Circulaire DHOS/O3/DSS/UNCAM no 2005-63 du 14 janvier 2005 relative aux orientations propres à lévolution de la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux et aux modalités opérationnelles de définition des zones géographiques en vue de lattribution daides aux médecins généralistes
NOR : SANH0530071C
Date dapplication : immédiate.
Références :
Loi relative à lassurance-maladie no 2004-810 du 13 août 2004 ;
Décret no 2003-529 du 19 juin 2003 portant création de lobservatoire national de la démographie des professions de santé ;
Circulaire 2004 relative à lélaboration des SROS de troisième génération du 5 mars 2004.
Le ministre des solidarités, de la santé et de la famille, le directeur de lunion nationale des caisses dassurance maladie à Mesdames et Messieurs les directeurs des agences régionales de lhospitalisation (pour exécution et diffusion) ; Mesdames et Messieurs les directeurs des unions régionales des caisses dassurance-maladie (pour exécution et diffusion) ; Mesdames et Messieurs les préfets de région (pour information) ; Mesdames et Messieurs les directeurs régionaux des affaires sanitaires et sociales (pour information).
En créant les missions régionales de santé, larticle 67 de la loi relative à lassurance maladie du 13 août 2004 a organisé un renforcement des liens entre les agences régionales de lhospitalisation et les unions régionales des caisses dassurance maladie pour un pilotage global du système de santé. Dans ce cadre, les missions régionales de santé déterminent notamment les orientations relatives à la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux.
Cette élaboration se traduit par la détermination dorientations relatives à lévolution de la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux et par la définition des zones rurales et urbaines qui peuvent justifier linstitution de dispositifs daides conventionnelles prévues à larticle L. 162-14-1 du code de la sécurité sociale.
Lobjet de la présente circulaire est de vous donner un cadre de définition des orientations relatives à lévolution de la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux, de vous permettre didentifier rapidement les zones déficitaires en matière doffre de soins médicaux et de vous rappeler les différentes aides proposées à ces médecins généralistes.
I. - LES ORIENTATIONS RELATIVES À LÉVOLUTION DE LA RÉPARTITION TERRITORIALE DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LIBÉRAUX
Les orientations relatives à lévolution de la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux seront fixées dans un document établissant un diagnostic de loffre libérale régionale et proposant à titre indicatif des scénarios pour améliorer ladéquation avec des besoins de la population avec cette offre.
La présente circulaire rappelle le cadre juridique relatif à lélaboration de ces orientations et en définit les modalités et le calendrier de mise en oeuvre et de suivi.
A. - Un cadre juridique prévoyant une articulation
avec le schéma régional dorganisation sanitaire
1. Rappel du cadre juridique
Larticle L. 162-47 (nouveau) du code de la sécurité sociale, créé par larticle 67 de la loi mentionnée précédemment, prévoit que les orientations relatives à lévolution de la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux doivent tenir compte du schéma régional dorganisation sanitaire. Larticle L. 6121-2 du code de la santé publique quant à lui, prévoit désormais que ces orientations sont jointes, à titre indicatif, au schéma régional dorganisation sanitaire.
A la différence du SROS pour les établissements, le document fixant les orientations relatives à loffre de soins libérale nest pas opposable aux professionnels de santé libéraux. Il a pour objet de faire des préconisations sans que celles-ci puissent fonder des refus à lencontre des professionnels, lesquels conservent leur liberté dinstallation. Néanmoins, la qualité du document, le soin apporté à son élaboration concertée avec les représentants des professionnels de santé concernés doivent conduire chacun dentre eux à les prendre en considération dans leur décision individuelle de localisation de leur activité professionnelle.
2. Articulation avec le schéma régional dorganisation sanitaire
Les dispositions de larticle L. 162-47 du code de la sécurité sociale étant dapplication immédiate, il vous est demandé détablir dores et déjà le document dorientation, en articulation avec le schéma régional dorganisation sanitaire en vigueur. Il nest pas nécessaire dattendre lélaboration des prochains schémas régionaux dorganisation sanitaire pour définir vos orientations. Elles seront jointes à celui-ci en application de larticle L. 6121-2 du code de la santé publique. Dans un souci damélioration de la coordination des soins, vous veillerez néanmoins à lavenir, à faire correspondre le calendrier des schémas régionaux dorganisation sanitaire et celui du document dorientation relatif à la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux.
