Circulaire DHOS/E2/DGS/SD5C/DGAS/SD2 no 2006-489 du 22 novembre 2006 relative à la conduite à tenir devant des infections respiratoires aiguës basses chez les personnes âgées
NOR : SANH0630530C
Date dapplication : pour diffusion et mise en oeuvre immédiate.
Références :
Les articles L. 3113-1 ; R. 3113-1 à R. 3113-5 et D. 3113-6 et 7 du code de la santé publique ;
Note circulaire no 2004-444 DGS/SD 5C-DHOS/E2-DGAS/SD 2 du 17 septembre 2004 diffusant un avis du Conseil supérieur dhygiène publique de France - section maladies transmissibles - relatif à la prophylaxie chez les personnes à risque lors dune épidémie de grippe dans une collectivité, en période de circulation du virus grippal.
Annexe : guide des conduites à tenir devant une ou plusieurs infections respiratoires aigües basses dans les collectivités de personnes âgées.
Le ministre de la santé et des solidarités à Mesdames et Messieurs les préfets de région (direction régionale des affaires sanitaires et sociales [pour information]) ; Mesdames et Messieurs les directeurs des agences régionales de lhospitalisation (pour information) ; Mesdames et Messieurs les préfets de département (direction départementale des affaires sanitaires et sociales [pour attribution]).
Les personnes âgées, particulièrement celles vivant en collectivité, présentent une vulnérabilité aux infections respiratoires aiguës basses qui sexplique notamment par une fragilité et des facteurs de sensibilité dus à lâge. Les infections respiratoires basses constituent la première cause de mortalité dorigine infectieuse en établissements dhébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les infections en collectivité de personnes âgées, notamment en EHPAD, se situent à mi-chemin entre linfection communautaire et linfection nosocomiale.
Un groupe de travail du Conseil supérieur dhygiène publique de France, section des maladies transmissibles, a élaboré un guide sur la conduite à tenir devant des infections respiratoires aigües basses dans les collectivités de personnes âgées qui a été validé lors de la séance du 18 novembre 2005.
Lobjectif de ce document est de diagnostiquer et de prendre en charge rapidement une infection respiratoire aigüe basse en établissement dhébergement pour personnes âgées afin déviter ou de limiter limpact des épidémies dans ces collectivités.
Ce guide précise les mesures de prévention, de détection, dorientations étiologiques et de thérapeutique des infections respiratoires basses. Il indique, par ailleurs, les mesures de signalement, dinvestigation et de contrôle à mettre en place au sein de ces collectivités. Il renvoie en annexe aux différentes circulaires ainsi quaux différents avis et rapports du CSHPF relatifs à la grippe, aux infections invasives à pneumocoque, aux légionelloses et à la coqueluche.
Il est rappelé que, pour être efficaces, ces mesures de contrôles doivent être entreprises rapidement. Cela impose une mobilisation de tous les acteurs, notamment les professionnels de santé en charge des personnes âgées vivant dans la collectivité, et les services de la DDASS. Il revient aux établissements dorganiser en interne la permanence du dispositif. Sur linitiative de la DDASS, en collaboration avec les différents partenaires concernés, des procédures de gestion seront préétablies et validées.
Ce guide sadresse principalement aux EHPAD et unités de soins de longue durée (USLD), du fait de la fragilité de leurs résidents. Les EHPA et foyers logements sont également concernés par ces recommandations.
Vous voudrez bien diffuser ces recommandations :
- aux directeurs des établissements de santé publics et privés de votre département, en leur demandant de le transmettre aux professionnels concernés ;
- aux directeurs des établissements dhébergements pour personnes âgées, pour diffusion aux professionnels concernés, en particulier aux médecins coordonnateurs et médecins généralistes intervenant dans ces établissements ;
- au conseil général.
Je vous remercie de me tenir informé des difficultés que vous pourrez rencontrer dans la mise en oeuvre des dispositions de la présente circulaire.
Le directeur général de la santé, D. Houssin |
Le directeur général de laction sociale, J.-J. Trégoat |
La directrice de lhospitalisation et lorganisation A. Podeur |
MINISTÈRE DE LA SANTÉ
ET DES SOLIDARITÉS
Direction générale de la santé
CONSEIL SUPÉRIEUR DHYGIÈNE PUBLIQUE DE FRANCE
SECTION DES MALADIES TRANSMISSIBLES
(séance du 18 novembre 2005)
Guide des conduites à tenir devant une ou plusieurs infections respiratoires aigües basses dans les collectivités de personnes âgées
SOMMAIRE
FICHE 1. - Introduction.
FICHE 2. - Epidémiologie des infections respiratoires basses en EHPAD.
FICHE 3. - Particularités des personnes âgées.
Notion de fragilité.
Facteurs de sensibilité du sujet âgé.
FICHE 4. - Prévention.
Mesures dhygiène.
Vaccination.
FICHE 5. - Conduite à tenir devant une infection respiratoire aigüe basse isolée (exacerbation de bronchite chronique exclue) en établissement dhébergement pour personnes âgées.
