Circulaire DGS/SD 7A no 2006-235 du 30 mai 2006 relative aux mesures de prévention et aux modalités de gestion des risques sanitaires liés à la présence dans leau de virus Influenza aviaire hautement pathogène (eaux destinées à la consommation humaine, eaux de baignade et eaux usées)
NOR : SANP0630259C
Date dapplication : immédiate.
Références :
Code de la santé publique : articles R. 1321-1 et suivants, annexe 13-1 à 13-4 ; articles D. 1332-16 et suivants et annexe 13-5 ;
Plan gouvernemental de prévention et de lutte « pandémie grippale » - no 1700/SGDN/PSE/PPS du 6 janvier 2006 ;
Arrêté du 24 octobre 2005 modifié relatif à des mesures de protection des oiseaux vis-à-vis de lInfluenza aviaire.
Arrêté du 18 février 2006 fixant des mesures techniques et administratives applicables lors dune suspicion ou dune confirmation dInfluenza aviaire hautement pathogène chez les oiseaux vivant à létat sauvage.
Note de service DGAL/SDSPA No 2006-8088 du 4 avril 2006. Plan durgence « pestes aviaires » - Destruction des cadavres de volailles, oeufs, lisier et autres sous-produits animaux dun foyer déclaré infecté.
Note de service DGAL/SDSPA No 2006-8094 du 13 avril 2006. Surveillance de la mortalité des oiseaux sauvages au regard du risque Influenza.
Textes abrogés : néant.
Documents de référence :
Risques pour la santé humaine via une transmission potentielle du virus Influenza (H5N1) par leau et les effluents. Organisation mondiale de la santé. Genève mars 2006. WHO/SDE/WSH/06.1 (version du 7 mars 2006).
Rapport du groupe de travail sur le « risque de transmission à lhomme des virus Influenza aviaires » adopté par le comité dexperts spécialisé santé animale de lAgence française de sécurité sanitaire des aliments le 10 juillet 2002.
Avis de lAgence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) relatif à lévaluation du risque sanitaire pour lhomme lié à la présence dans leau destinée à la consommation humaine et dans divers effluents aqueux de virus Influenza hautement pathogène, dans le cas dune épizootie ou de foyers à virus aviaire et/ou dans le cas dune épidémie humaine du 15 mars 2006. Ce rapport est consultable à ladresse Internet suivante : http ://www.afssa.fr/ftp/afssa/34670-34671.pdf
Rapport du groupe de travail de lAFSSA « Virus transmissibles à lhomme par voie orale - question 2 : comment interpréter la présence de génome viral dans des matrices alimentaires et en milieu hydrique en termes dinfectiosité potentielle ? » de novembre 2005.
Quantitative Risk Assessment of Avian Influenza Virus Infection via Water. Rapport du National Institute for Public Health and the Environment (RIVM), 703719012/2005.
Drinking Water and Avian Influenza A/H5N1. Advice to water suppliers. German position current at : 16th March 2006.
Sites Internet : www.grippeaviaire.gouv.fr ; www.sante.gouv.fr.
Annexes :
Annexe I.
- Les virus Influenza aviaires hautement pathogènes (rappel sommaire).
Annexe II.
- Risques sanitaires liés à la présence dans leau de virus Influenza aviaires.
Annexe III.
- Rappels et définitions.
Annexe IV.
- Taux dabattement virucide dans les filières de traitement deau potable.
Annexe V.
- Abattement des virus dans les systèmes dassainissement.
Annexe VI.
- Méthode de recensement des baignades situées dans les communes à risque particulier.
Annexe VII.
- Message type dinformation - baignade et grippe aviaire.
Le ministre de la santé et des solidarités à Mesdames et Messieurs les préfets de région (directions régionales des affaires sanitaires et sociales) ; Mesdames et Messieurs les préfets de département (directions départementales des affaires sanitaires et sociales).
I. - RAPPEL
Face à la menace dune pandémie liée à lapparition dun virus grippal hautement pathogène, un plan national de lutte contre la grippe aviaire a été élaboré. Ce plan comporte des éléments dinformation relatifs notamment aux mesures de prévention à mettre en oeuvre dans diverses situations (en cas dépizootie, en présence de cas humains isolés sans transmission interhumaine, de cas humains groupés avec transmission interhumaine limitée et en cas de pandémie proprement dite).
Depuis février 2006, plusieurs foyers à virus Influenza aviaire hautement pathogène ont été identifiés dans lUnion européenne dont la France. La majorité des cas concerne lavifaune sauvage, un seul foyer a concerné un élevage de dindes en France. Les caractéristiques du virus Influenza aviaire hautement pathogène sont rappelées en annexe I.
