Bulletin Officiel n°98/15Direction de l'administration générale,
du personnel et du budget
Mission « Services déconcentrés »
Direction générale de la santé
Division sida

Note d'information DAGPB/MSD/DGS/DIV.SIDA n° 98-196 du 27 mars 1998 relative à l'évolution du dispositif des chargés des actions déconcentrées de lutte contre le sida (CADS)

SP 4 435
1008

NOR : MESP9830133N

(Texte non paru au Journal officiel)

Pièces jointes : 2.

La ministre de l'emploi et de la solidarité à Messieurs les préfets de région (DRASS) ; Messieurs les préfets de département (DDASS) La création et la mise en place, au cours de l'année 1994, de cinquante-trois postes de chargé des actions déconcentrées de lutte contre le sida (CADS) ont été accompagnées d'un travail de formation et de suivi par la division sida de la DGS en lien avec la mission sida de la DH.
Une évaluation de l'efficacité de ce dispositif a été demandée à l'IGAS. Le rapport remis en avril 1997 souligne l'intérêt, le caractère novateur et dynamisant de ce dispositif, qui positionne fortement l'Etat dans son rôle de pilotage d'une politique de santé publique.
Dans le domaine du sida, si l'on peut se réjouir des avancées thérapeutiques et des améliorations qu'elles apportent, on sait que l'observance du traitement est déterminante, que les effets secondaires sont importants et que la réponse au traitement n'est pas constante. C'est pourquoi l'accès aux soins et l'accompagnement des patients permettant la poursuite du traitement demeurent essentiels. De plus, les résultats encourageants de l'intervention thérapeutique au stade de la primo-infection impliquent que soient créées les conditions d'un diagnostic et d'un traitement précoces.
En tout état de cause, si le nombre de nouveaux cas de sida et le nombre de décès diminuent, le nombre des personnes qui n'accèdent aux soins qu'au stade du sida, et parmi elles, de celles qui n'avaient pas eu de dépistage préalable, reste important.
Ces éléments impliquent que la politique de dépistage soit adaptée.
Par ailleurs, il faudra organiser la mise en oeuvre du traitement après exposition.
Enfin, la politique de prévention doit être redéfinie et adaptée à la nouvelle perception du risque et à l'analyse des facteurs de vulnérabilité face à ce risque et sa mise en oeuvre n'a de sens que dans la durée.
Le maintien du dispositif CADS s'impose donc. Une évolution dans son organisation est cependant fondée sur les éléments suivants :

Je vous propose donc un redéploiement des postes de CADS, selon le tableau joint en annexe 1. Cette évolution se réalisera progressivement à l'occasion des mouvements de mutation formulés par les agents.
Ce projet ne remet pas en cause les fonctions des titulaires en poste et l'organisation actuelle du dispositif.
Les CADS ont acquis des savoir-faire précieux en matière de conduite de projet, si le sida doit demeurer leur mission prioritaire, je ne verrai que des avantages à ce que leur champ de compétence s'étende à des dossiers connexes tels que la prévention et la prise en charge de certaines maladies transmissibles, la toxicomanie, la santé des populations vulnérables.
Les nouvelles dispositions applicables quant au rôle et aux missions des CADS figurent en annexe 2.
L'ensemble de la mission confiée sera défini dans une lettre de mission adressée aux CADS par le directeur de la DDASS d'implantation ou le comité des directeurs de la zone de compétence. Une copie devra être adressée à la direction générale de la santé (division sida) ainsi qu'à la DAGPB (mission services déconcentrés), avant le 1er mai 1998.

Pour la ministre et par délégation :
L'adjoint au directeur général de la santé,
E. Mengual
Pour la ministre et par délégation :
Le directeur de l'administration générale,
du personnel et du budget,
Ch. Lannelongue
ANNEXE I
Récapitulatifs des postes de CADS et propositions
(effectifs budgétaires attribués)