Objectif.
Diagnostic.
Diagnostic étiologique et examens microbiologiques.
Hospitalisation.
Traitement.
FICHE 6. - Conduite à tenir devant plusieurs cas dinfections respiratoires aigües basses en foyer en établissement dhébergement pour personnes âgées.
Objectif
Prévention.
Détection des premiers cas.
Recherche étiologique.
Mesures de contrôle.
Signalement.
Investigation.
Conduite à tenir devant plusieurs cas dinfection respiratoire basse dans une collectivité de personnes âgées : algorythme.
Fiche dinvestigation de cas groupés dinfection respiratoire basse.
Fiche de recueil synthèse de linvestigation de cas groupés dinfection respiratoire basse.
ANNEXES
ANNEXE I. - MESURES DE PRÉVENTION.
MESURES DE PROTECTION ET DHYGIÈNE EN EHPAD LORS DÉPIDÉMIES DINFECTIONS RESPIRATOIRES BASSES DESTINÉES AU PERSONNEL TRAVAILLANT EN EHPAD.
ANNEXE II. - ÉPIDÉMIE DE GRIPPE DANS UNE COLLECTIVITÉ DE PERSONNES À RISQUE, EN PÉRIODE DE CIRCULATION DU VIRUS GRIPPAL.
ANNEXE III. - INFECTIONS INVASIVES À PNEUMOCOQUE.
ANNEXE IV. - LÉGIONELLOSE.
ANNEXE V. - CAS GROUPÉS DE COQUELUCHE.
ANNEXE VI. - SIGNALEMENT POUR LES EHPAD AFFILIÉS À UN ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ.
ANNEXE VII. - BIBLIOGRAPHIE.
FICHE 1. - INTRODUCTION
Les infections respiratoires basses dans les établissements dhébergement pour personnes âgées (EHPA) possèdent un certain nombre de particularités qui tiennent à lépidémiologie, à la fragilité des personnes atteintes, au risque de transmission croisée, à la fréquence des bactéries multi-résistantes (BMR) 1 2 3 4. Ces particularités et la lourde morbi-mortalité associée aux infections respiratoires basses en établissements dhébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) justifient que des recommandations spécifiques soient publiées. Linfection en EHPAD se situe à mi-chemin entre linfection « communautaire » et linfection « nosocomiale ». Cest pourquoi le concept dinfection acquise en EHPAD « Nursing Home-Acquired Pneumonia » 5 des anglo-saxons a émergé.
Les établissements dhébergement pour personnes âgées 6 accueillent des personnes âgées souvent dépendantes pour de longues périodes. Il sagit habituellement du dernier lieu de vie des personnes accueillies. Ces établissements constituent un groupe très hétérogène de structures de part leur statut public, privé ou participant au service public hospitalier (PSPH), leur taille (dune dizaine à plusieurs centaines de lits), leur organisation et leurs moyens en personnels (partout faible eu égard aux besoins de la population accueillie), le niveau de dépendance et le besoin en soins des résidents. Certaines sont des services hospitaliers (unités de soins de longue durée), dautres sont rattachées à un hôpital, dautres enfin sont indépendantes de toutes structures hospitalières.
Le Conseil supérieur dhygiène publique de France a demandé la constitution dun groupe de travail sur la mise en place de recommandations sur la conduite à tenir lors de cas dinfections respiratoires basses chez des personnes âgées en collectivité.
Ce groupe était composé de :
- Dr Bonmarin (I.) épidémiologiste, InVS ;
- Dr Carlet (J.), réanimateur ;
- Dr Deutsch (P.), médecin de santé publique, DGS ;
- Pr de Wazières (B.), gériatre ;
- Dr Lavallart (B.), gériatre, DGS6;
- Pr Léophonte (P.), pneumologue ;
- Dr Pellanne (I.), médecin, Afssaps ;
- Pr Peyramond (D.), Infectiologue, CSHPF ;
- Pr Puisieux (F.), gériatre, président ;
- Dr Ruault (G.), gériatre.
Le groupe sest réuni de janvier à juillet 2005 et sest attaché à élaborer des recommandations en répondant aux directives de la lettre de mission :
- synthétiser les connaissances sur les conséquences des infections respiratoires basses (bronchite aiguë, exacerbation de bronchite chronique, pneumonie, grippe, coqueluche) en termes de morbi-mortalité ainsi que sur les moyens diagnostiques, thérapeutiques et prophylactiques disponibles en France ;
- définir la notion de cas groupés dinfections respiratoires basses ;
- définir la notion de collectivités de personnes âgées ;
- définir des critères permettant la détection rapide de cas groupés dinfections respiratoires basses ;
- élaborer un protocole dinvestigation étiologique, de signalement et de traitement en collectivités de personnes âgées et en EHPAD ;
- regrouper les différentes conduites à tenir recommandées par le CSHPF relatives aux mesures de prophylaxie des différentes infections respiratoires basses (grippe, infections à pneumocoques, légionellose...) ;
- proposer un guide des conduites à tenir lors de la survenue de cas groupés dinfections respiratoires basses en collectivités de personnes âgées et en EHPAD, incluant les conduites à tenir selon les différentes étiologies.