Les instances dexpertise nationale (AFSSA et AFSSET) ont été saisies sur le risque sanitaire pour lhomme (population générale et travailleurs exposés), lié à lexposition à des eaux contaminées par les virus Influenza aviaires tant pour les eaux destinées à la consommation humaine (usages alimentaires et de toilette) que pour les eaux de baignade et les eaux usées, en cas dépizootie ou de transmission inter-humaine de virus.
Un résumé relatif aux évaluations du risque pour lhomme basé sur les documents cités en référence figure en annexe II.
Les différentes études épidémiologiques réalisées à ce jour nont pas signalé de cas de transmission du virus à lhomme par leau du robinet, leau de surface ou les eaux usées, même en cas dépizootie.
II. - ACTIONS À METTRE EN OEUVRE
Sur la base des évaluations conduites et en fonction des définitions des zones daction considérées dans la présente circulaire qui figurent en annexe III, je vous demande :
II.1. En matière deau destinée à la consommation humaine
Cas 1 : sur lensemble du territoire :
- didentifier les captages utilisés pour la production deau dalimentation et vulnérables au danger viral (particulièrement les ressources superficielles et les eaux dorigine karstique, les captages soumis à la pénétration deau de surface ou de ruissellement lors dinondation ou dorage important). A ce titre vous pouvez notamment procéder à une extraction des informations contenues dans la base nationale « SISE-Eaux ». Une extraction à léchelon national a déjà été réalisée, les fichiers informatisés correspondants sont disponibles sur le réseau déchange Intranet en santé environnement (RESE) ;
- dinformer les responsables publics et privés des systèmes dalimentation en eau potable :
- quaucune mesure de prévention supplémentaire nest justifiée en matière deau destinée à la consommation humaine, sous réserve :
- dune bonne conception des chaînes de traitement des eaux superficielles et des eaux souterraines vulnérables, dans des conditions dexploitation appropriées pour assurer, à tout moment, une eau exempte de germes pathogènes ;
- et dune surveillance des opérations dexploitation et de désinfection en station de traitement et en réseau de distribution permettant dobtenir une bonne efficacité virucide (cf. annexe IV) ;
- quil convient cependant :
- didentifier les points de faiblesse potentiels des dispositifs dadduction deau (intrusions doiseaux dans les réservoirs, retours deau à partir de citernes ou de puits privés), et de prendre les mesures correctives appropriées si nécessaire.
Cas 2 : zones réglementées ou à risque particulier par rapport à un foyer dans lavifaune sauvage ou domestique :
- de demander aux maires :
- lorsque quun captage est situé dans une zone réglementée ou à risque particulier, dans le cas où de leau de surface ou dorigine karstique est utilisée pour la fabrication deau potable et où les installations de traitement deau ne disposent pas de traitement virucide suffisant, dinformer les consommateurs de faire bouillir leau, jusquà la levée des mesures de police sanitaire définies dans larrêté du 18 février 2006, pour les usages de boisson et pour les préparations culinaires. La présente mesure sapplique également pendant la durée dune crue pour les captages sensibles aux pluies (pénétration deau de ruissellement...) ;
- dinformer les propriétaires de réseaux utilisés pour la production deau potable non raccordés aux réseaux dalimentation en eau potable, tels que citernes de récupération des eaux de pluie issues des toitures, les réseaux deau dirrigation traitées individuellement ou des puits privés qui sont souvent très vulnérables, que jusquà la levée des mesures de police sanitaire définies dans larrêté du 18 février 2006 ils ne doivent pas utiliser leau pour les usages alimentaires ou liés à lhygiène corporelle, sauf après mise en oeuvre dun traitement virucide (cf. annexe IV) ou après ébullition ;
- de porter une attention particulière aux établissements recevant du public et à caractère touristique (campings, colonies de vacances, etc.) qui peuvent exploiter des puits privés parfois mal protégés et dont les infrastructures de stockage pourraient ne pas être correctement entretenues.
