Bulletin Officiel n°2001-32Direction générale de la santé
Bureau SD 6 C

Circulaire DGS/SD 6 C n° 2001-318 du 5 juillet 2001 relative à la Stratégie nationale d'actions face au suicide 2000-2005 : actions prioritaires pour 2001

SP 4 434
2052

NOR : MESP0130286C

(Texte non paru au Journal officiel)

Références :
Recommandations ANAES sur la prise en charge hospitalière des adolescents ayant faits une tentative de suicide de 1998 (www.anaes.fr) ;
Conclusions de la conférence de consensus FF/ANAES sur la « crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge » des 19 et 20 octobre 2000 (www.anaes.fr et www.psydocfrance.fr).
Annexes :
1. Stratégie nationale d'actions contre le suicide 2000-2005 ;
2. « Etudes et statistiques n° 109, avril 2001. Suicides et tentatives de suicide : une tentative de cadre statistique », direction de la recherche, des études et de l'évaluation et des statistiques ;
3. Fiche d'information sur la formation de formateur à l'intervention lors d'une crise suicidaire ;
4. Liste des membres du comité scientifique mis en place depuis 1997 à la direction générale de la santé ;
5. Liste des correspondants régionaux de l'ANAES, personnes ressources pour les audits cliniques.
Date d'application : immédiate.

Le ministre délégué à la santé à Mesdames et Messieurs les préfets de région (directions régionales des affaires sanitaires et sociales [pour mise en oeuvre]) ; Mesdames et Messieurs les préfets de département (directions départementales des affaires sanitaires et sociales [pour information et mise en oeuvre]) ; Mesdames et Messieurs les directeurs d'agence régionale de l'hospitalisation (pour information et mise en oeuvre) La présente circulaire a pour objet, d'une part, de vous communiquer les orientations de la Stratégie nationale d'actions face au suicide 2000-2005 annoncée le 19 septembre 2000 dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, et d'autre part, les actions qui doivent être développées en 2001 par chacune des régions ainsi que celles qui seront pilotées au niveau national.
Chaque année, environ 160 000 personnes font une tentative de suicide et 12 000 personnes en meurent. C'est la deuxième cause de mortalité des jeunes de 15-24 ans et la première cause de mortalité chez les 25-35 ans. Le suicide croît progressivement avec l'âge, et de manière plus marquée chez l'homme (notamment entre 15 et 40 ans, puis entre 65 et 95 ans ou plus) que chez la femme. Les données épidémiologiques actuellement disponibles dont vous pourriez avoir besoin dans la mise en oeuvre de la stratégie d'actions face au suicide figurent en annexe II.
Au regard de ces données statistiques de mortalité et de comorbidité du suicide en France, la prévention du suicide figure parmi les dix priorités de santé publique définies par la Conférence nationale de santé, dix régions ont mis en place un programme régional de prévention du suicide (Bretagne, Bourgogne, Champagne-Ardennes, Franche-Comté, Lorraine, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Pays-de-Loire, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes), et deux régions ont intégré un volet important sur ce thème dans leur programme régional de santé des jeunes (Bouches-du-Rhône et Nord-Pas-de-Calais).

I. - La Stratégie nationale d'actions face au suicide
(2000-2005)

La Stratégie nationale d'actions face au suicide, jointe en annexe, s'organise autour de quatre axes principaux : favoriser la prévention ; diminuer l'accès aux moyens de suicide létaux ; améliorer la prise en charge des personnes en mal être et des familles ou proches des suicidants ; mieux connaître la situation épidémiologique.
L'objectif de cette Stratégie nationale érigeant la prévention du suicide en priorité nationale de santé publique est de passer à terme sous la barre symbolique des 10 000 morts par suicide par an.
La stratégie d'action vise à développer, au-delà de la prévention du suicide, des réponses satisfaisantes aux personnes en mal-être ou en souffrance psychique, notamment chez les jeunes. Elle doit permettre d'assurer la cohérence et la continuité des démarches de prise en charge sociale et/ou thérapeutique pour éviter les tentatives de suicide et la récidive, en incitant au développement de prises en charge globale en partenariat ou en réseau. La stratégie d'action permet de valoriser les actions de prévention réalisées ou à venir par le renforcement de l'effort sur l'information et la mutualisation des expériences et de renforcer l'efficacité, la qualité (au-delà des actions de « bon sens ») et la cohérence des actions existantes ou à impulser.
Elle puise sa légitimité dans les nombreux travaux initiés par les DRASS qui ont adopté en ce domaine une logique de programmation spécifique.

A. - Historique

Une dynamique d'expertise, de conception et d'expérimentation d'actions a été lancée en lien avec les responsables des programmes régionaux précités, un comité d'experts sur la conduite suicidaire, l'Agence nationale de
l'accréditation et de l'évaluation en santé et la Caisse nationale de l'assurance maladie. Des représentants d'autres départements ministériels (administration pénitentiaire, éducation nationale, transport) ont été régulièrement associés afin de prendre en compte leurs préoccupations spécifiques.
Cette base de coopération s'est imposée au regard de la complexité de la démarche de prévention du suicide. Le suicide est en effet un phénomène complexe et multifactoriel qui justifie une multitude d'actions au plus près des personnes en difficulté et incite à ne négliger aucun moyen pour y faire face. En raison de la jonction fréquente de facteurs sociologiques et de facteurs psycho-pathologiques, la prévention du suicide implique l'intervention de nombreux acteurs des divers champs sanitaires, médico-sociaux, sociaux et éducatifs.
Si certaines actions peuvent être décidées d'emblée, beaucoup d'autres nécessitent une étude plus approfondie, dans une cohérence d'ensemble et un souci d'efficacité, afin également d'éviter tout effet délétère des mesures envisagées.
Les responsables en région d'une coordination des programmes régionaux de prévention du suicide ont sollicité une intervention de l'administration centrale en appui technique pour l'élaboration de recommandations ou d'études d'ampleur nationale, évitant ainsi à chaque région de répéter les mêmes démarches et permettant d'optimiser l'utilisation de l'information existante sur les conduites suicidaires.

