Avis du Conseil supérieur dhygiène publique de France section des maladies transmissibles relatif à la place de lantibioprophylaxie dans la prévention des légionelloses nosocomiales
NOR : SANP0630161V
Séance du 18 mars 2005
Considérant dune part que :
- lexposition aux légionelles dans les établissements de santé revêt une gravité particulière en raison des facteurs de risque individuels que peuvent présenter les malades hospitalisés ;
- les personnes les plus à risques sont les immunodéprimés sévères (1) ;
- la durée dincubation de la légionellose nexcède pas 10 jours habituellement ;
- lapparition dune fièvre et dune pneumopathie chez un patient hospitalisé doit faire évoquer une légionellose, faire pratiquer les tests de diagnostic rapide et orienter lantibiothérapie si nécessaire ;
- lefficacité de lantibioprophylaxie dans la prévention de la légionellose nest pas démontrée à ce jour (2) ;
- dans certains cas, une antibioprophylaxie a cependant été proposée aux sujets à risque à loccasion dépidémies de légionellose nosocomiale.
Considérant dautre part que :
- la survenue dun ou plusieurs cas de légionellose nosocomiale doit diligenter une investigation pour identifier la source de contamination afin dinterrompre lexposition ;
- la prévention de la contamination par Légionella pneumophila de leau des réseaux, installations et dispositifs médicaux dans les établissements de santé repose avant tout sur la mise en oeuvre de bonnes pratiques dutilisation et dentretien, ainsi que sur lamélioration des réseaux ;
- les légionelles colonisent de façon ubiquitaire les eaux douces naturelles et les sols humides ainsi que de nombreux milieux aqueux artificiels dont les réseaux dapprovisionnement en eau ;
- la découverte de la présence de Légionella pneumophila à un taux égal ou supérieur à 103 UFC/l dans leau implique des mesures immédiates de décontamination du réseau et de protection des patients.
Le Conseil supérieur dhygiène publique de France, section des maladies transmissibles, recommande :
- lantibioprophylaxie de la légionellose nétant actuellement justifiée par aucun argument scientifique, elle ne saurait être mise en oeuvre à titre systématique en présence de cas groupés, et a fortiori devant la seule présence de légionelles dans leau ;
- cependant, en présence de cas groupés de légionellose nosocomiale, et en sus des indispensables mesures de protection des patients contre lexposition et de désinfection du réseau, le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) ou le Comité des antibiotiques, prenant en compte lexposition à la source de contamination et létat dimmunodépression des patients dune part, et le risque, chez ces mêmes patients, deffets indésirables liés à la prescription dun macrolide dautre part, peuvent proposer une prescription dantibioprophylaxie par un macrolide chez les sujets les plus à risque. En raison de la durée dincubation, la durée de cette antibioprophylaxie ne devrait pas excéder dix jours après la dernière situation dexposition au risque.
Cet avis ne peut être diffusé que dans son intégralité, sans suppression ni ajout.
(1)Rapport du groupe de travail du CSHPF « Le risque lié aux légionelles : guide dinvestigation et daide à la gestion », présenté au CSHPF le 18 mars 2005.
(2)Afssaps. Mise au point sur la légionellose, février 2002, www.afssaps.sante.fr.