II.2. En matière deau de baignade et dactivités nautiques
Cas 1 : baignades situées dans les départements et communes à risque par rapport aux courants migratoires :
- de recenser dans les départements et communes à risque (cf. annexe III) les baignades particulièrement exposées sur la base des critères mentionnés à lannexe VI ;
- de demander aux gestionnaires des sites de baignade, dans les départements et communes à risque (cf. annexe III) recensés précédemment :
- dinformer le public sur les risques liés à la fréquentation de ces eaux, en particulier pour les personnes sensibles et en cas dexposition importante (cf. modèle annexe VII) ;
- de mettre en oeuvre les mesures suivantes visant à diminuer le risque :
- éloigner les oiseaux du site (clôtures, filets, épouvantail...) ;
- nettoyer les abords du site ;
- éventuellement interdire les activités, particulièrement à risques, pour lesquelles lexposition à leau par ingestion, inhalation ou par la voie nasale ou conjonctivale est élevée (natation, plongée...).
Cas 2 : baignades situées dans les zones réglementées ou à risque particulier par rapport à un foyer dans lavifaune sauvage ou domestique :
- la baignade et les activités nautiques sont interdites dans ces zones, jusquà la levée des mesures de police sanitaire définies dans larrêté du 18 février 2006.
II.3. En matière deaux usées
Dans la situation actuelle (virus H5N1 présent uniquement chez les oiseaux) aucune mesure de prévention supplémentaire par rapport à celles qui existent déjà nest justifiée pour les stations dépuration deaux usées.
Ce point devra être reconsidéré, si un virus Influenza humain mutant ou recombinant, circulant au sein de la population humaine, à fort potentiel dexcrétion fécale vient à émerger, notamment pour les personnes :
- travaillant dans les stations dépuration deaux usées ;
- intervenant dans les postes de relèvement deaux usées ;
- travaillant dans les égouts visitables.
Dans les zones réglementées ou à risque particulier (foyer dans lavifaune sauvage ou domestique) et dans le cadre du plan durgence « pestes aviaires », des mesures concernant lélimination des litières usagées et du lisier sont préconisées par le ministère de lagriculture et de la pêche (cf. annexe III).
Lincinération des cadavres doit être préconisée en premier lieu pour lélimination des volailles contaminées. En cas de saturation des capacités dincinération, des mesures concernant lenfouissement de ces volailles sont précisées dans la fiche technique B2 du plan gouvernemental de prévention et de lutte « Pandémie grippale » (cf. annexe III). Les sites recensés dans le cadre de la lutte contre la fièvre aphteuse peuvent être utilisés. Le financement de la prestation de lexpert hydrogéologue est assuré dans le cadre des crédits mis à disposition des directions départementales des services vétérinaires (DDSV) pour la lutte contre les maladies animales.
Lefficacité des différents procédés de traitement des effluents aqueux et des boues résiduaires vis-à-vis de lélimination de différents micro-organismes (taux dabattement) est précisée en annexe V. Il est probable que labattement en bactériophages fécaux (virus nu) conduise à sous-estimer labattement en virus A H5N1.
Je vous informe que jai adressé au syndicat professionnel des distributeurs deau (SPDE) ainsi quà la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et à lAssociation des maires de France (AMF) lavis de lAFSSA et la présente circulaire.
Je vous rappelle quà ce jour aucun des laboratoires agréés pour le contrôle sanitaire des eaux nest en mesure de réaliser les analyses de virus A H5N1 dans leau, cette analyse requérant une technicité toute particulière et la mise au point de méthodes. Par ailleurs, la recherche de ce virus sur les prélèvements animaux nécessite également des compétences spécifiques, et les laboratoires habilités par la direction générale de lalimentation sont peu nombreux (six pour la recherche virologique de criblage et trois dont le laboratoire national de référence pour la confirmation de la présence dagents viraux infectieux, cf. note de service DGAL/SDSPA/N2006-8094 du 13 avril 2006).
Cependant, si nécessaire, dans les zones de contamination avérées, il est possible destimer la capacité dun traitement à éliminer les virus, par la recherche simultanée dun indicateur bactérien et un indicateur phagique :
- indicateurs bactériens de pollution fécale (E. coli, entérocoques... moins résistants que les virus dans lenvironnement) ;
- bactériophages (coliphages somatiques et phages ARN F-spécifiques). Ces derniers ne sont pas des indicateurs fiables de contamination virale dans les eaux mais des indicateurs defficacité du traitement appliqué.
Vous voudrez bien me faire part, sous le présent timbre, des éventuelles difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des dispositions de la présente instruction.