RÉGIONSITUATION ACTUELLEPROPOSITION 1998 OU 1999
à l'occasion des mouvements
AlsaceForte population, épidémie modérée
1 MISP + 1 IASS
1 MISP pour les deux départements
AquitaineZone très étendue, épidémie forte
Actuellement, 1 IASS en Gironde
1 IASS pour Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne
1 IASS pour Landes et Pyrénées-Atlantiques
AuvergneZone étendue, faible épidémie1 MISP pour les quatre départements en 1999
Basse-NormandieEpidémie modérée
Actuellement 2 postes (1 IASS + 1 MISP) pour les deux régions de Normandie
1 MISP pour les trois départements
Haute-Normandie1 IASS pour les deux départements
BourgogneEpidémie modérée
Actuellement 2 postes (1 IASS + 1 MISP)
1 MISP pour les quatre départements
BretagneEpidémie modérée
2 postes (1 IASS + 1 MISP) pour les quatre départements
1 IASS pour Morbihan et Finistère
1 MISP pour Ille-et-Vilaine et Côtes-d'Armor
CentreEpidémie modérée
1 poste de MISP pour deux régions (Centre + Auvergne)
1 MISP pour les six départements de la région Centre
Champagne-ArdenneEpidémie modérée
1 poste de MISP (jamais pourvu)
1 MISP pour les quatre départements (ouverture éventuelle à des contractuels)
CorseEpidémie modérée
1 poste de MISP
1 MISP pour les deux départements
Franche-ComtéEpidémie modérée
1 poste de MISP
1 MISP pour les trois départements
Languedoc-RoussillonForte épidémie
1 MISP pour le Gard et 1 IASS pour l'Hérault
1 MISP pour les Pyrénées-Orientales et l'Aude
1 IASS pour l'Hérault
1 MISP pour le Gard et la Lozère
LimousinEpidémie modérée
1 MISP pour le Limousin + Poitou-Charentes
1 MISP pour les trois départements du Limousin en 1999
Ouverture éventuelle à des contractuels
LorraineEpidémie modérée
Actuellement 1 IASS + 1 poste de MISP jamais pourvu
1 poste pour la Meurthe-et-Moselle et la Meuse
1 poste pour la Moselle et les Vosges
Midi-PyrénéesEpidémie importante, huit départements
Actuellement, 1 MISP et 1 infirmière
Maintien des 2 postes
Nord - Pas-de-CalaisForte population, épidémie modérée
Actuellement 1 MISP + 1 IASS
1 MISP dans le Nord
1 IASS dans le Pas-de-Calais
Pays de la LoireEpidémie assez importante
1 MISP + 1 IASS
Maintien des deux postes, l'un pour les départements de Vendée et Loire-Atlantique, l'autre pour les départements de Maine-et-Loire, Sarthe et Mayenne
PicardieEpidémie modérée
1 MISP
1 MISP pour les trois départements
Poitou-CharentesEpidémie modérée
Actuellement 1 MISP pour les deux régions Poitou-Charentes + Limousin
1 MISP pour les quatre départements de la seule région Poitou-Charente
PACAForte épidémie
1 MISP en Vaucluse, 1 MISP + 1 IASS en Bouches-du-Rhône, 1 MISP dans le Var, 1 infirmière pour les Alpes-de-Haute-Provence, 1 infirmière pour les Hautes-Alpes, 1 MISP + 1 infirmière dans les Alpes-Maritimes
Maintien des postes
Rhône-AlpesForte épidémie
5 postes : 1 MISP pour la Savoie et la Haute-Savoie, 1 MISP + 1 infirmière pour l'Isère, 1 MISP + 1 IASS pour le Rhône
Maintien des postes
1 poste pour la Savoie et la Haute-Savoie, 1 poste + 1 infirmière pour l'Isère, la Drôme et l'Ardèche, 2 postes pour le Rhône, la Loire et l'Ain
Ile-de-FranceForte épidémie, très forte population
1 MISP + 1 IASS + 1 infirmière à Paris,
1 MISP dans le Val-de-Marne
1 MISP en Seine-Saint-Denis
1 MISP dans les Hauts-de-Seine
1 MISP dans l'Essonne
1 MISP dans le Val-d'Oise
1 infirmière dans les Yvelines
1 infirmière en Seine-et-Marne
Renforcement par la création de deux postes supplémentaires :
1 MISP dans les Yvelines en 1999
1 IASS en Seine-et-Marne
Redéploiement d'un poste d'infirmière de Seine-et-Marne vers le Val-de-Marne
Suppression d'un poste d'infirmière
DFA (départements français d'Amérique)Forte épidémie
1 MISP en Guadeloupe, 1 MISP + 1 IASS en Martinique, 1 MISP + 1 infirmier en Guyane
1 IASS en Martinique
1 MISP en Guadeloupe
1 MISP + 1 infirmière en Guyane
RéunionEpidémie modérée
1 infirmière
Maintien du poste

ANNEXE II
Rôle et missions des « chargés des actions déconcentrées
de lutte contre le sida »

