la constitution d’un groupe de travail au sein de la Commission des droits de l’homme pour rédiger une nouvelle convention sur les droits de l’enfant, cette fois-ci contraignante. Acceptée en mars 1989 par la Commission des droits de l’Homme, puis par le Conseil économique et social de l’ONU, la Convention internationale des droits de l’enfant (ou Convention de New York) est approuvée en quelques minutes par l’assemblée générale, le 20 novembre 1989.

La CIDE, bien plus qu’un texte symbolique

Plusieurs textes internationaux avaient déjà reconnu la nécessité d’accorder une protection spécifique aux enfants (Déclaration de Genève de 1924 sur les droits de l’’enfant, Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, Déclaration des droits de l’enfant de 1959). Mais ces traités n’étaient que des engagements à caractère moral, non créateur d’obligations pour les Etats. Contrairement aux précédents, la Convention internationale des droits de l’enfant est bien plus qu’un texte à forte portée symbolique, elle est juridiquement contraignante pour les États signataires, qui s’engagent à défendre et à garantir les droits de tous les enfants sans distinction et à répondre de ces engagements devant les Nations unies.

Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies, composé d’experts indépendants, contrôle la mise en œuvre de la convention, en examinant les rapports que les États s’engagent à publier régulièrement dès lors qu’ils ont ratifié le traité.


Janusz Korczak, père des droits de l’enfant

Janusz Korczak, de son vrai nom Henryk Goldszmit, était écrivain, médecin, éducateur. Après avoir écrit des romans, exercé comme médecin de guerre, dirigé des colonies de vacances pour enfants pauvres, il est devenu à 34 ans, en 1912, directeur d’un orphelinat juif. Cet orphelinat, appelé « Dom Sierot » (La Maison des Orphelins) et à la fondation duquel il a contribué, il y est resté jusqu’à sa mort, en 1942. Pendant cette période, il a développé ses talents de médecin, d’enseignant, mais aussi d’écrivain et de thérapeute dans le but d’aider les enfants et de promouvoir leurs droits.

Le programme pédagogique de Korczak repose sur l’idée qu’il faut pleinement comprendre les enfants, qu’il faut pénétrer dans leur monde et saisir leur psychologie, mais qu’il faut avant tout et surtout les respecter et les aimer, c’est-à-dire les traiter en fait comme des partenaires et des amis. Pour reprendre ses propres termes : « Les enfants ne sont pas de futures personnes ; ce sont déjà des personnes ».

En ce sens, il a introduit la démocratie dans l’orphelinat : les enfants avaient leur mot à dire dans les décisions, mais devaient aussi vérifier qu’elles étaient bien appliquées. Cette « république des enfants » avait un parlement et un journal. La justice a également fait l’objet de l’une de ses expériences les plus connues. A l’orphelinat, une « Constitution » a été rédigée et un tribunal d’enfants créé pour statuer sur les cas d’injustice.

Janusz Korczak est ainsi le précurseur reconnu de la mise en pratique des droits positifs de l’enfant (droits d’expression, de participation, d’association, etc.) officiellement établis par les articles 12 à 17 de la Convention des Nations Unies pour les droits de l’enfant, un texte dont il exigeait l’élaboration depuis la fin du XIXe siècle. Il avait posé le principe de la reconnaissance constitutionnelle des droits de l’enfant et en faisait à la fois le garant de la sécurité des enfants et un puissant outil pédagogique favorisant leur intégration et leur émancipation.

Il disparut en même temps que ses enfants du ghetto de Varsovie en 1942, le 5 août, insistant pour pouvoir accompagner ses enfants sur leur route vers les chambres à gaz de Treblinka. Le départ du ghetto a été décrit par des témoignages extérieurs comme celui de Joshua Perle ou de Władysław Szpilman repris dans le film Le pianiste.