Pour le ministre et par délégation :
Le directeur général de la santé, D. Houssin |
ANNEXE I
LES VIRUS INFLUENZA AVIAIRES HAUTEMENT PATHOGÈNES
(rappel sommaire)
1. Sagissant des virus Influenza aviaires hautement pathogènes (notamment le virus A H5N1) :
Il convient de rappeler que le virus Influenza aviaire hautement pathogène A H5N1 est très contagieux pour les oiseaux et cause une très forte mortalité chez beaucoup de ces espèces. Il nest transmis des oiseaux à lhomme que dans de rares cas et ne se transmet pas de personne à personne. Les cas humains sporadiques avérés à virus Influenza A H5N1 concernent des personnes ayant été en contact direct avec des volailles infectées ou des surfaces et objets contaminés par leurs fèces. La voie de transmission virale à lhomme largement prédominante est la voie aérienne, même si une excrétion fécale de virus infectieux a été observée chez certains patients. Aucune transmission à lhomme par voie orale stricte na été formellement démontrée.
Les oiseaux infectés excrètent une grande quantité de virus dans leurs fèces (jusquà 107 particules par gramme), leurs salive et sécrétions nasales. Le virus a été isolé, sans concentration préalable, dans des échantillons deau prélevés dans des lacs fréquentés par des canards. Le rapport du groupe de travail de lAgence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) sur le risque de transmission à lhomme des virus Influenza aviaires de 2002, mentionné en référence, indique (p. 48) :
- que « les oiseaux sauvages sinfectent par voie orale à partir deaux contaminées par ces virus, les multiplient » ;
- que les virus sont « excrétés par voie fécale à des titres élevés contribuant à contaminer lenvironnement, favorisant ainsi le cycle de linfection dautant que ces virus peuvent persister plus de trois mois dans une eau douce légèrement basique et à une température modérée ».
Lorganisation mondiale de la santé (OMS) rappelle également que le virus, bien que fragile dans lenvironnement, peut néanmoins demeurer virulent dans leau pendant plusieurs jours, notamment en période froide. Le virus résiste mal à la température (quelques jours à une température supérieure à 25 oC) et à la dessiccation. Laugmentation de salinité de leau diminue la résistance du virus. La conservation du pouvoir infectieux est optimale dans les eaux douces fraîches, dont le pH est compris entre 7,4 et 7,8.
2. Sagissant des virus Influenza A humain réassortant ou mutant :
Les cas mentionnés au paragraphe 1 sont à distinguer de lémergence possible dun virus Influenza A humain réassortant ou mutant, hautement infectieux pour lhomme et se propageant facilement de personne à personne. Il nest pas possible de prévoir les modalités dinfection de ce nouveau virus chez lhomme ni son éventuelle excrétion fécale.
ANNEXE II
RISQUE SANITAIRE POUR LHOMME
RÉSULTANT DUNE EXPOSITION PAR LEAU
1. En matière deau destinée à la consommation humaine :
Lévaluation qualitative des risques sanitaires pour lhomme effectuée par lAFSSA le 15 mars 2006 est basée sur la combinaison des différentes probabilités (cf. tableau 1 récapitulatif ci-après). Compte tenu des hypothèses adoptées par lAFSSA, il en résulte que :
a) En situation dépizootie et de cas humains isolés dinfection à H5N1, le risque sanitaire pour lhomme de sinfecter par exposition à leau destinée à la consommation humaine (ingestion ou aérosols induits) semble nul à négligeable.
b) En situation dépidémie chez lhomme à la suite de la mutation ou de la recombinaison dun virus Influenza, le risque sanitaire pour lhomme de sinfecter par exposition à leau de consommation dépendrait en grande partie des propriétés biologiques du virus qui serait alors en circulation au sein de la population humaine, notamment en ce qui concerne son aptitude à être ou non excrété par voie fécale. Il peut être toutefois indiqué que, en labsence dexcrétion fécale virale, le risque dinfection humaine serait qualifié de nul. Cependant, lAFSSA souligne limportance de reconsidérer cette évaluation du risque en fonction des propriétés biologiques du virus qui serait alors en circulation au sein de la population humaine.
Par ailleurs, pour lOMS, le risque sanitaire pour lhomme de sinfecter par inoculation conjonctivale du virus Influenza aviaire A H5N1, lors du lavage du visage par de leau de réseaux publics ayant subi un traitement approprié (désinfection dune eau prétraitée avec une concentration en chlore résiduel dau moins 0,5 mg/l après un temps de contact de 30 minutes à pH < 8,0) ne présente pas de risque significatif.
2. En matière deau de baignade et dactivités nautiques :
Dans lattente de lavis de lAFSSET et selon les données disponibles, les eaux de baignade ou dactivités nautiques peuvent être contaminées par contact direct avec des oiseaux malades ou porteurs sains de virus et par leurs déjections. Les modes de transmission du virus à lhomme lors de la fréquentation de zones de baignade ou dactivités nautiques peuvent être lingestion ou linhalation deau contaminée ainsi que le contact avec les muqueuses nasale ou conjonctivale.
