Les familles à l’épreuve de la crise sanitaire

Etude sur le moral des familles

La crise sanitaire actuelle a bouleversé la vie quotidienne de toutes les familles. Après deux confinements, il était nécessaire de prendre le pouls de ces nouvelles réalités familiales pour mieux comprendre leurs préoccupations et mieux évaluer leurs besoins.

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Comment les familles françaises se sont-elles réinventées à l’heure des vies confinées ? La crise a-t-elle fragilisé ou renforcé les liens intergénérationnels ?

Methodologie : étude réalisée en ligne auprès d’un échantillon de 2 123 personnes représentatif des Français âgés de 15 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération de l’interviewé(e).

Adrien Taquet répond aux questions de Maitena Biraben

Résultats :

De meilleures relations parents-enfants

Trois sentiments dominent l’année 2020 pour les familles :

  • Le doute (67% ressentent plus d’incompréhension que d’habitude)
  • La tristesse (65% des Français)
  • La fatigue (62% des Français)

Pourtant le premier confinement a été l’occasion de renouer des liens avec sa famille proche qu’un quotidien avait altérée et a permis de réinventer les relations familiales.

Créer une bulle autour de sa famille a été la béquille émotionnelle des Français pour traverser ce moment. Le sondage décrit une certaine harmonie mémorisée par ces familles dans la distribution des tâches et la vie quotidienne. Même mise à l’épreuve par cette période, la vie familiale s’en est trouvée renforcée.

  • Près d’un Français sur deux (48%) a indiqué avoir mis à profit cette période pour développer une meilleure écoute de ses proches (dans la famille).
  • Plus d’un Français sur quatre a estimé que ses relations avec ses enfants au sein du foyer se sont améliorées. Ça s’explique notamment par les dispositifs de chômage partiel qui leur ont permis pour la première fois de passer plus de temps - et du temps qualitatif - ensemble.
  • Beaucoup de parents nous disent avoir ralenti leur rythme habituel, pris plus de temps pour s’occuper de leurs enfants, jouer avec eux pour les plus petits et dialoguer avec les plus grands.
  • En revanche, 55% des parents a indiqué avoir rencontré des difficultés sur la gestion du temps d’écran, difficultés qui certes préexistaient au confinement (28%), mais ont largement été exacerbées durant cette période (52%).

Les grands-parents ont peur de rater des moments clés, avec le sentiment que la vie continue sans eux.

La quasi-interruption du lien physique entre les petits-enfants et les grands-parents suscite des questions angoissantes - mes petits-enfants vont-ils me reconnaître après le confinement ? Comment pourrais-je rattraper l’anniversaire des 5 ans auquel je n’ai pas assisté ? - et l’accumulation des évènements « ratés » / irrattrapables altère particulièrement leur moral.

  • L’absence des activités périscolaires a révélé l’importance de ces moments dans la construction du lien intergénérationnel. Les grands-parents, qui sont fréquemment les accompagnateurs, se sentent mis à l’écart, moins utiles, et moins intégrés dans la vie de leurs petits-enfants.
  • Pendant le premier confinement, les grands-parents étaient plus inclus dans des moments partagés, notamment dans les échanges en visio. Avec le maintien de l’activité professionnelle et scolaire dans le second confinement, la place centrale qu’avait revêtu la vie familiale lors du 1er confinement s’est estompée, la vie a continué sans eux et on s’aperçoit que beaucoup de grands-parents le regrettent.
  • Les grands-parents qui ne voient plus que leurs petits enfants en distanciel souhaiteraient pouvoir accéder à des ressources en lignes (tels que des jeux, livres etc.) pour rendre leurs échanges plus ludiques. En effet, particulièrement avec les petits enfants en bas âge, les discussions s’avèrent limitées et dès lors frustrantes. La ludification des appels pourrait aussi les rendre plus attractifs, et ainsi favoriser le maintien du lien à distance en grands-parents et petits enfants.

Les familles, toutes générations confondues, peinent à se projeter dans l’avenir

Le sondage a révélé des familles pessimistes voire désemparées face à un avenir qui est devenu à leurs yeux une source d’inquiétude. Celle-ci se focalisent sur des événements négatifs :

  • les participants au sondage projettent une 3e vague suite à la période de Noel et donc un reconfinement
  • ils redoutent la survenue d’une crise économique de grande ampleur
  • ils anticipent le maintien des gestes barrières sur le très long terme et faisant partie de la vie quotidienne à venir

Ces interrogations et craintes s’accompagnent d’un besoin de réassurance. Ils sont en attente de stabilité pour vivre dans un cadre plus sécurisé et rassurant, les parents sont également en attente d’aides : notamment le soutien à la scolarité, la sédentarité des enfants et le temps passé devant les écrans, la mise à disposition de supports pour faciliter les échanges entre grands-parents et petits-enfants, une meilleure redistribution des aides financières et enfin un accompagnement psychologique plus poussé et proactif.