Afin de donner une cohérence à ces recommandations, le sujet a été limité à la prise en charge des infections respiratoires basses en établissement dhébergement pour personnes âgées, exacerbations de bronchite chronique exclues.
Une recommandation de bonne pratique (RBP) établie par lAfssaps portant sur lantibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires basses de ladulte a été actualisée dernièrement. Alors que des références à la RBP ont été mentionnées dans ce texte, des différences apparaissent cependant entre les deux documents. Ces quelques divergences sont liées au fait que la RBP de lAfssaps vise plutôt une attitude globale sadressant à la population générale, alors que cette recommandation a une spécificité ciblée sur lactivité médicale gériatrique. Quand nécessaire, figurent dans ce texte des astérisques renvoyant à une note de bas de page explicative.
Ce guide sadresse principalement aux EHPAD, du fait de la fragilité de leurs résidents. Les EHPA et foyers logements sont également concernés par ces recommandations. Seul le terme dEHPAD est utilisé dans ce document.
Ce guide regroupe en annexes les recommandations du Conseil supérieur dhygiène publique de France existantes relatives aux infections respiratoires basses spécifiques déjà existantes : grippe, infections invasives à pneumocoques, coqueluche, légionellose.
FICHE 2. - ÉPIDÉMIOLOGIE DES INFECTIONS
RESPIRATOIRES BASSES EN EHPAD
Nous ne disposons pas en France de données épidémiologiques précisessur lincidence des infections respiratoires en EHPAD. Des données concernant les unités de soins de longue durée hospitalières peuvent être tirées des deux enquêtes de prévalence nationales des infections nosocomiales de 1996 et 2001 7 8. Dans ces structures, la prévalence se situait autour de 10 % avec deux localisations infectieuses prédominantes : urinaire et respiratoire. Aux Etats-Unis, la prévalence des infections respiratoires basses dans les « nursing homes » et « long term cares » se situe, selon plusieurs études, entre 0,3 et 2,5 épisodes pour 1 000 jours-résidents, avec une médiane à 1 épisode pour 1 000 jours-résidents 9 10 11 12 13 14 15. Cette incidence est 10 fois plus élevée que celle rapportée aux Etats-Unis pour la population de plus de soixante-quinze ans vivant en communauté 16 17. Les infections respiratoires basses constituent la première cause de mortalité dorigine infectieuse en EHPAD 10 11 12 13 14 15 16 et la première cause infectieuse de transfert vers lhôpital. Dans les séries rapportées, 9 à 50 % des résidents ayant une pneumonie doivent être transférés à lhôpital 18 19. Pour ces patients, la mortalité intra-hospitalière varie dans les études de 13 % à 41 % 20 21.
Dans les études autopsiques, les infections respiratoires basses sont parmi les toutes premières causes de décès en institution gériatrique. Dans la grande série autopsique publiée par Aronow et al., les maladies infectieuses sont la cause de 21 % des décès 22. Dans la série de 3 000 autopsies consécutives effectuées en institution gériatrique à Genève 23 les pathologies infectieuses représentaient 54,6 % des décès dont 60 % pulmonaires.
FICHE 3. - PARTICULARITÉS DES PERSONNES ÂGÉES
Les sujets âgés, particulièrement ceux en collectivité, présentent une vulnérabilité aux infections respiratoires aiguës basses qui sexplique notamment par une fragilité et des facteurs de sensibilité.
Notion de fragilité
Le vieillissement saccompagne dune diminution des capacités fonctionnelles et plus encore des réserves fonctionnelles de lorganisme, ce qui induit une réduction de la capacité de lorganisme à sadapter aux situations dagression 24. Cependant, la réduction des réserves fonctionnelles liée au vieillissement est très variable dun organe à lautre (vieillissement différentiel inter-organe) et dun individu âgé à lautre (variabilité interindividuelle).
La population âgée est donc caractérisée par une grande hétérogénéité. On distingue volontiers trois groupes dindividus âgés : les vigoureux, les fragiles et les dépendants. Le syndrome de fragilité est défini par une perte des réserves adaptatives due au vieillissement et aux maladies chroniques 25. Les patients fragiles sont dans lincapacité de sadapter à un stress même minime. Ils sont particulièrement exposés au risque de décompensation fonctionnelle et de pathologies en cascade. Reconnaître la fragilité pour prévenir la perte dautonomie est un enjeu majeur de la prise en charge thérapeutique du malade âgé. Parmi les marqueurs cliniques les plus pertinents dun état de fragilité sont la chute, lincontinence et le syndrome confusionnel. Dautres éléments de lévaluation gérontologique permettent de repérer la fragilité, comme la fonction musculaire, la capacité aérobie, létat nutritionnel, les fonctions cognitives et les aptitudes psychomotrices, notamment posturales, qui sont altérés chez lindividu fragile. Lévaluation gériatrique standardisée qui fait appel à des outils simples et bien validés constitue une approche pertinente du sujet âgé fragile 26 27.