Daprès lOMS, le risque existe pour lhomme de sinfecter lors de baignades ou dactivités nautiques dans des zones fréquentées habituellement par des oiseaux deau et augmente avec le nombre doiseaux infectés. Il est plus élevé en eau stagnante quen eau vive et en eau douce quen eau de mer. Le risque peut être plus élevé pour les personnes immunodéprimées. Toutefois, aucun cas avéré de transmission du virus à lhomme liée à la fréquentation dune zone de baignade ou dactivités nautiques na été rapporté même si la possibilité dinfection par baignade dans leau fortement chargée en virus a été suspectée lors de la survenue de deux cas humains.
3. En matière deaux usées :
Dans lattente de lavis de lAFSSET et selon lOMS, la probabilité de transmission du virus Influenza aviaire A H5N1 par les eaux usées urbaines et les risques pour les agents dassainissement sont très faibles tant que lexcrétion fécale humaine de virus est rare.
LAFSSA précise dans son rapport que :
- dans la pratique, les stations dépuration ne sont conçues que pour traiter les pollutions carbonée, azotée et parfois phosphorée et les filières classiques de traitement des eaux usées ne permettent pas, si elles ne sont pas complétées par un traitement approprié, dabaisser à un seuil suffisant un danger microbien ;
- la plupart des boues issues des stations dépuration, notamment en milieu rural, sont épandues, sans traitement dhygiénisation. Ce dernier permet de réduire le risque à un niveau négligeable. Le risque sanitaire lié à cette pratique est faible si des règles appropriées dépandage (traitement dhygiénisation des boues) et dhygiène du personnel sont respectées. Après incinération, le risque devient nul.
Tableau récapitulatif
(élaboré à partir des informations fournies par lAFSSA)
En situation dépizootie | En situation dinfection humaine par un virus tel que le H5N1 |
En situation dinfection humaine par un virus mutant ou réassortant non excrété par voie fécale |
|||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Types deau et source de contamination | Probabilité de contamination de la ressource en eau | Probabilité de contamination de leau aux points dusages (si traitement adapté au type deau de la ressource, fonctionnant correctement) | Probabilité de survenue de linfection chez lhomme | Probabilité de contamination de la ressource en eau | Probabilité de contamination de leau aux points dusages (si traitement adapté au type deau de la ressource, fonctionnant correctement) | Probabilité de survenue de linfection chez lhomme | Probabilité de contamination de la ressource en eau | Probabilité de contamination de leau aux points dusages (si traitement adaptée au type deau de la ressource, fonctionnant correctement) | Probabilité de survenue de linfection chez lhomme |
Eaux souterraines bien protégées | Nulle | Nulle | |||||||
Eaux superficielles et eaux karstiques (contamination à partir délevages) | Nulle à négligeable | Nulle à négligeable | |||||||
Eaux superficielles et eaux karstiques (contamination à partir de lavifaune sauvage) | Nulle à élevée | Nulle à modérée | Négligeable | Nulle à négligeable | Nulle à négligeable | Négligeable | Nulle sil ny a pas dexcrétion fécale du virus | Nulle sil ny a pas dexcrétion fécale du virus | Cette probabilité ne peut être déterminée. |
Ressources privées (eaux de toiture, puits...) | Nulle à modérée | Nulle à modérée |
Tableau 1 : tableau récapitulatif
(élaboré à partir des informations fournies par lAFSSA)
Nota : les mentions utilisées par lAFSSA pour lestimation qualitative des risques sanitaires pour lhomme correspondent aux définitions suivantes :
- nulle : la survenue de lévénement nest pas possible ;
- négligeable : la survenue de lévénement ne serait possible que dans des circonstances exceptionnelles ;
- faible : la survenue de lévénement est peu élevée, mais possible dans certaines circonstances ;
- modérée : la survenue de lévénement est possible ;
- élevée : la probabilité de survenue de lévénement est élevée.
Selon la méthode utilisée, le résultat de la multiplication de deux probabilités dévénements (nulle, négligeable, etc.) conduit à une probabilité de niveau inférieur à chacune dentre elles.
ANNEXE III
RAPPELS ET DÉFINITIONS
1. Définitions des zones daction
1. a. Zones réglementées et à risque particulier par rapport
à un foyer dans lavifaune sauvage ou domestique
Zones réglementées (par rapport à un foyer dans lavifaune sauvage ou domestique) :
Il sagit des zones de protection et de surveillance définies autour dun foyer isolé dans lavifaune sauvage ou domestique.