Le document que vous établirez devra être révisé au moins tous les cinq ans et à loccasion de la révision des schémas régionaux dorganisation sanitaire.
Par ailleurs, la lettre signée par le directeur de lhospitalisation et de lorganisation des soins et par le directeur de la Caisse nationale de lassurance-maladie des travailleurs salariés, le 27 avril 2004, vous engage, avant lélaboration du schéma régional dorganisation sanitaire à établir un bilan partagé ARH-URCAM sur lorganisation du système de santé dans votre région afin dapprécier loffre de soins et le recours aux soins de ville et hospitaliers en articulation avec le dispositif de prise en charge médico-sociale.
La partie du diagnostic partagé relative à loffre libérale de soins médicale et para-médicale, qui doit donc être avancée servira la mission régionale de santé dans son travail délaboration des orientations.
Ainsi, la circulaire du 5 mars 2004 relative à lélaboration des SROS de troisième génération propose, au sein des conférences sanitaires, a prévu létablissement de projets médicaux de territoires. Ces projets doivent notamment conduire les établissements et les professionnels de santé à trouver ensemble des actions permettant daméliorer loffre de soins sur leur territoire de santé. Le directeur de lagence régionale de lhospitalisation peut intégrer ces projets dans le nouveau schéma.
Dans ce cadre, le document dorientation relatif à lévolution de la répartition territoriale des professionnels de santé libéraux établi par la mission régionale de santé, alimente le projet médical de territoire. Réciproquement, le projet médical de territoire est susceptible de faire évoluer votre document.
B. - Contenu et méthode de mise en oeuvre
1. Bilan quantitatif de loffre de soins libérale régionale
Vous élaborerez, en lien avec les observatoires régionaux de la démographie médicale, un document dressant un bilan relatif à la démographie et à lactivité des professionnels de santé médicaux et para-médicaux en exercice. Ce document analysera également ladéquation entre loffre et la réponse aux besoins identifiés de la population, ainsi quà leur évolution. Cette réflexion portera enfin sur chacune des professions de santé et sur les éventuelles interactions entre les différents métiers.
Vous veillerez, si ce nest déjà fait, à associer le plus large spectre de partenaires afin de faire accepter la nouvelle démarche dévaluation de loffre et des besoins en professionnels de santé. Ceci implique de mobiliser les professionnels de santé eux-mêmes, quils soient libéraux ou hospitaliers, mais également les usagers et leurs représentants sur les principaux enjeux médicaux et économiques de la santé.
2. Propositions pour lamélioration de loffre libérale
aux besoins en soins de ville de la population
Votre document proposera des actions concrètes visant à améliorer ladéquation entre loffre libérale et les besoins de la population, en tenant compte de limplantation et de lactivité des établissements de santé. Ces solutions peuvent consister par exemple :
- à favoriser linstallation et lexercice dans les zones déficitaires, notamment par lattribution daides à linstallation ;
- à développer les cabinets de groupe en particulier dans ces zones en particulier grâce aux dispositions du nouvel article L. 182-1-2 du code de la sécurité sociale issu de la loi mentionnée précédemment. Les URCAM peuvent en effet conclure des contrats avec des professionnels de santé libéraux dans le but de les inciter à un exercice regroupé, notamment dans les zones rurales ou urbaines où est constaté un déficit en matière doffre de soins. Ces contrats prévoient des engagements des professionnels concernés portant notamment sur lamélioration de leurs pratiques et, le cas échéant, les dépenses dassurance maladie prescrites par ces professionnels ainsi que les modalités dévaluation du respect de ces engagements ;
- à encourager la coordination au sein de loffre de ville par les réseaux de santé ou les réseaux de professionnels de santé établis sur la base de larticle L. 183-1-1 modifié du code de la sécurité sociale. Cet article permet aux URCAM de passer des contrats avec des réseaux de professionnels de santé conventionnés exerçant à titre libéral dans une aire géographique définie. Ces contrats peuvent, après accord des réseaux des professionnels de santé concernés, associer des mutuelles, des institutions de prévoyance. Ces contrats peuvent porter sur lévaluation et lamélioration des pratiques des professionnels concernés, la mise en oeuvre des références médicales, la gestion du dossier du patient ou la mise en oeuvre dactions de prévention et de dépistage ;
- à développer les réseaux de santé ville-hôpital.