B. - Les premières actions réalisées

Cette dynamique de coopération a déjà permis la mise en oeuvre de premières actions nationales :
En 1998 :

En 1999 :

En 2000 :

Au regard des aspects épidémiologiques et de la politique de santé publique en cause, la dynamique de coordination et de programmation régionale sur la prévention du suicide, la stratégie nationale vise la prise en compte de cette problématique dans toutes les régions.
Ainsi, en décembre 2000, a été désigné dans chaque DRASS un référent sur la prévention du suicide dont la mission est de relayer la dynamique initiée dans le cadre de la stratégie nationale d'actions face au suicide tant auprès des directions départementales des affaires sanitaires et sociales, des agences régionales de l'hospitalisation, des autres partenaires institutionnels (éducation nationale, DPJJ...) qu'auprès des professionnels sanitaires et sociaux.
S'il ne s'agit pas pour autant d'aboutir à la mise en place systématique d'un programme régional de santé spécifique à la prévention du suicide, il est indispensable d'inscrire également cette démarche dans le cadre de groupes de suivi et de réflexion déjà existants dans chaque région dans le champ soit de la santé mentale, de la souffrance psychique, de la santé des jeunes, de l'amélioration de l'accès à la prévention et aux soins, notamment à l'occasion de l'élaboration des PRAPS. Vous veillerez à cet égard à mettre en place dès l'origine des projets, les conditions d'une stricte évaluation des actions menées.

II. - Actions à développer en 2001
A. - Actions à initier dans chaque région
par les référents désignés en décembre 2000

Les priorités pour 2001 visent à développer sur l'ensemble du territoire une action de transmission des savoirs, à partir des travaux précédemment menés, en favorisant notamment l'implémentation des connaissances sur la crise suicidaire.
Il est ainsi demandé à chaque référent des DRASS, y compris les responsables des dix programmes régionaux de prévention du suicide, d'investir en 2001 les actions suivantes :
1. Désignation de deux personnes pour suivre une formation de formateurs sur le repérage et la prise en charge de la crise suicidaire (cf. document joint en annexe B)
Parmi les principaux axes de cette stratégie, figure l'amélioration des connaissances des divers professionnels des champs médicaux, sociaux et d'éducation, en contact avec des personnes en souffrance psychique ou souf-
frant de troubles psychologiques, sur le repérage et la gestion de la crise suicidaire. Il s'agit notamment de l'une des préoccupations formulées par le ministère de l'éducation nationale.
A cet effet, afin d'homogénéiser le processus de transmission des savoirs sur le repérage et la prise en charge de la crise suicidaire seront organisées en septembre et novembre 2001, deux sessions nationales de formateurs régionaux. Cette action est financée par la direction générale de la santé à hauteur de 500 000 F.
Le contenu de cette formation aura notamment pour base les conclusions de la conférence de consensus précitée sur « la crise suicidaire : mieux repérer et prendre en charge ».
Il est attendu des formateurs régionaux qu'ils :

  • suivent, en 2001, une session nationale de formation de 4 jours, soit du 26 au 29 septembre 2001 à Nantes, soit du 26 au 29 novembre 2001 à Lyon ;

  • s'engagent par la suite à restituer cette formation dans le cadre d'au moins trois formations régionales de formateurs locaux de professionnels et bénévoles intervenant dans les différents champs institutionnels confrontés au problème du suicide, qui seront organisés par les directions régionales des affaires sanitaires et sociales en 2002. Un manuel de formation sera remis à cet effet aux participants lors des sessions de formation nationale.
  • L'objectif étant à terme de développer des formations locales basées sur une approche territoriale visant à l'analyse des pratiques avec des acteurs pluridisciplinaires autour de la prévention du suicide.
    S'agissant du profil des formateurs régionaux qui seront bénéficiaires de la formation nationale en 2001, je vous demande de bien vouloir désigner dans chaque région, un universitaire médecin psychiatre et un universitaire psychologique clinicien. Toutefois, vous pouvez proposer une personnalité régionale autre ayant une formation et une expérience spécifique et reconnue dans la prévention du suicide, en lien fort avec l'Université et l'enseignement.
    L'implication des universités dans une telle action de santé publique répond à un triple objectif :
    - éviter une déperdition du contenu de la formation tant en qualité qu'en rigueur, lors des restitutions dans le cadre des formations locales de formateurs ;
    - influer à terme sur le contenu des formations initiales des médecins (généralistes, urgentistes ou spécialisés en psychiatrie) et des psychologues et, plus indirectement, sur celles des professionnels paramédicaux ;
    - favoriser une dynamique de partenariat entre les spécialistes en psychopathologie et les autres partenaires du champ de la médecine générale, du médico-social (services d'accueil et d'écoute ; centres de soins en alcoologie ou aux toxicomanes) et d'autres institutions (éducation nationale, justice), autour de la problématique de la prévention du suicide et plus globalement de la souffrance psychique.
    En vue de vous aider à identifier les universitaires psychologues cliniciens et psychiatres susceptibles de participer à cette action de santé publique, je vous informe que j'ai sollicité l'Association des enseignements de psychologie des universités et le Conseil national universitaire des psychiatres.
    Il est demandé aux référents régionaux DRASS sur la prévention du suicide d'adresser à la DGS, bureau SD6C santé mentale, pour validation, les noms des personnalités régionales pressenties pour être formateurs régionaux, le 30 juillet 2001, dernier délai.
    2. Généralisation sur l'ensemble du territoire des audits cliniques de l'ANAES à partir des recommandations ANAES sur la prise en charge hospitalière des personnes ayant fait une tentative de suicide
    Le fait d'avoir effectué une tentative de suicide est un des facteurs de risque principal du décès par suicide. Il est donc essentiel d'une part d'améliorer la prise en compte de la souffrance psychique lors des admissions aux urgences suite à une tentative de suicide et, d'autre part, de garantir la continuité de la prise en charge globale médicale, psychologique et sociale de ces personnes après une éventuelle hospitalisation.