Les personnes âgées vivant en institution sont très majoritairement des personnes âgées fragiles, à haut risque de perte dautonomie ou déjà dépendantes pour les actes de la vie quotidienne. Elles sont souvent atteintes de pathologies chroniques multiples (polypathologie) et sont polymédicamentées. Beaucoup présentent des troubles cognitifs en rapport avec une maladie dAlzheimer ou une autre démence 28.
Face à un malade âgé, la décision médicale ne doit pas se fonder prioritairement sur lâge chronologique du patient 29. Il sagit en effet dun mauvais critère de choix. Rien ne doit être refusé ou imposé à un malade âgé du seul fait de son âge. La connaissance de lautonomie du patient et de ses pathologies associées et lappréciation de ses réserves fonctionnelles sont plus utiles pour établir le pronostic, définir une démarche diagnostique et thérapeutique individualisée, adaptée et cohérente.
Facteurs de sensibilité du sujet âgé
La plus grande vulnérabilité du sujet âgé aux infections broncho-pulmonaires sexplique par des facteurs généraux et des facteurs locaux 30 31 32 33 34 35 36.
Les facteurs généraux 31 32 3 2 sont le vieillissement du système immunitaire, la dénutrition protéino-énergétique, les carences en oligo-éléments comme le zinc et le sélénium et en certaines vitamines (vitamine B6 ou vitamine E par exemple), les maladies chroniques ou dégénératives associées dont certaines altèrent les défenses naturelles de lhôte (bronchopathie chronique, diabète, cancers, éthylisme, certaines maladies neurologiques, etc.), certains traitements favorisants (corticoïdes, immuno-suppresseurs...).
Les facteurs locaux 33 34 35 36 sont la diminution de lefficacité de la toux, de lélasticité bronchiolaire, de lefficacité du système muco-ciliaire, et une modification de la flore oropharyngée avec la multiplication des bacilles à Gram négatif à la place des bactéries à Gram positif. Cette colonisation est favorisée par la mauvaise hygiène bucco-dentaire, la pression de sélection des antibiotiques, latrophie gastrique et lhypochlorhydrie. Cette modification de la flore oropharyngée jouerait un rôle considérable car le sujet âgé sinfecte le plus souvent à partir de loropharynx à loccasion de troubles de déglutition cliniquement évidents (classiques fausses routes plus ou moins bruyantes à lorigine de pneumopathies dinhalation siégeant avec prédilection à la base droite et volontiers récidivantes) ou, plus souvent, de micro-inhalations.
Peu détudes se sont intéressées spécifiquement aux facteurs de risque dacquisition dune infection respiratoire basse en EHPAD 11 14 15 37. Le mauvais état fonctionnel et la perte dautonomie pour les activités de la vie quotidienne sont les premiers facteurs de risque dacquisition dune pneumonie et les premiers facteurs de risque de mortalité en cas de pneumonie. Dautres facteurs de risque dacquisition ont été mis en avant dans les études comme un âge élevé, le sexe masculin, les troubles de déglutition, lincontinence urinaire, lusage de traitements sédatifs, lalimentation par sonde nasogastrique, une forte comorbidité (accident vasculaire cérébral, démence, pathologie pulmonaire). Ces facteurs de risque sont retrouvés dans le travail français de lObservatoire du risque dinfection en gériatrie qui met également en avant la dénutrition, loxygénothérapie, la prescription antérieure dantibiotiques, linsuffisance cardiaque 38.
FICHE 4. - PRÉVENTION
Mesures dhygiène :
Lapplication des règles dhygiène, particulièrement en collectivité, a une place essentielle pour réduire la transmission. Un rappel régulier de la bonne pratique des règles dhygiène est nécessaire. La survenue de cas groupés ou dune épidémie dans la collectivité doit être loccasion de revoir lapplication de ces mesures (cf. annexe I).
Vaccination
Les pneumonies et la grippe sont des pathologies graves chez les personnes âgées avec un taux de mortalité non négligeable. Le fait dêtre en collectivité favorise le risque dépidémie, la vaccination des personnes âgées et des professionnels en est la mesure de prévention essentielle 39 40.
La grippe :
La vaccination contre la grippe des personnes à risque est destinée à réduire les décès liés à la maladie chez les personnes à risque notamment les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus. La vaccination du personnel soignant dans les collectivités de sujets âgés entraîne une diminution de la mortalité des résidants 41 42. La vaccination contre la grippe est donc recommandée, chaque année :
- aux personnes de soixante-cinq ans et plus et aux sujets atteints de certaines pathologies chroniques ;
- à tous les professionnels travaillant en EHPAD.
Les visiteurs habituels de personnes âgées en collectivité pourraient être informés de lintérêt de se faire vacciner pour protéger indirectement les résidants de la collectivité.
