Bulletin Officiel n°2000-29Direction générale de la santé
Bureau VS 2

Avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France du 10 mars 2000 sur la conduite immédiate à tenir en cas de suspicion clinique de Purpura fulminans et sur la définition des cas de méningite à méningocoque et de méningococcémie dans l'entourage desquels une prophylaxie doit être envisagée et qui doivent être notifiés à l'autorité sanitaire

SP 4 435
2105

NOR : MESP0030290V


(Texte non paru au Journal officiel)

La section des maladies transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France ;
Emet l'avis suivant :
Considérant :

  • qu'en France, on dénombre chaque année une trentaine de décès par infection méningococcique et que la létalité de cette affection ne diminue plus depuis plusieurs années ;

  • qu'il ressort de la littérature scientifique que, en cas de suspicion clinique d'infection méningococcique invasive, la mise en oeuvre immédiate d'une antibiothérapie parentérale adaptée au méningocoque, au domicile du malade et sans attendre la réalisation de prélèvements, est de nature à réduire la létalité liée à certaines formes d'infections méningococciques invasives ;
  • que l'antibiothérapie parentérale immédiate en cas de suspicion d'infection méningococcique invasive doit cependant être réservée à des situations cliniques bien définies pour lesquelles le bénéfice qu'on peut en attendre est supérieur aux risques de décapiter une infection, qu'elle soit méningococcique ou d'une autre origine bactérienne, et de favoriser l'émergence et la diffusion de la résistance bactérienne aux antibiotiques ;
  • que l'existence d'un Purpura fulminans ou d'un délai excessif de prise en charge sont les principaux facteurs associés au décès par infection méningococcique et qu'à ce titre ils constituent des situations cliniques pour lesquelles le bénéfice attendu d'une antibiothérapie parentérale présomptive n'est pas contestable ;
  • Considérant, d'autre part :

    Sur la conduite immédiate à tenir en cas de suspicion clinique de Purpura fulminans :
    En dehors du milieu hospitalier, tout malade présentant des signes infectieux et à l'examen clinique, lorsqu'il a été totalement dénudé, un Purpura comportant au moins un élément nécrotique ou ecchymotique de diamètre supérieur ou égal à 3 millimètres doit immédiatement recevoir une première dose d'un traitement antibiotique approprié aux infections à méningocoques administrée si possible par voie intraveineuse, sinon par voie intramusculaire, et ce quel que soit l'état hémodynamique du patient.
    Il est recommandé d'utiliser :

  • soit la ceftriaxone :

  • par voie intraveineuse en utilisant une forme appropriée (sans lidocaïne) ;
  • ou par voie intramusculaire,

  • à la posologie de : 50 à 100 mg/kg chez le nourrisson et l'enfant sans dépasser 1 g, 1 à 2 g chez l'adulte ;

  • soit le céfotaxime (SAMU, SMUR) :
  • par voie intraveineuse en utilisant une forme appropriée (sans lidocaïne) ;
  • ou par voie intramusculaire, à la posologie de : 50 mg/kg chez le nourrisson et l'enfant sans dépasser 1 g, 1 g chez l'adulte ;
  • ou à défaut l'amoxicilline :
  • par voie intraveineuse ;
  • ou par voie intramusculaire,
    à la posologie de : 25 mg/kg ou 50 mg/kg (selon la voie d'administration) chez le nourrisson et l'enfant, sans dépasser 1 g,

  • 1 g chez l'adulte,
    dose à répéter dans les 2 heures qui suivent cette première administration.

    Le malade doit être transféré d'urgence à l'hôpital. L'intervention d'une équipe médicalisée expérimentée (SMUR) est justifiée sous réserve que son délai d'intervention soit inférieur à 20 minutes. Dans tous les cas, les urgences de l'hôpital doivent être alertées de l'arrivée d'un cas suspect de Purpura fulminans, afin que son accueil puisse être préparé.
    Sur la définition des cas de méningite à méningocoque et de méningococcémie dans l'entourage desquels une prophylaxie doit être envisagée et qui doivent être notifiés à l'autorié sanitaire :
    Dans le cadre de la notification des méningites à méningocoque et des méningococcémies, tout cas remplissant l'une au moins des cinq conditions suivantes doit être notifié à l'autorité sanitaire :
    1. Isolement bactériologique de méningocoques dans un site normalement stérile (sang, LCR, liquide articulaire, liquide pleural, liquide péricardique) ou à partir d'une lésion cutanée purpurique ;
    2. Présence de diplocoque à Gram négatif à l'examen direct du LCR ;
    3. LCR évocateur de méningite bactérienne purulente (à l'exclusion de l'isolement d'une autre bactérie) et présence d'éléments purpuriques cutanés quel que soit leur type ;
    4. LCR évocateur de méningite bactérienne purulente (à l'exclusion de l'isolement d'une autre bactérie) et présence d'antigène soluble méningococcique dans le LCR, le sang ou les urines ;
    5. Présence d'un Purpura fulminans (Purpura dont les élements s'étendent rapidement en taille et en nombre, avec au moins un élément nécrotique ou ecchymotique de plus de 3 millimètres de diamètre, associé à un syndrome infectieux sévère, non attribué à une autre étiologie).
    Dans l'entourage d'un cas répondant à cette définition, une prophylaxie doit être envisagée conformément aux recommandations en vigueur (actuellement circulaire DGS/PGE/1 C du 5 février 1990).
    Quels que soient le diagnostic évoqué et le traitement mis en oeuvre par le médecin traitant, il n'y a pas lieu de réaliser une prophylaxie dans l'entourage d'un cas ne répondant pas à cette définition même si le diagnostic retenu est celui de méningite bactérienne et qu'une antibiothérapie préalable aux prélèvements a été pratiquée.
    Afin d'assurer la cohérence de la surveillance épidémiologique de la méningite à méningocoque et des méningococcémies, l'actuelle fiche de notification devra rester en vigueur, notamment en ce qui concerne les critères de déclarations, jusqu'à son remplacement par une fiche conforme à la définition ci-dessus.

    cet avis ne peut être diffusé que dans son intégralité
    sans suppression ni ajout