    Méthode et finalité de l'audit

    L'audit consiste en une auto-évaluation prospective de la mise en oeuvre des recommandations de l'ANAES par l'établissement de santé et est réalisé à l'occasion de la pratique professionnelle. Il s'agit d'un procédé en deux phases :
    1. Mesure des pratiques sur une série de 30 patients consécutifs par rapport aux recommandations de l'ANAES. Un protocole d'évaluation mis à disposition par l'ANAES est utilisé à cet effet ;
    2. Un an plus tard, nouvelle autoévaluation effectuée selon les mêmes modalités afin de noter les écarts et prendre en considération l'impact des plans d'actions ou stratégies d'amélioration des pratiques ou de restructuration des locaux mis en place entre temps.
    Les correspondants régionaux de l'ANAES, (liste en annexe) resteront des personnes ressources pour les établissements de santé tout au long du déroulement de l'audit clinique.
    Les résultats de ces audits sont à but interne. Ils visent à améliorer la pratique du service. Ils seront transmis à l'ANAES non pas pour analyser les résultats propres à chaque établissement, mais aux fins d'élaboration d'un document national permettant de connaître :

    Ces résultats permettront, le cas échéant, d'amender les recommandations elles-mêmes au regard de la réalité des pratiques.

    Modalités d'organisation de l'audit

    Il est demandé aux référents des DRASS sur la prévention du suicide, en lien avec l'agence régionale de l'hospitalisation, de favoriser l'inscription dans cette démarche d'au moins un établissement de santé disposant de services d'urgence par département.
    En septembre 2001, sera organisée, en fonction du nombre d'établissements publics de santé volontaires, une journée de formation régionale ou interrégionale, à la pratique ces audits cliniques animée par le correspondant régional de l'ANAES chargé de ce dossier (cf. liste jointe en annexe). Il sera présenté la méthode et les référentiels inscrits dans les recommandations. Les outils nécessaires au bon déroulement de l'audit seront également fournis par l'ANAES.
    Je vous demande de veiller à ce que seuls les établissements publics de santé qui s'engagent à faire l'audit suivent la formation.
    En qualité de référent régional « prévention du suicide », je vous demande de fournir à l'organisation de ces formations une aide logistique pour la réservation de salle et la convocation des établissements. Les frais de transports et de repas des professionnels formés devront être pris en charge par l'établissement de santé employeur, dans le cadre de la formation continue.
    En octobre 2001, pourra débuter la première phase des audits cliniques.
    La liste des établissements de santé volontaires devra être adressée à la direction générale de la santé, bureau SD 6 C santé mentale, par le référent régional, le 30 juillet 2001, dernier délai.
    3. Elaboration et diffusion dans toutes les régions d'un outil d'information des usagers, de leurs familles et des professionnels sur l'offre de prise en charge en matière de prévention du suicide
    La dynamique des états généraux de la santé a traduit la volonté des citoyens de voir le système de santé s'organiser autour et au service des personnes malades, et plus particulièrement, concernant la santé mentale, d'accéder à une plus grande information et lisibilité sur l'organisation du dispositif de prise en charge.
    L'expérience des dix programmes régionaux de prévention du suicide a également montré l'importance liée à la mise à disposition des personnes en souffrance psychique et en crise suidicaire et de leur famille et entourage, ainsi que des professionnels, de tels outils d'informations régionaux. Cette action favorise, en outre, la mise en place d'un travail de partenariat entre professionnels d'origines diverses (soignants, travailleurs sociaux, enseignants...) indispensable à toute politique active de prévention.
    Ce travail doit être généralisé sur tout le territoire. Il est donc demandé aux référents des DRASS d'engager, dès le second semestre 2001, une dynamique régionale pour l'élaboration et la diffusion en 2002 de tels outils d'information.
    La Fédération nationale des observatoires régionaux de la santé, qui a mené l'évaluation précitée sur trois départements de tels outils, s'engage à apporter un appui technique à l'élaboration et à l'évaluation de ces répertoires.
    Je vous demande, en outre, de veiller à ce que les ORS soient associés à cette démarche. Des crédits seront versés à cet effet à la Fédération nationale des observatoires régionaux de santé.
    Les ORS pourront apporter leur expérience, s'agissant notamment de la sélection des personnes ou structures ressources à intégrer dans l'outil d'information. D'ores et déjà, je vous recommande de privilégier les professionnels et/ou structures directement concernés et/ou ayant mené une réflexion sur ces questions. Toutefois, sans pour autant y inscrire l'ensemble du champ sanitaire, médico-social ou social qui peut contribuer à prévenir le suicide, il est pertinent d'y inscrire au moins l'adresse des centres médico-psychologiques et des points accueil et d'écoute jeunes.
    Les ORS pourront également vous guider dans la détermination de l'échelle du territoire infrarégional la plus pertinente pour ces documents d'information.