Le rôle des chargés des actions déconcentrées de lutte contre le sida (CADS) a été décrit dans l'annexe II de la circulaire 92 du 27 octobre 1995 et dans la circulaire DAS n° 227/SIDA du 5 décembre 1995. Le contenu de cette annexe et les fonctions qu'elle décrit demeurent pertinents en ce qui concerne en particulier la transversalité, la prise en compte globale des aspects sanitaires et sociaux et l'interministérialité qui confère aux CADS une fonction de chef de projet. Il demeure que si le rôle des CADS était, à l'origine, limité à la lutte contre l'infection à VIH, un certain nombre d'arguments plaident aujourd'hui pour l'assouplissement de cette délimitation. En effet, les missions développées dans la lutte contre l'infection à VIH comportent des modes d'approches, aussi bien populationnelles que territoriales rejoignant certaines problématiques propres aux maladies transmissibles voire à d'autres pathologies. Ces approches peuvent s'appliquer à d'autres sujets sanitaires et sociaux.

L'APPROCHE POPULATIONNELLE

Alors même que se développent de nouvelles stratégies thérapeutiques et de nouveaux outils biologiques, la part des personnes accédant à la prise en charge au stade sida seulement, soit par absence de dépistage, soit, le dépistage ayant été fait, par absence de recours au système de soins, reste importante. On sait par ailleurs que les facteurs limitant le recours au dépistage et aux soins, comme à la prévention, sont essentiellement sociaux et culturels.
La lutte contre l'infection à VIH amène donc à prendre réellement en considération la vulnérabilité de certaines populations par rapport au risque : appartenance à un groupe à séroprévalence élevée (hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes...), caractéristiques sociales et culturelles (populations originaires de pays étrangers, personnes en situation de précarité...), conditions de vie particulières (milieu carcéral, prostitution, toxicomanie...).

L'APPROCHE TERRITORIALE

La pertinence du niveau départemental dans la mise en place du dispositif des CADS a été soulignée par le rapport de l'IGAS. Par ailleurs, au-delà de l'approche dite communautaire, la prise en compte des lieux de vie, de l'appartenance d'une population à un quartier permet de mieux appréhender l'ensemble des contraintes faisant obstacle tant à la prévention qu'à l'accès aux traitements et à leur observance. En l'occurrence, la zone géographique d'influence des opérateurs institutionnels ou associatifs se situe très souvent au niveau infradépartemental, à l'échelon de la commune voire du quartier.

LA TRANSMISSIBILITÉ

Si les modes de transmission sont beaucoup plus définis et précis dans l'infection à VIH que dans d'autres maladies transmissibles, les approches en termes de dépistage, de diagnostic et d'accès aux soins présentent des aspects communs. En ce qui concerne la prévention, les attitudes à promouvoir peuvent être différentes ; il s'agit cependant de créer les conditions permettant d'intégrer des messages complexes, d'appréhender la notion de santé et de s'approprier des comportements bénéfiques ; par ailleurs, les facteurs de vulnérabilité par rapport à la prévention sont identiques. De la même manière, l'accompagnement et le soutien des personnes dans leurs démarches de dépistage, de diagnostic, de maintien des attitudes préventives, tout comme de prise en charge et d'observance aux traitements, font appel à des actions de même nature que celles qui sont nécessaires pour d'autres maladies infectieuses (ainsi d'ailleurs que pour des pathologies non transmissibles).

ÉLARGISSEMENT DES MISSIONS

C'est pourquoi, les missions des CADS pourront être élargies en fonction du contexte local et de l'organisation de vos services à des fonctions faisant appel à ces diverses approches ; toutefois, ces missions connexes seront choisies dans la liste ci-après :

Une analyse soigneuse de la charge de travail induite par l'élargissement de ces missions sera conduite avec les CADS afin de maintenir un investissement fort de leur part dans la lutte contre l'infection à VIH qui reste leur mission prioritaire. En effet, la désignation des CADS et leur travail personnel ont permis de dynamiser et d'organiser les moyens de la lutte contre le sida. Tandis que des enjeux stratégiques essentiels se confirment en matière d'accompagnement des personnes, d'accès au dépistage, au diagnostic, au traitement après exposition à un risque, aux nouveaux traitements et à leur observance ; que la prévention s'avère toujours aussi indispensable mais doit être reconstruite ; qu'enfin la prise en charge doit être adaptée aux nouveaux besoins des personnes infectées ; les services de l'Etat doivent confirmer leur efficacité dans ce véritable enjeu de santé publique.
L'élargissement de la mission confiée au CADS tiendra compte de la catégorie d'agent à laquelle il appartient, MISP, IASS ou infirmier(e), en sachant qu'il doit pouvoir faire appel dans vos services et aux compétences qui ne relèvent pas spécifiquement de leur corps d'origine.