Le pneumocoque :
La vaccination anti-pneumococcique avec le vaccin polyosidique 23 valent est recommandée :
- tous les cinq ans, pour les sujets splénectomisés, les drépanocytaires homozygotes, les patients atteints de syndrome néphrotique, les insuffisants respiratoires, les patients alcooliques avec hépatopathie chronique, les insuffisants cardiaques et les sujets ayant des antécédents dinfection pulmonaire ou invasive à pneumocoque.
Cette vaccination doit être proposée à ces sujets sils nen avaient pas encore bénéficié, lors de leur admission dans des structures de soins ou dhébergement.
FICHE 5. - CONDUITE À TENIR DEVANT UNE INFECTION RESPIRATOIRE AIGÜE BASSE ISOLÉE (EXACERBATION DE BRONCHITE CHRONIQUE EXCLUE) EN ÉTABLISSEMENT DHÉBERGEMENT POUR PERSONNES ÂGÉES
Objectif
Lobjectif est de diagnostiquer et de prendre en charge rapidement une infection respiratoire aigüe basse en établissement dhébergement pour personnes âgées.
Diagnostic
Les infections respiratoires basses comportent la bronchite aigüe et la pneumonie. Dans la majorité des cas, seule la pneumonie sera traitée par une antibiothérapie. Il est donc important de recueillir les signes cliniques, biologiques et radiologiques qui permettent un diagnostic différentiel entre ces deux entités.
Signes cliniques :
Théoriquement les tableaux cliniques des pneumonies et bronchites aigües sopposent. Les principaux signes cliniques en faveur de la pneumonie et de la bronchite aigüe sont rappelés dans le tableau 1.
En pratique, il est souvent difficile, chez les sujets âgés, de distinguer bronchite et pneumonie au stade initial de linfection. Cest une des raisons principales qui justifient la réalisation dune radiographie de thorax en cas dinfection respiratoire basse chez le sujet âgé. Le diagnostic de bronchite aigüe ne peut être retenu quaprès avoir éliminé une atteinte parenchymateuse.
Le traitement de la bronchite aigüe de ladulte sain ne requiert pas dantibiotique. Il ny a pas dargument pour adopter une attitude différente vis-à-vis de ladulte âgé.
Cependant, la prudence veut que, en cas de doute diagnostique, toute infection respiratoire basse du sujet âgé fragile soit considérée comme une pneumonie probable et traitée comme telle. Secondairement, la radiographie de thorax, la biologie et lévolution clinique permettront souvent de préciser le diagnostic.
Tableau 1. - Signes et symptômes suggestifs des infections
des voies respiratoires basses
SIGNES ÉVOCATEURS dinfection des voies respiratoires basses |
SIGNES ÉVOCATEURS de pneumonie |
SIGNES ÉVOCATEURS de bronchite aigüe |
---|---|---|
Association ou succession de : - toux souvent grasse ; - au moins un signe fonctionnel ou physique datteinte respiratoire basse : - dyspnée, - douleur thoracique, - sifflement, - signes auscultatoires récents diffus ou en foyer, - au moins un signe général suggestif dinfection : - fièvre, - sueurs, - céphalées, - arthralgies, - mal de gorge, - « rhume ». |
- fièvre > 38,5o C - tachycardie > 100/min - polypnée > 25/min - douleur thoracique - absence dinfection des voies respiratoires hautes - impression globale de gravité - signes auscultatoires en foyer (râles crépitants). Mais symptomatologie trompeuse chez le sujet âgé, en cas de comorbidité et/ou de vie en institution. Le diagnostic doit être confirmé par la radiographie pulmonaire : opacité parenchymateuse. |
- fièvre inconstante, généralement peu élevée - brûlure rétrosternale - toux parfois précédée dinfection des voies respiratoires hautes - auscultation normale ou râles bronchiques diffus. |
Ce tableau reprend celui des RBP de lAFSSAPS. |
Il faut aussi distinguer cette situation des exacerbations de bronchite chronique qui surviennent chez un patient ayant une pathologie respiratoire chronique. La prise en charge thérapeutique est différente. Ce problème ne sera pas abordé dans ce rapport.
Particularité chez le sujet âgé :
Le tableau clinique de pneumonie est souvent trompeur chez le sujet âgé. Plusieurs études ont montré chez le sujet âgé une moindre fréquence des symptômes et des signes les plus typiques 43 44. La fièvre et la toux sont absentes dans un cas sur trois. Lexpectoration et la dyspnée manquent près dune fois sur deux.
Il faut penser à une infection respiratoire basse chez le sujet âgé devant des signes peu spécifiques traduisant une décompensation fonctionnelle comme un état confusionnel, une anorexie, des chutes, une altération de létat général, un amaigrissement, des douleurs abdominales, un malaise, une somnolence, une incontinence, une décompensation dinsuffisance respiratoire chronique ou dinsuffisance cardiaque, etc.