    B. - Actions nationales de la Stratégie pour 2001

    Des crédits à hauteur de 1,7 MF permettront de mettre en place des premières actions nationales prioritaires inscrites dans la Stratégie nationale d'actions (formations de formateurs régionaux sur le repérage et la gestion de la crise suicidaire ; appui méthodologique à la mise en place d'outils d'information régionaux sur les personnes et structures ressources pour les personnes suicidantes et leur famille ; évaluation des services de téléphonie sociale oeuvrant dans la prévention du suicide ; renforcement de la pédagothèque du CFES sur ce thème ; études épidémiologiques relatives aux circonstances des suicides).

    1. Renforcement des actions de prévention du suicide

    Outre la formation de formateurs, les deux autres actions phares qui seront mises en oeuvre en 2001 sont les suivantes :

    D'une manière plus générale et au-delà des actions 2001, la direction générale de la santé soutiendra financièrement, comme par le passé, le mouvement associatif d'accompagnement des personnes suicidantes et de leurs familles, notamment les associations d'accueil et d'écoute téléphonique Suicide écoute, SOS suicide phoenix, SOS amitiés ou l'association de représentants de familles de suicidants ou endeuillées par le suicide Phare enfants parents. Cette subvention permet également à l'association Union nationale pour la prévention du suicide, qui fédère les principales associations de téléphonie sociale oeuvrant dans ce domaine, d'organiser chaque année des manifestations nationales et locales destinées à un large public, notamment la Journée nationale de prévention du suicide du 5 février.

    2. Amélioration de la prise en charge des personnes en mal-être
    et des personnes suicidantes

    Outre la généralisation de l'audit clinique, et des répertoires, les deux autres actions prioritaires en 2001 sont les suivantes :


    Seront en outre intégrés des items sur l'évaluation de l'urgence, de la gravité et de la dangerosité de la crise suicidaire ;

  • état des activités des associations d'accueil et de téléphonie sociale, composées de bénévoles, oeuvrant dans le domaine du suicide, et élaboration d'un cahier des charges permettant une évaluation qualitative de ces activités. Ces travaux qui ont débuté au premier semestre 2001 en lien avec l'Union nationale pour la prévention du suicide bénéficient d'un financement de la DGS.
  • 3. Réduction de l'accès aux moyens les plus létaux du suicide

    Une étude sur les circonstances des suicides dans le métro est en cours de réalisation en lien avec la RATP et l'association UNPS en vue de définir une politique active de prévention. Une étude similaire sur le suicide par armes à feu est en cours de préparation. Enfin, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) s'est engagée à financer en 2001 une étude sur le suicide par utilisation de médicaments.

    4. Développement de la recherche sur les causes favorisantes du suicide

    Concernant l'axe de la stratégie sur le renforcement des données épidémiologiques sur le suicide, un pôle d'observation du suicide a été mis en place à la DREES en novembre 2000 dont les objectifs pour 2001 sont notamment l'amélioration du recensement des tentatives de suicide suivies à
    l'hôpital. En outre, en lien avec l'INVS, ce pôle d'observation aura un rôle d'alerte et de surveillance au plan régional. Ce pôle d'observation a permis la publication du document ci-joint « Etudes et Résultats n° 109, avril 2001 : suicides et tentatives de suicide en France : une tentative de cadrage statistique ».

    III. - Autres actions de santé mentale concourant
    à la réflexion sur la prévention du suicide

    La prévention du suicide participe de la prévention générale en santé mentale et doit donc s'insérer dans des actions plus larges visant à améliorer la prise en charge des personnes en souffrance psychique ou atteintes de troubles mentaux.
    1. Je vous rappelle à cet égard les dispositions de la circulaire DHOS-O-F2/DGS/DSS-1A/2000 n° 603 du 13 décembre 2000 relative à la campagne budgétaire pour 2001 des établissements sanitaires financés par dotation globale, qui met en exergue la prise en charge des personnes atteintes de pathologies mentales et l'adaptation de l'offre de prise en charge en psychiatrie aux besoins de certaines populations comme les adolescents. L'effort financier de 129 MF dégagé à cet effet, permettra en 2001, l'aide à la mise en place des secteurs nouvellement créés par la carte sanitaire, la création de nouveaux secteurs, une consolidation de secteurs peu dotés et le renforcement du dispositif d'hospitalisation en psychiatrie infanto-juvénile.
    Conformément à la circulaire précitée, je vous engage à veiller à ce que ces orientations soient mises en oeuvre en cohérence et complémentarité avec les programmes régionaux de santé en cours (suicide, santé des jeunes).
    2. Une note d'orientation DGS/DHOS/DGAS/DIV, en cours de signature, sera prochainement diffusée, afin de restituer les contenus des programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins dans le domaine de la santé mentale. Un premier bilan général des PRAPS révèle, en effet, qu'environ un tiers des actions mises en place dans ce cadre relèvent de ce champ et contribuent à la prévention du suicide en développant le partenariat entre les professionnels spécialisés en santé mentale et les intervenants du champ médico-social ou éducatif pour améliorer la prise en charge des personnes en souffrance psychique.
    J'attire en outre votre attention sur le fait que le FNPEIS a fléché des crédits sur la thématique du suicide. Jusqu'alors réservés aux régions disposant de PRS suicide, les crédits pourront être affectés à cette thématique dans le cadre des PRAPS. Vous obtiendrez à cet égard les informations utiles auprès des unions régionales des caisses d'assurances maladies (URCAM) en vue de monter les dossiers de financement utiles.
    En conclusion, afin de développer la mise en oeuvre de la stratégie nationale d'actions, je souhaite renforcer la dynamique de mutualisation des réflexions et expériences menées au niveau régional et au niveau national. A cet effet, il est envisagé, pour la mise en oeuvre de chacune des actions nationales de la stratégie, d'associer à la réflexion deux référents des DRASS volontaires, en fonction notamment de leurs préoccupations régionales. Je vous invite, en conséquence, à transmettre vos choix éventuels à la DGS, bureau SD6C de la santé mentale, le 30 juillet 2001 dernier délai.
    Vous voudrez bien tenir informé la DGS, bureau SD6C de la santé mentale, des observations et difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de ces instructions.