Larrêté du 18 février 2006 fixe les mesures techniques et administratives à appliquer dans le périmètre interdit (zones de protection et de surveillance) situé autour du lieu de découverte dun oiseau sauvage suspect dêtre infecté, ou infecté, par une souche de virus Influenza aviaire hautement pathogène.
Ces zones peuvent être complétées, par arrêté préfectoral, par des zones de protection et de surveillance élargies :
- zones de protection : zone dun rayon minimal de 3 kilomètres autour du lieu où loiseau sauvage suspect dêtre infecté a été découvert.
- zones de surveillance : zone sétendant sur une distance dau moins 7 kilomètres au-delà du périmètre de la zone de protection.
- zones de surveillance élargie : tout État membre peut, dans le cadre de la directive 2005/94/CE du 20 décembre 2005, définir une zone de surveillance élargie.
Zones à risque particulier (par rapport à un foyer dans lavifaune sauvage) :
Les zones à risque particulier sont définies par la proximité géographique despèces domestiques avec des foyers dans lavifaune sauvage (détection du virus Influenza aviaire H5N1 hautement pathogène chez un ou plusieurs oiseaux sauvages trouvés morts dans une unité despace restreint) pour des systèmes délevage homogènes incompatibles avec la claustration.
1. b. Départements et communes à risque
par rapport aux courants migratoires
Des zones à risque par rapport aux courants migratoires ont été identifiées à la suite dune évaluation du risque conduite par lAFSSA, combinant des critères de flux migratoires, de présence de zones humides susceptibles daccueillir temporairement des oiseaux migrateurs et de densité délevage et sont reprises en annexe de larrêté du 24 octobre 2005 modifié :
- les départements des Landes, de Loire-Atlantique et de Vendée ont été identifiés à risque plus élevé dintroduction et de diffusion du virus chez les volailles en croisant les données issues de lidentification des flux migratoires, de la localisation des zones humides et de la densité délevage ;
- les communes situées en zone humide ou à proximité immédiate de ces zones ont également été identifiées.
2. Utilisation des eaux de surface
Larrêté du 24 octobre 2005 modifié relatif à des mesures de protection des oiseaux vis-à-vis de lInfluenza aviaire du ministère de lagriculture mentionne que :
« Lutilisation deaux de surface pour le nettoyage des bâtiments et des matériels délevage ainsi que pour labreuvement des oiseaux est interdite, à moins que cette eau nait été traitée pour assurer linactivation dun éventuel virus. Lapprovisionnement des oiseaux en aliments et en eau de boisson doit se faire à lintérieur dun bâtiment ou au moyen de distributeurs protégés de telle façon que les oiseaux ne puissent accéder à ces dispositifs ni les souiller. »
3. Mesures applicables aux litières, lisiers et sous-produits doiseaux provenant dexploitations situées dans la zone de protection
Larrêté du 18 février 2006 mentionné auparavant précise : « le transport et lépandage, en dehors de la zone de protection, de litière usagée ou de lisier non transformés provenant dexploitations situées dans la zone de protection, à lexclusion du transport en vue dun traitement conformément au règlement (CE) no 1774/2002 susvisé sont interdits ».
La note de service DGAL/SDSPA/N2006-8088 du 4 avril 2006 précise que : « Dans le cadre des mesures déradication dun foyer de pestes aviaires, doivent être traitées : les cadavres de volailles, la litière/le fumier/le lisier, les oeufs et autres sous produits animaux (aliments pour animaux, plumes, les déchets de tuerie...). Ces produits sont classés comme sous produits animaux de catégorie 2 selon le règlement CE 1774/2002 du Parlement européen et du Conseil du 3 octobre 2002 établissant des règles sanitaires applicables aux sous produits animaux non destinés à la consommation humaine :
- article 5, point 1, § e) : animaux abattus en vue déradiquer une épizootie ;
- article 5, point 1, § a) : lisier, litière, fumier ;
- article 5, point 1, § g) : oeufs et autres sous-produits animaux (plumes, aliments volailles...) ».
La note précise également les procédures de désinfection des fumiers, litières usagées et lisiers.
4. Mesures applicables à lenfouissement
des cadavres de volailles contaminées par H5N1
La fiche technique B2, du plan gouvernemental de prévention et de lutte « Pandémie grippale » (http ://www.grippeaviaire.gouv.fr/IMG/pdf/Fiches_B.pdf) précise que le choix du site denfouissement est soumis à lavis de la DDASS et de lhydrogéologue agréé du département.