A lauscultation pulmonaire, des râles, des ronchi ou des crépitants sont perçus dans plus de 80 % des cas. Leur caractère localisé est un bon signe en faveur dune infection pulmonaire. Cest là le signe clinique le plus sensible avec la polypnée supérieure à 25/mn.
En pratique, un syndrome complet de condensation alvéolaire nest observé que dans un quart à un tiers des cas de pneumonie du sujet âgé. Selon Wipf et al. 45, un diagnostic de pneumonie fait sur le seul examen physique a une spécificité entre 58 % et 75 % et une sensibilité entre 47 % et 69 %.
Signes de gravité :
Les signes de gravités sont les suivants :
Tableau 2
Atteinte des fonctions supérieures (altération de la conscience). Atteinte des fonctions vitales : - PA systolique < 90 mmHg ; - fréquence cardiaque > 120/min ; - fréquence respiratoire > 30/min. Température < 35 oC ou et égal à 40 oC ; Néoplasie associée (cancer autre que basocellulaire, actif ou diagnostiqué dans lannée) ; Pneumonie dinhalation ou sur obstacle trachéobronchique connu ou suspecté. |
Le tableau 2 est une reprise des signes de gravité tels que mentionnés dans le document « Pneumonies aigües communautaires », service évaluation des pratiques, ANES, décembre 2001 et dans la RBP de lAFSSAPS, 2005. |
Signes biologiques :
Deux examens biologiques sont recommandés car ils ont un intérêt et peuvent aider le clinicien au stade du diagnostic :
- la numération formule sanguine ;
- la C réactive protéine (CRP).
Une hyper-leucocytose à polynucléaires neutrophiles et une forte élévation de la CRP sont en faveur dune infection bactérienne.
La mesure de la saturation en oxygène par capteur digital est recommandée. Cest un examen simple et non invasif, réalisable au lit du patient à laide dun appareil portable.
Signes radiologiques :
Du fait de la fréquence particulière des tableaux cliniques atypiques chez la personne âgée vivant en institution, une radiographie de thorax est nécessaire pour confirmer le diagnostic 2 3 4 6.
Cependant, les signes radiologiques apparaissent de façon différée par rapport aux premiers signes cliniques.
Tenant compte du fait que, dans de nombreux EHPAD, la radiographie de thorax nest pas un examen facilement accessible et nécessite un transfert du malade à lhôpital, les recommandations suivantes sont préconisées :
Devant tout signe clinique évocateur dinfection respiratoire aigüe basse (cf. note 1) .
1. Lorsque lexamen peut être fait sur place, toute suspicion dinfection respiratoire basse demande une radiographie thoracique.
2. Lorsque lexamen ne peut pas être fait sur place, il faut tenir compte de lexistence ou non de signes de gravité (Tableau 2) :
a) En labsence de signes de gravité, la radiographie thoracique peut ne pas être faite dans un premier temps ;
b) En présence de signes de gravité, le patient doit être adressé à lhôpital.
Diagnostic étiologique et examens microbiologiques
En milieu extra-hospitalier, les examens microbiologiques sont difficiles à obtenir. Ils sont aussi de faible rentabilité particulièrement chez la personne âgée, que ce soit par manque de spécificité (examen cyto-bactériologique des crachats (ECBC)) ou de sensibilité (hémocultures) 46 47. On considère que la majorité des sujets âgés institutionnalisés est incapable de produire une expectoration satisfaisant les critères cytologiques de qualité (moins de 10 cellules épithéliales et plus de 25 leucocytes polynucléaires par champ microscopique pour la validité de lexamen direct, culture pure ou présence de plus de 107 UFC/ml pour la validité de la culture). La fréquente colonisation de loropharynx par des bacilles à Gram-négatif et la contamination des voies aériennes supérieures rendent linterprétation de lECBC plus difficile chez le sujet âgé 33 34.
En pratique, si le patient nest pas hospitalisé, et en dehors dune suspicion de tuberculose, le seul examen microbiologique pouvant être utile est la recherche dans les urines dantigènes de Legionnella pneumophila. Le traitement antibiotique est donc presque toujours probabiliste en labsence de données microbiologiques.
Si le patient est hospitalisé, la réalisation dexamens microbiologiques se justifie en cas de pneumonie dautant plus que le patient présente des signes de gravité : ECBC, hémocultures, recherche dantigènes urinaires pneumococciques ou de Legionella pneumophila, sérologies des germes intracellulaires 48.
Les données microbiologiques concernant les pneumonies institutionnelles sont relativement rares et discordantes 49 50 51 52 53 5455 56 57 58 59 60 61 62 63 64. Aucune étude multicentrique nest disponible.
Il faut considérer que chaque institution gériatrique a sa flore propre qui dépend de la population accueillie, de la pression antibiotique, des habitudes de prescription des médecins intervenants, de la fréquence des aller-retour des résidents entre la résidence et lhôpital. La stratégie thérapeutique en manière dantibiothérapie probabiliste devrait idéalement reposer sur une connaissance précise de cette flore. De façon un peu schématique, on peut considérer que la flore des institutions est « intermédiaire » entre la flore communautaire et la flore hospitalière ; la flore des foyers logements étant plutôt de type communautaire, celle des unités de soins de longue durée étant proche de la flore hospitalière (avis dexperts).