    Le ministre délégué à la santé,
    Bernard Kouchner

    MINISTÈRE DE L'EMPLOI
    ET DE LA SOLIDARITÉ
    Secrétariat d'Etat à la santé
    et aux handicapés
    STRATÉGIE FRANÇAISE D'ACTIONS
    FACE AU SUICIDE (2000-2005)
    INTRODUCTION

    Le nombre de suicides et de tentatives de suicide reste particulièrement préoccupant. Chaque année, en France, 160 000 personnes font une tentative de suicide et 12 000 en meurent. C'est la première cause de décès chez les jeunes adultes.
    Le Gouvernement considère la prévention du suicide comme un des axes majeurs de sa politique de santé publique et a demandé à Mme Gillot (Dominique), secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés, de mettre en place un programme d'actions pour la période 2000-2005.
    La stratégie nationale d'actions face au suicide a été annoncée par Mme Gillot (Dominique) le 20 septembre 2000 lors de la Conférence européenne sur la prévention du suicide des jeunes organisée par la conférence des DRASS à Nantes dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne.
    Cette stratégie a pour objectif, à travers la prévention des suicides, de pouvoir apporter une réponse à la souffrance psychique des suicidants, de développer des actions d'accompagnement des jeunes et de leurs familles, d'améliorer la qualité des soins, enfin, de mieux coordonner les efforts de nombreux acteurs sur ce thème.
    Ce programme d'actions pour la période 2000-2005 se décline selon quatre axes :
    1. Favoriser la prévention par une dépistage accru des risques suicidaires. Les professionnels doivent avoir des pratiques communes et des outils validés pour évaluer les facteurs de risque de la crise suicidaire. Une conférence de consensus (octobre 2000) a produit des recommandations sur ce thème. A partir des conclusions de cette conférence, des formations pluri-professionnelles seront organisées dans toutes les régions. Par ailleurs, le soutien aux associations d'écoute et d'accueil des personnes en souffrance psychique sera renforcé.
    2. Diminuer l'accès aux moyens létaux couramment mis en oeuvre lors des suicides, que ces procédés soient traumatiques (armes à feu, train, etc.) ou toxiques (médicaments, etc.). Des études nationales sont mises en place pour mieux comprendre les circonstances de ces suicides et mettre en place des actions de prévention.
    3. Améliorer la prise en charge. L'Agence nationale de l'accréditation et de l'évaluation en santé (ANAES) a élaboré en 1998 des recommandations sur la « Prise en charge hospitalière des personnes après une tentative de suicide ». Un audit clinique est en cours dans les établissements de santé des douze régions ayant un programme régional de prévention du suicide. Cet audit clinique sera progressivement étendu à toutes les régions. Par ailleurs, des recommandations seront élaborées sur les actions de prévention les plus pertinentes et les dispositifs de téléphonie sociale.
    4. Améliorer la connaissance épidémiologique. Un pôle d'observation spécifique au suicide sera créé au sein de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du ministère de l'emploi et de la solidarité. Il produira un bilan quantitatif et qualitatif tous les ans.
    Cette stratégie nationale d'actions constitue une première étape de travail qui s'enrichira chaque année de nouvelles actions ainsi que des évaluations des actions à mettre en oeuvre.

    1. Favoriser la prévention par un dépistage accru des risques suicidaires
    Prévenir les tentatives de suicide notamment chez les jeunes

    Situation actuelle :
    Le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 15-24 ans et la 1re cause de mortalité chez les 25-34 ans. Si le taux global de suicides (tous âges confondus) a tendance à diminuer légèrement depuis le début des années 1990, les taux sont en augmentation constante chez les adolescents et les jeunes adultes, particulièrement de sexe masculin.
    Pour cette population, le suicide est un des symptômes du mal-être, de la souffrance psychique ou de la détresse morale.
    Les dispositifs d'accueil et d'écoute des jeunes et/ou de leur famille sont des éléments importants de la prise en charge de la souffrance psychique et donc de la prévention du suicide. Toutefois, ces dispositifs sont confrontés aux mêmes difficultés de repérage des conduites suicidaires que les autres structures.
    Objectifs :
    Améliorer la cohérence et renforcer le dispositif d'accueil et d'écoute des adloescents et des jeunes adultes.
    Mettre en place des recommandations sur le dépistage des facteurs de risque de la crise suicidaire.
    Mesures :
    Circulaire sur le renforcement des lieux d'accueil et d'écoute pour les jeunes comme les points accueil jeunes et les points écoute jeunes et parents, afin de les intégrer dans les réseaux locaux de prévention du suicide.
    Organisation d'une conférence de consensus en octobre 2000 par l'ANAES et la fédération française de psychiatrie sur « La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge » et diffusion des conclusions auprès de l'ensemble des acteurs impliqués.
    En se basant sur ces recommandations, élaboration de formations spécifiques des intervenants des dispositifs d'accueil et d'écoute des jeunes sur les conduites suicidaires, leur repérage et leur prise en charge.
    Coût :
    Conférence de consensus et des audits : 0,5 MF.
    Formations suite aux conclusions de la conférence de consensus : 0,3 MF.