3. Une cartographie des zones éventuelles où le développement de loffre libérale napparaît pas souhaitable et des zones déficitaires
Vous établirez une cartographie régionale décrivant les éventuelles zones où le développement de loffre libérale napparaît pas souhaitable, par profession de santé, et celles où un développement de loffre de ville apparaît nécessaire.
Conformément à larticle L. 162-47 mentionné précédemment, il vous revient désormais didentifier ces zones (article L. 162-47 (1o) (nouveau) du code de la sécurité sociale : la mission régionale de santé détermine notamment « les orientations (...) qui définissent en particulier les zones rurales ou urbaines qui peuvent justifier linstitution » daides définies par les représentants des professions de santé libérale et ceux de lassurance maladie dans le cadre conventionnel). Ces zones seront opposables aux partenaires conventionnels en application de larticle L. 162-14-1 du code de la sécurité sociale qui dispose que les aides conventionnelles à linstallation et à lexercice ne seront attribuées que dans les zones ainsi définies par la mission régionale de santé. La détermination de ces zones étant avancée pour les médecins généralistes, le II de la présente circulaire en détaille ses modalités pour cette discipline. La nécessité de poursuivre en particulier ce travail se justifie par les besoins particulièrement pressants de la population en médecins généralistes.
C. - Calendrier de mise en oeuvre
Il est recommandé que les zones déficitaires en médecins généralistes soient identifiées pour le début de lannée 2005 (cf. II).
D. - Suivi et évaluation
Ce document dorientation, qui peut être révisé à tout moment, fait lobjet dun suivi permanent, particulièrement de lâge moyen des médecins dans cette période de départ massive à la retraite, afin den assurer ladaptation aux évolutions démographiques des professions de santé et des besoins de la population.
Il est transmis aux ministères chargés de la santé et de la sécurité sociale ainsi quà lunion nationale des caisses dassurance maladie, au plus tard lors de la publication des schémas régionaux dorganisation sanitaire et lors de toute actualisation intermédiaire.
II. - LA DÉTERMINATION DES ZONES DÉFICITAIRES
EN MÉDECINS GÉNÉRALISTES
Nous vous demandons daccorder une attention particulière à la détermination des zones déficitaires en médecins généralistes et dy procéder dès le début de lannée 2005, ce qui suppose daccélérer votre réflexion dés réception de la présente circulaire.
Lintégration à la convention nationale conclue entre les médecins généralistes et lassurance maladie dun dispositif daide à linstallation est en effet une priorité des négociations conventionnelles compte tenu des attentes exprimées par les élus locaux à loccasion du débat parlementaire sur la loi relative à lassurance maladie.
A. - Calendrier
Il est indispensable dachever le zonage relatif à la médecine générale sans attendre lélaboration complète des orientations relatives aux professions de santé libérales pour respecter le calendrier conventionnel et répondre aux préoccupations des professionnels concernés et aux besoins de santé de la population. Pour ces raisons nous vous demandons daboutir au plus tard avant fin mars 2005.
B. - Marche à suivre
Nous vous invitons, tant pour vous permettre de respecter le calendrier que de bénéficier de lexpérience accumulée en matière de détermination des zones déficitaires, à tenir compte du travail déjà réalisé en application de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2002. Ce travail de zonage, bien avancé dans la plupart des régions, a associé les services de lEtat, les unions régionales des caisses dassurance maladie et les observatoires régionaux de la démographie médicale. Il devrait vous permettre deffectuer la détermination des zones déficitaires en médecins généralistes sur des bases solides et dans des délais rapides.
Les délais impartis doivent cependant être conciliés avec une large concertation afin de définir un zonage le plus consensuel possible. La mission régionale de santé recueillera ainsi les avis :
- du représentant de lEtat dans la région concernée ;
- du comité régional de lobservatoire national de la démographie des professions de santé ;
- des conseils départementaux de lordre des médecins ;
- de la (ou des) collectivité(s) territoriale(s) concernée(s) ;
- des unions régionales des médecins libéraux et des syndicats de médecins généralistes ;
- des médecins déjà installés sur le territoire considéré ;
- des représentants des usagers.
C. - Territoires
Les travaux accomplis en matière de zonage ont mis en évidence limportance de prendre en compte un territoire démographiquement cohérent et lisible pour les bénéficiaires des aides. Nous vous invitons également à articuler votre zonage, particulièrement en milieu rural, avec les périmètres des intercommunalités notamment des communautés de communes. Ainsi, le découpage pourra utilement reposer sur une commune, un canton, un regroupement de communes ou de cantons.