Malgré le manque de clarté des études disponibles, on peut considérer comme établies les données suivantes 1 2 3 4 :
- Streptococcus pneumoniae est une cause importante de pneumonie en EHPAD. Dans la majorité des études faites en milieu institutionnel, il est la bactérie prépondérante ;
- le risque dinfection à bacilles à Gram négatif, à Staphylococcus aureus (souvent résistants à la méticilline) est augmenté chez les patients présentant une lourde comorbidité et fonctionnellement dépendants ;
- les virus, (Influenzae A, B, virus respiratoire syncitial, Parainfluenzae) sont responsables dune part importante des infections respiratoires basses en milieu institutionnel quelles soient sporadiques ou épidémiques ;
- le rôle des bactéries atypiques (Legionella pneumophila, Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae) est indéterminé. Au regard des études, il paraît plus faible chez le sujet âgé que chez le sujet jeune ;
- les coinfections par plusieurs agents pathogènes ne sont pas rares, notamment chez les sujets débilités ;
- le risque dinfections par des bactéries multirésistantes, notamment du staphylocoque doré méticilline-résistant est accru en cas dantibiothérapie préalable à large spectre, et chez les sujets débilités ;
- les pneumocoques de sensibilité réduite à la pénicilline sont plus fréquemment rencontrés chez des sujets âgés institutionnalisés. Un âge supérieur à 70 ans, la prescription de bêta-lactamines dans les trois mois précédents et/ou une hospitalisation antérieure, le terrain (bronchites chroniques, cancer, splénectomie, infection à VIH). les antécédents de pneumopathie et le caractère nosocomial sont dautres facteurs de risque dinfection à pneumocoque de sensibilité réduite. De véritables épidémies de pneumonie à pneumocoques sont décrites en institution, confirmant que, même pour ce germe, laspect nosocomial et épidémique existe. Aux Etats-Unis les souches résistantes à la lévofloxacine sont significativement plus fréquentes en institution (cf. note 2) .
HOSPITALISATION
Une hospitalisation peut avoir des effets défavorables chez la personne âgée fragile : syndrome confusionnel, chutes, incontinence, dénutrition, syndrome dimmobilisation, décompensations en cascade, perte dautonomie 65. Par ailleurs, il ny a pas dévidence dans la littérature médicale que lhospitalisation améliore la survie des patients. En effet, les taux de mortalité observés dans les études sont égaux ou inférieurs pour les patients traités au sein de létablissement dhébergement comparés aux patients traités à lhôpital 20 21 66 67 68. Cependant, les comparaisons directes sont difficiles en raison de plusieurs facteurs confondants : les patients hospitalisés peuvent être plus gravement atteints que les patients traités sur place, ou avoir été transférés après léchec dun traitement de première ligne. A linverse, certains patients très gravement atteints peuvent ne pas avoir été hospitalisés pour des raisons éthiques.
En pratique, lhospitalisation simpose dans tous les cas suivants : (cf. note 3)
1. En présence de signes de gravité clinique (tableau 2) ;
2. En cas de complication de la pneumonie (notamment suspicion dépanchement pleural ou dabcédation) ;
3. Lorsque les soins requis et une surveillance pluriquotidienne du patient ne peuvent pas être assurés dans lEHPAD.
4. Secondairement, lorsque lévolution nest pas favorable.
Dans les autres cas, lhospitalisation doit être discutée en tenant compte des facteurs de risque de mortalité (cf. tableau 3) liés aux comorbidités, des souhaits du patient et de sa famille, des possibilités de prise en charge dans lEHPAD.
Des hospitalisations courtes (de 48 heures environ) dans des services ciblés partenaires de lEHPAD, susceptibles daccueillir directement le patient en évitant un passage par les urgences, sont des solutions à développer.
Tableau 3. - Facteurs de risque de mortalité
Age > 65 ans (*) | |
- insuffisance cardiaque congestive ; - maladie cérébrovasculaire (antécédents daccident vasculaire cérébral ou ischémique transitoire) ; - maladie rénale (insuffisance rénale chronique ou élévation de la créatininémie) ; - maladie hépatique (cirrhose hépatique ou autre hépatopathie chronique) ; - BPCO ; - diabète sucré non équilibré ; |
- immunodépression (corticothérapie par voie générale ou traitement immunosuppresseur dans les 6 mois, splénectomie, chimiothérapie dans les 6 mois, SIDA, cachexie...) ; - drépanocytose homozygote ; - antécédent de pneumonie bactérienne ; - hospitalisation dans lannée ; - vie en institution. |
Ce tableau est extrait du document « Pneumonies aiguës communautaires », service évaluation des pratiques, ANES, décembre 2001, et dans la RBP de lAfssaps, 2005. (*) Lâge physiologique, bien plus que lâge civil, est à prendre en compte. |
Traitement
Antibiothérapie
En cas de bronchite aigüe, hormis exacerbation de bronchite chronique pour laquelle les recommandations sont différentes, lattitude classique consiste à ne pas prescrire dantibiotiques. Toutefois, chez le sujet âgé fragile, quand il nest pas possible de différencier sur le plan clinique bronchite simple et pneumonie et que la radiographie de thorax ne peut être obtenue, on peut être amené à prescrire un antibiotique. Le patient doit être surveillé étroitement et la situation réévaluée. Dans ces circonstances, lamoxicilline est lantibiotique de choix.