    Améliorer la formation des intervenants

    Situation :
    De multiples formations sont proposées sur la prévention du suicide et la prise en charge des personnes suicidantes. Ces formations doivent être pluridisciplinaires. La prise en charge des personnes en crise suicidaire doit être individualisée. Elle implique souvent plusieurs professionnels du champ sanitaire, psychologique et social, et nécessite une continuité dans le temps.
    Objectifs :
    Améliorer le contenu des formations sur la crise suicidaire.
    Favoriser les formations interdisciplinaires dans le cadre d'un plan de formation nationale.
    Sensibiliser les personnels des établissements scolaires (conseillers d'éducation, enseignants...) au repérage de la souffrance psychique des jeunes.
    Former au travail en réseau autour de la prise en charge des personnes en crise suicidaire.
    Mesures :
    Organisation d'une session de formation nationale de formateurs régionaux sur la question des crises suicidaires, à partir d'un contenu reprenant les conclusions de la conférence de consensus sur la crise suicidaire d'octobre 2000.
    Organisation de trois journées interrégionales (éducation nationale, santé) destinées aux personnels médico-sociaux et aux inspecteurs d'académie de l'éducation nationale pour les sensibiliser aux problèmes liés à la souffrance psychique des jeunes et à la prévention du suicide.
    Mise en place d'un travail de partenariat pour le soutien des équipes éducatives confrontées à la souffrance psychique des jeunes, entre le dispositif spécifique des classes-relais de l'éducation nationale et les secteurs de pédo-psychiatrie ou les centres médico-psycho-pédagogiques (circulaire du 24 juillet 2000 DGS/DAS/DH/éducation nationale/PJJ).
    Mise en place de formations d'« échange de pratiques » permettant notamment la valorisation d'actions développées par les différents acteurs du champ sanitaire et social.
    Coût :
    Coût formation de formateurs : 0,5 MF.
    Coût partenariat classe-relais/CMP-CMPP : 3,1 MF.

    2. Diminuer l'accès aux moyens létaux
    Mieux comprendre les circonstances des suicides et diminuer
    l'accès aux moyens létaux
    Situation actuelle

    Chiffres :
    Les principaux moyens utilisés pour les tentatives de suicide sont les armes à feu, les chutes volontaires sous des transports en commun et les surdosages médicamenteux. Ainsi, chaque année, 2 900 personnes se suicident
    par arme à feu (un tiers des suicides masculins et 10 % des suicides féminins). En France, 23 % des foyers détiennent une arme à feu. 5 millions de personnes chassent ; 140 000 sont licenciées dans des clubs de tir dont 40 000 sont pratiquants réguliers. La SNCF et la RATP recensent respectivement 300 et 150 suicides par an. Les médicaments sont responsables de 11 % des décès par suicide chez les hommes et de 27 % chez les femmes. Des études ont montré que la disponibilité plus ou moins grande de ces moyens pouvait avoir un impact sur l'évolution du nombre de suicides, en prévenant les suicides impulsifs, mais nous manquons de données sur ce thème en France.
    Objectifs :
    Diminuer l'accès aux armes à feu, améliorer leur sécurisation et responsabiliser les détenteurs d'armes à feu en identifiant les circonstances de leur utilisation dans les suicides et les tentatives de suicide.
    Améliorer la mise en sécurité des sites publics (SNCF/RATP) dans lesquels sont recensés les tentatives de suicide.
    Mieux limiter l'accès à certains médicaments et responsabiliser leurs utilisateurs.
    Mesures :
    Mise en place d'une étude sur la mortalité par suicide par arme à feu afin de préciser l'origine, l'utilisation et le stockage des armes pour adapter une politique de responsabilisation des détenteurs d'armes à feu.
    Mise en place d'une étude sur les intoxications médicamenteuses volontaires suivies dans les services de réanimation : circonstances de l'acte suicidaire ; nature des produits et fréquence d'utilisation.
    Mise en place d'une étude, dans une ou deux régions pilotes, pour évaluer l'intérêt « des autopsies psychologiques » (analyse des circonstances psychologiques qui ont entouré le suicide).
    Mise en place d'un travail interministériel pour sécuriser les sites les plus souvent utilisés dans les tentatives de suicides.
    Intégrer la responsabilisation des détenteurs d'armes à feu et des possesseurs de médicaments dans les campagnes de communication sur les accidents domestiques par le développement du concept de « Maison sûre ». (CNAM/CFES).
    Coût :
    Coût de l'enquête sur les armes à feu : 0,5 MF.
    Coût de l'étude dans les services de réanimation : 0,8 MF.
    Coût de la formation « autopsies psychologiques » : 0,2 MF.