Nous vous recommandons toutefois de ne pas faire reposer votre zonage sur un territoire dont la population est inférieure à 1 500 habitants. En effet, il convient de garantir aux cabinets un bassin de population suffisant afin de préserver leur viabilité économique. En outre, déterminer des zones inférieures à ce seuil, accroîtrait le risque disolement des praticiens concernés, dont on sait quil constitue lun des freins à leur installation dans les zones déficitaires.
D. - Critères à prendre en compte
La loi relative à lassurance maladie laisse à votre convenance le soin de déterminer les critères à prendre en compte pour déterminer les zones déficitaires. Nous attirons cependant votre attention sur la nécessité de respecter le principe dégalité. Nous invitons ainsi à prendre en compte comme principaux critères, dans les territoires définis, la densité et lactivité médicale.
Ainsi, par exemple, lorsque plus de la moitié des médecins du territoire a une activité (C + V) supérieure de 30 % à 50 % à lactivité moyenne nationale et que la densité des praticiens est inférieure de 30 % à la moyenne nationale, ce territoire pourrait être considéré comme déficitaire.
Ces références peuvent être adaptées lorsque le territoire comporte des particularités dont il vous appartient de tenir compte (vallées de montagnes enclavées, par exemple).
Si vous lestimez nécessaire, vous pouvez ainsi prendre en compte des critères complémentaires qui pourraient avoir pour effet datténuer éventuellement les deux critères principaux, tels que :
- le délai daccès au médecin généraliste qui, dans un souci daccès aux soins, notamment des personnes les plus âgées et fragiles, ne doit pas excéder 20 minutes. La mission régionale de santé pourra, à cet égard, faire appel au logiciel développé par les unions régionales des caisses dassurance-maladie qui permet dévaluer les distances kilométriques entre les médecins généralistes installés et leurs patients ;
- les difficultés particulières des territoires liés notamment à la part des personnes âgées de plus de 75 ans, dès lors que leur présence serait supérieure de 10 % à la moyenne régionale ;
- des fragilités sociales plus globales des territoires, déterminées notamment par leur classement en zones de revitalisation rurale, zone franche urbaine ou zones de redynamisation urbaine.
En tout état de cause, afin déviter tout saupoudrage inutile, nous vous demandons de limiter le nombre de zones à celles que vous jugerez comme devant être prioritairement éligibles aux aides.
E. - Signature de la décision et publication
des zones déficitaires en médecins généralistes
La décision de la mission régionale de santé arrêtant les zones déficitaires en médecins généralistes est signée par le directeur de lagence régionale de lhospitalisation et le directeur de lunion régionale des caisses dassurance-maladie.
Les zones déficitaires en médecins généralistes doivent être publiées au recueil régional des actes administratifs.
III. - CHAMPS DAPPLICATION DU ZONAGE DÉTERMINÉ
PAR LA MISSION RÉGIONALE DE SANTÉ
La loi prévoit lattribution daides à linstallation pour les professionnels de santé libéraux et des rémunérations forfaitaires pour lexercice des praticiens libéraux sur la base des zones déficitaires que vous aurez arrêtée.
Lattribution des aides à linstallation pour les médecins, qui devrait donc pouvoir intervenir dès le début de lannée 2005 après la publication des zones déficitaires et la définition conventionnelle des contreparties à ces aides, relève du FORMMEL. Des instructions sur leur mécanisme dattribution, en application des décisions du comité de gestion du FORMMEL vous seront communiquées préalablement.
A ces deux dispositifs daide sen ajoutent dautres, en particulier les aides définies à larticle 51 de la loi relative à lassurance-maladie, mises en oeuvre par les URCAM et laide de lEtat, mais également les aides attribuées par les collectivités locales. La loi ne renvoie pas à un zonage spécifique pour ces différentes aides. Dans un souci de cohérence du dispositif et pour éviter une dispersion inutile des aides, celles-ci devront reposer sur les zones arrêtées par la mission régionale de santé.
Aussi, les missions régionales de santé devront se rapprocher des organismes ou représentants de lEtat en charge de lattribution de ces aides pour sassurer de la pertinence des zones avant de les arrêter.
Le directeur de lhospitalisation et de lorganisation des soins, E. Couty |
Le directeur de lunion nationale des caisses dassurance maladie, F. van Roeckeghem |
Le directeur de la sécurité sociale, D. Libault |