La note de service DGAL/SDSPA no 2006-8088 du 4 avril 2006 précise les modalités techniques de lenfouissement sur place.
ANNEXE IV
TAUX DABATTEMENT VIRUCIDE DANS LES FILIÈRES
DE TRAITEMENT DEAU POTABLE
Lefficacité spécifique des procédés de traitement des eaux destinées à la consommation vis-à-vis des virus A H5N1 nest pas connue à ce jour. Toutefois, les virus aviaires étant des virus à ARN enveloppés moins résistants dans lenvironnement que les virus nus, il est possible de considérer que le taux dabattement des virus aviaires dans les filières de traitement deau serait au moins égal à celui des virus habituellement rencontrés dans les eaux brutes. A titre informatif, lefficacité (taux dabattement) des différents procédés de traitement de leau vis-à-vis de lélimination des entérovirus est précisé dans le tableau ci-après. La capacité dabattement totale dune filière sexprime par la somme des taux dabattement des différents processus individuels successivement mis en oeuvre pour traiter leau.
Par ailleurs, il est important de garder à lesprit que le virus de la grippe aviaire est détruit par la chaleur (ébullition).
ÉTAPES de traitement de leau |
LOG DABATTEMENT (ÉLIMINATION) du procédé de traitement |
TURBIDITÉ | AUTRES CONDITIONS NÉCESSAIRES |
---|---|---|---|
Stockage deau brute | 0 | ||
Filtration sur berge | 3 | ≤ 0,3 NFU | |
Filtration lente | 2 | ||
Prétraitement physique | 0 | ||
Préozonation 0,25 mg dozone (O3)/mg de carbone organique total (COT) | 0 | ||
Coagulation-floculation-décantation-filtration | 2 | ≤ 0,3 NFU | |
Préozonation-coagulation-floculation-décantation-filtration | 2,5 | ≤ 0,3 NFU | |
Adsorption sur charbon actif en grains (CAG) 2e étage | 1 | ||
Ozonation 0,4 mg/l pendant 4 minutes | 4 | ≤ 0,3 NFU | |
Chlore (Cl2) 0,5 mg/l pendant 30 minutes | 4 | ≤ 0,3 NFU | et pH ≤ 8 |
Dioxyde de chlore (ClO2) 0,25 mg/l pendant 30 minutes | 1 | ≤ 0,3 NFU | |
NH 2Cl | 0 | ||
Rayonnement ultra violet - UV (dose moyenne délivrée de 600 J/m2) (astrovirus 1 000 J/m2) | 4 | ≤ 0,3 NFU | Absorbance UV 95 % |
Microfiltration (MF) 0,2 µ m | 2 | ≤ 0,3 NFU | |
Coagulation/microfiltration | 7 | ||
Ultrafiltration 100 000 Da (Daltons) | 6 | ||
Nanofiltration | 2 | Prise en compte de 1 % de fuite au niveau des joints |
|
Osmose inverse | 2 | Prise en compte de 1 % de fuite au niveau des joints |
Tableau 2 : abattement des entérovirus lors des différentes étapes de traitement de leau destinée à la consommation humainedonné à titre indicatif (en tout état de cause, il convient de respecter la réglementation relative aux produits et procédés de traitement)
(Extrait de lavis de lAFSSA du 15 mars 2006)
Nota :
Il est rappelé que :
- tout produit ou procédé utilisé pour le traitement deau destinée à la consommation humaine doit respecter les dispositions de larticle R.* 1321-48 du code de la santé publique ;
- lefficacité de certains procédés de traitement peut dépendre des caractéristiques intrinsèques des supports de traitement employés (cas des membranes de filtration,...), des conditions de leur mise en oeuvre ou de la qualité des eaux brutes à traiter ;
- il appartient à chaque société proposant un procédé de traitement deau dapporter la preuve de son innocuité sanitaire et de son efficacité, dans les conditions dutilisation normales ou prévisibles ;
- les valeurs contenues dans ce tableau ne sont valables que si la turbidité est ≤ 0,3 NFU ;
- il convient dêtre particulièrement vigilant quant au bon fonctionnement des traitements de potabilisation pour obtenir une action virucide.