    3. Améliorer la prise en charge
    Améliorer la prise en charge

    Situation :
    Identifier et prendre en charge les personnes en crise suicidaire est complexe. Le mal-être n'est pas toujours exprimé ou verbalisé. Lorsqu'il est exprimé, il peut ne pas être entendu. Lorsque la crise suicidaire est repérée, les professionnels du champ médical ou psycho-social ne savent pas toujours comment agir face à la détresse de la personne. La prise en charge des personnes suicidantes nécessite l'intervention d'acteurs de champs différents.
    Un jeune suicidant sur quatre est hospitalisé. 17 % quittent l'hôpital dans les 12 heures.
    83 % sont transférés (41 % en pédiatrie ; 17 % dans un service d'urgence ; 9 % en psychiatrie ; 28 % dans d'autres services de médecine générale. 21 % ne rencontre pas de spécialiste psy). Il est pourtant important de ne pas banaliser la tentative de suicide et de prendre en compte non seulement les aspects somatiques induits mais aussi la souffrance psychique (pré)existante. L'ANAES a élaboré et diffusé en 1999 des recommandations, de bonnes pratiques sur « la prise en charge hospitalière des adolescents après une tentative de suicide ». A la suite de ces recommandations, des audits ont déjà été réalisés dans 60 hôpitaux situés dans les 10 régions qui ont mis en place un programme régional de prévention du suicide. Ces recommandations peuvent être élargies aux autres publics (adultes, personnes âgées).
    Objectifs :
    Améliorer la prise en charge à l'hôpital des personnes suicidantes et éviter les récidives.
    Améliorer les partenariats entre les services d'urgences et les partenaires extérieurs (médecins généralistes ; associations d'accueil et d'écoute ; structures médico-sociales) pour favoriser la cohérence, la globalité et la continuité de la prise en charge.
    Favoriser l'individualisation des réponses.
    Mesures :
    Généralisation des audits cliniques ANAES sur la prise en charge aux urgences des établissements de santé des personnes ayant fait une tentative de suicide.
    Renforcer et développer les lits d'hospitalisation pour adolescents et les lits de pédo-psychiatrie dans les 17 départements qui en sont actuellement dépourvus.
    Coût :
    Coût des audits cliniques : 0,5 MF.

    Améliorer la qualité des actions de prévention primaire et
    favoriser la mise en place d'actions d'éducation pour la santé

    Situation :
    Le suicide est multifactoriel. L'élaboration d'un message de prévention primaire est complexe. Les études récentes insistent sur les modalités de communication (les communications trop spécifiques peuvent avoir des effets délétères). En matière de prévention primaire précoce, les experts et les conclusions des études nationales et internationales préconisent d'intégrer la problématique du suicide dans une prévention primaire plus globale du mal-être ou de la souffrance psychique. Les tentatives de suicide constituent un des symptômes de ce mal-être.
    Objectif :
    Elaborer des outils de prévention (vidéo, brochures, affiches) permettant le dialogue entre professionnels et jeunes sur le thème du mal-être.
    Mesures :
    Renforcer la pédagothèque du CFES sur le thème du suicide et développer sa capacité de recensement, d'expertise, de diffusion des outils de prévention et de recommandations sur leur mode d'utilisation.
    A partir de la pédagothèque, labelliser des actions d'éducation pour la santé développant la capacité des jeunes à prendre en charge leurs problèmes ou de rechercher le dialogue avec l'adulte.
    Coût :
    Coût du développement de la pédagothèque pour la prise en compte du suicide : 0,2 MF.

    Etablir des recommandations de pratiques pour les acteurs
    de prévention travaillant en dehors de l'hôpital

    Situation :
    La mobilisation des acteurs de prévention, notamment dans le cadre des programmes régionaux de prévention du suicide, a permis de développer de nombreuses actions innovantes, notamment répertoires recensant les acteurs locaux impliqués dans la prévention du suicide ; intervention de psychologues dans les missions locales ; formations de médecins généralistes ; formations interdisciplinaires ; interventions en milieu scolaire ; services de téléphonie sociale. Des évaluations en cours en évalue la pertinence.
    Objectif :
    Diffusion de pratiques validées sous forme de recommandations pour favoriser la cohérence et la qualité des actions, valoriser et mobiliser les acteurs de terrain.
    Mesures :
    Poursuite des évaluations et diffusion de nouvelles recommandations (Les premières diffusions de recommandations auront lieu en 2001 suite aux évaluations conduites en 1999 et 2000 par la FNORS et le CFES).
    Mise en place d'une évaluation et élaboration d'un cahier des charges ou d'une charte qualité pour les associations d'accueil et les services de téléphonie sociale oeuvrant dans le champ de la prévention du suicide (Union Nationale de prévention du suicide).
    Coût :
    Coût de nouvelles évaluations/ recommandations : 0,2 MF.
    Coût de l'évaluation des services de téléphonie sociale : 0,22 MF.

    Améliorer l'accompagnement des familles ou des proches

    Situation :
    La survenue d'un décès par suicide nécessite pour le professionnel chargé d'en faire l'annonce d'un savoir-faire spécifique et justifie souvent la mise en place d'un soutien psychologique pour la famille ou les proches. Or, peu d'institutions ont un protocole pour annoncer les décès, à fortiori en cas de suicide. De même, les associations qui agissent sur ce thème n'ont pas de cahier de charge. Enfin, le soutien psychologique des endeuillés n'est pas systématiquement proposé.
    Objectifs :
    Améliorer les conditions d'annonce, par les institutions, du décès par suicide.
    Consolider l'action des associations intervenant dans l'accompagnement des familles et des proches.
    Favoriser l'accès à des entretiens de soutien psychologique pour les endeuillés qui le souhaitent.
    Mesures :
    Evaluation des propositions faites par un groupe de travail de l'administration pénitentiaire/santé sur l'annonce d'un décès par suicide aux familles ou aux proches, et diffusion aux autres institutions (police, sapeurs pompiers, établissements de santé).
    Elaboration de recommandations sur l'accompagnement des personnes endeuillées après un suicide en lien avec les associations d'accueil et d'écoute.
    Identifier et renforcer des lieux d'accueil et d'écoute associatifs ou hospitaliers susceptibles d'assurer le soutien psychologique des familles et proches après un suicide (groupe de parole ; consultation).
    Coût :
    Coût du renforcement des structures d'accueil et d'écoute : 1 MF.

    Programmes régionaux de prévention du suicide

    Situation :
    60 % des personnes ayant fait une tentative de suicide récidivent, ce qui augmente de manière importante le risque de décès. Il est donc essentiel d'agir au plus près du lieu où est repérée la personne en crise suicidaire (médecine générale, structure sanitaire et/ou sociale...), d'où l'importance du travail transversal ou en réseau.
    L'offre de prise en charge sanitaire et sociale existe mais les informations sur cette offre doivent être plus facilement disponibles et la coordination doit étre améliorée pour assurer une meilleure efficacité de la prise en charge.
    Objectif :
    Améliorer le travail de partenariat et/ou en réseau dans la prise en charge de personnes en crise suicidaire en dotant en incitant l'ensemble des régions à se doter d'un programme de prévention du suicide en particulier dans le cadre des programmes régionaux de santé.
    Mesures :
    Les programmes de prévention du suicide doivent au minimum être en mesure de proposer :

  • des outils d'information sur les acteurs locaux de prévention du suicide ;

  • une organisation de la prise en charge médico-sociale en réseau ;
  • un plan de prévention primaire.
  • Coût :
    8 MF dans le cadre des PRS ou des PRAPS.

    4. Améliorer la connaissance
    Mieux connaître la situation épidémiologique

    Situation actuelle :
    On manque de données sur la mortalité liée aux tentatives de suicides et aux suicides. De surcroît les données disponibles sont souvent parcellaires, non analysées et donc difficiles à utiliser au niveau national.
    On recense actuellement 12 000 décès annuels par suicide. On estime qu'en réalité, il serait de l'ordre de 14 000. Cette sous-estimation est liée à la méconnaissance de la procédure post certification par les médecins généralistes (respect de l'anonymat, peur d'une autopsie systématique ; problèmes liés aux assurances, difficulté à identifier la nature suicidaire de certains décès ; données incomplètes transmises par certains instituts médico-légaux). De même, il existe une augmentation des décès par suicides des personnes en institutions notamment en psychiatrie et en milieu carcéral (2 à 4 % des suicides surviennent lors d'une hospitalisation psychiatrique ; en milieu carcéral, en 1999, on dénombre 125 décès par suicide contre 47 en 1975). Ce phénomène qui concerne toute l'Europe (ex. : en Grande-Bretagne, 10 à 15 % des suicides concernent des patients sortis d'une hospitalisation psychiatrique depuis moins de quatre semaines) ; est largement sous-estimé.
    Objectifs :
    Mieux connaître l'épidémiologie des conduites suicidaires (décès par suicide, tentatives de suicide, idéations suicidaires) en :

  • renforcant la fiabilité des indicateurs de mortalité en population générale ;

  • mettant en place des indicateurs sur la mortalité par suicides dans les institutions (établissements de santé notamment psychiatriques, maisons de retraite, établissements scolaires, prisons) ;
  • créant un lieu de synthèse des données concernant le suicide ;
  • favorisant la recherche épidémiologique sur cette question.
  • Mesures :
    Mise en place d'un pôle d'observation en continu sur la prévention du suicide :

  • bilan des données épidémiologiques disponibles au niveau national et régional ;

  • élaboration d'un plan national d'indicateurs de suivi de l'évolution des conduites suicidaires et de leur prise en charge ;
  • élaboration de tableaux de bord régionaux et nationaux des suicides en institution.
  • Elaboration d'un protocole national d'harmonisation des pratiques de déclaration des décès par suicides et diffusion de ces recommandations à l'ensemble des médecins généralistes.
    Mise en place d'un protocole national de transmission des données de mortalité par les instituts médico-légaux.
    Coût :
    Brochures à destination des médecins généralistes : 0,1 MF.

    Mieux connaître les tentatives de suicide prises en charge
    par les établissements de santé et par les médecins généralistes

    Situation actuelle :
    Les tentatives de suicide prises en charge par les hôpitaux ou en médecine générale sont mal connues. Au niveau des urgences hospitalières elles ne sont pas recensées par le PMSI si les personnes concernées ne sont pas hos-
    pitalisées. En ville, peu de données sont disponibles. Pourtant les médecins généralistes sont des acteurs importants de la prise en charge de la crise suicidaire. En effet une majorité de suicidés consulte un médecin dans les jours ou les semaines précédant leur mort.
    Objectif :
    Améliorer l'épidémiologie des tentatives de suicide prises en charge aux urgences des établissements hospitaliers et en médecine générale.
    Mesures :

    Améliorer les connaissances en population générale
    et mieux connaître les perceptions du public

    Situation :
    Hormis les données tirées du « baromètre santé-jeunes » du CFES et du sondage fait par l'association Union nationale pour la prévention du suicide en 1999, il existe peu de données sur les tentatives de suicide en population générale et l'opinion de la population française sur le suicide.
    L'offre de prise en charge sanitaire et sociale existe mais les informations sur cette offre doivent être plus facilement disponibles et la coordination doit être améliorée pour assurer une meilleure efficacité de la prise en charge.
    Objectif :
    Améliorer les connaissances et les perceptions de la population générale sur les suicides pour mieux appréhender les connaissances, les attentes sur ce sujet et adapter les actions de prévention du suicide.
    Mesures :

  • soutien à l'enquête d'opinion réalisée tous les 2 ans par l'UNPS ;

  • extension du « baromètre santé-jeunes » à la population générale sur plus de 13 000 sujets avec des items sur le suicide pour mieux appréhender les tentatives de suicide et leur prise en charge ;
  • élaboration d'outils d'information sur les acteurs locaux de prévention du suicide au niveau des régions.
  • Coût de l'enquête d'opinion : 0,1 MF.