ANNEXE V
ABATTEMENT DES VIRUS DANS LES SYSTÈMES
DASSAINISSEMENT
(extrait de lavis de lAFSSA du 15 mars 2006)
Traitement des effluents
LOG DABATTEMENT (ÉLIMINATION) du procédé de traitement |
|
---|---|
Chlore (Cl2) 2 à 10 mg/l pendant 30 minutes | 2 à 4 pour les micro-organismes suivants présentés par ordre de résistance décroissante : bactériophage ARN F-spécifique > entérovirus/coliphage > Rotavirus > streptocoques fécaux > coliformes |
Rayonnement ultraviolet - UV (dose moyenne délivrée de 400 J/m2) | *1 à 3 pour les bactériophages ARN F-spécifique 3 à 5 pour les streptocoques fécaux |
Ozonation 5 à 10 mg/l | *1 à 3 pour les bactériophages ARN F-spécifique 3 à 5 pour les streptocoques fécaux |
* Lefficacité de ces traitements est fortement diminuée par la présence de matières organiques et les doses demploi pourraient être diminuées si les matières en suspension étaient éliminées par des procédés de filtration. |
Traitement des boues
LOG DABATTEMENT (ÉLIMINATION) du procédé de traitement sur tous les micro-organismes pathogènes potentiellement présents (virus, bactéries, parasites) |
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Digestion thermophile (55 oC pendant 10 à 20 jours) | 4 |
Stabilisation thermophile (55 oC pendant 10 jours) | 4 |
Compostage bien conduit (50-60 oC pendant 15 à 30 jours) | 4 |
Chaulage fort (pH 12 pendant 10 jours) | 4 |
Pasteurisation (70 oC pendant 3 heures) | 4 |
ANNEXE VI
MÉTHODE DE RECENSEMENT DES BAIGNADES ET ZONESDACTIVITÉS NAUTIQUES SITUÉES DANS LES DÉPARTEMENTS ET COMMUNES À RISQUE PAR RAPPORT AUX COURANTS MIGRATOIRES (cas no 1 du paragraphe II.2)
Les sites de baignade et dactivités nautiques pouvant présenter un risque doivent être recensés en prenant en compte les critères suivants :
- département ou commune à risque par rapport aux courants migratoires ;
- importance de la présence davifaune sauvage sur le site de baignade ;
- présence importante de fientes, de plumes sur le site de baignade ou ses abords ;
- importance de létendue deau (plus létendue deau est grande, plus la charge virale est diluée) ;
- capacité de leau à se renouveler (confinement du site, eau vive ou eau stagnante) ;
- salinité et température de leau ;
- mode dutilisation de la zone et exposition associée (voie dexposition : ingestion, inhalation, contact cutanéo-muqueux ; durée de lexposition ; quantité deau inhalée ou ingérée par le baigneur ; parties du corps du baigneur exposées) ;
- importance de la fréquentation.
Nota : en général les sites de baignade et dactivités nautiques en eau vive et en eau de mer ne présentent pas de risque élevé vis-à-vis de la problématique exposée.
ANNEXE VII
MESSAGES TYPES DINFORMATION BAIGNADE/ACTIVITÉS
NAUTIQUES ET GRIPPE AVIAIRE (cas no 1 du paragraphe II.2)
Bien :
- quil nexiste pas de cas avéré de transmission du virus Influenza aviaire hautement pathogène (A H5N1) à lhomme liée à la fréquentation dune zone de baignade ou dactivités nautiques ;
- quaucun oiseau porteur du virus Influenza aviaire hautement pathogène (A H5N1) nait été recensé sur le présent site,
Compte tenu :
- dune part, de la stagnation de leau et de limportance de lavifaune sauvage sur les rives et zone de baignade de ;
- dautre part, du fait que lors de la fréquentation de zones de baignade ou dactivités nautiques, lingestion ou linhalation deau contaminée et la voie nasale ou conjonctivale peuvent être des voies de pénétration du virus chez lhomme,
Les précautions suivantes sont recommandées :
- maintenir une vigilance particulière vis-à-vis des enfants en bas âge :
- éviter les endroits manifestement souillés par des déjections doiseaux ;
- ne pas les laisser sapprocher des oiseaux, ni toucher des oiseaux malades ou morts, ou ramasser des plumes ;
- leur laver soigneusement les mains à leau et au savon après des jeux à lextérieur dans des lieux fréquentés par des oiseaux.
- si le matériel nautique (planche à voile, etc.) est souillé par des fientes doiseaux, le nettoyer et ensuite le désinfecter en utilisant des gants avant de reprendre lactivité. Lutilisation de systèmes susceptibles de mettre en suspension dans lair des aérosols (lavage sous pression) est à proscrire.