En cas de pneumonie, le traitement antibiotique doit être instauré sans retard 69.
Les récentes recommandations de lAfssaps en matière dantibiothérapie sappliquent à la pneumonie du sujet âgé vivant en EHPAD.
Lantibiothérapie des pneumonies communautaires est probabiliste.
Le choix de lantibiothérapie doit être discuté individuellement en tenant compte de :
- la nature des facteurs de risque ;
- létat clinique ;
- les divers germes potentiellement responsables.
Streptococcus pneumoniae étant au premier plan, lantibiothérapie doit toujours couvrir le pneumocoque.
Lantibiothérapie (cf. note 4) est le plus souvent discutée entre :
- amoxicilline-acide clavulanique per os ;
- ou céphalosporine de troisième génération injectable (ceftriaxone) ;
- ou fluoroquinolone antipneumococcique (lévofloxacine ou moxifloxacine), également active sur les bactéries atypiques. Une exposition antérieure récente (moins de trois mois, quelle que soit lindication initiale) dune fluoroquinolone (anti-pneumococcique ou non) expose au risque de sélection de souches moins sensibles et constitue une réserve à leur utilisation ; il est donc recommandé de ne pas les prescrire de façon répétée chez un même patient.
Très peu dessais cliniques randomisés ont été réalisés en milieu institutionnel. De petite taille, ils sont généralement peu informatifs 70 71 72 73. Gleason et al. 74 ont analysé les dossiers de 12 945 patients du Medicare hospitalisés pour une pneumonie. Le traitement initial par une céphalosporine de 2e ou 3e génération associée à un macrolide ou par une quinolone seule était associé à une moindre mortalité à 30 jours comparé à une céphalosporine de 3e génération non anti-pseudomonas seule, ou à amoxicilline-acide clavulanique + macrolide ou aminoside + autre antibiotique. La société canadienne des maladies infectieuses recommandait en 2000 pour les pneumonies institutionnelles traitées sur place lusage soit dune fluoroquinolone anti-pneumococcique seule, soit lassociation amoxicilline-acide clavulanique + macrolide 75, lassociation céphalosporine de 2e génération + macrolide étant une autre alternative. Daprès les RBP de lAfssaps, il ny a pas de justification à une bithérapie demblée prescrite au motif délargir le spectre dactivité du traitement.
La durée de traitement est de 7 à 14 jours.
Un contrôle de lefficacité du traitement après 48-72 heures est impératif :
- sous traitement efficace, lamélioration symptomatique survient dans les 48-72 heures ; le traitement ne doit alors pas être modifié ;
- labsence damélioration à 48-72 heures de traitement bien suivi conduit, selon la gravité clinique, soit à une modification du traitement selon les recommandations Afssaps, soit à une hospitalisation ;
- laggravation clinique, survenant à nimporte quelle période, conduit à lhospitalisation.
Chez le sujet âgé, il faut tenir compte des modifications de la pharmacologie des médicaments qui dépendent de lâge du patient mais surtout des déficiences secondaires aux pathologies associées. Il faut considérer les fonctions hépatiques et rénales pour le choix du médicament et pour la détermination de la dose. En particulier, la fonction rénale doit être appréciée en lapproximant à laide de la formule de Cockroft ou par la formule « MDRD » 76. Une mise au point a été publiée en juin 2005 par lAfssaps intitulée « Prévenir la iatrogénèse médicamenteuse chez le sujet âgé », qui rappelle les règles de bonne prescription chez le sujet âgé. Un court paragraphe est consacré spécifiquement à lutilisation des antibiotiques.
Autres éléments du traitement
La prise en charge du malade âgé fragile est nécessairement une prise en charge globale prenant en compte lensemble des problèmes médico-psycho-sociaux. Lobjectif principal est de préserver lautonomie fonctionnelle du patient.
Au traitement antibiotique, il faut associer loxygénothérapie par voie nasale, les bronchodilatateurs en spray en cas de spasme bronchique, la réhydratation ou la prévention de la déshydratation, la kinésithérapie respiratoire pluriquotidienne, la supplémentation nutritionnelle en cas de dénutrition ou danorexie, les soins de bouche, le traitement préventif des thromboses veineuses et la prévention des complications du décubitus.
La fièvre et la polypnée peuvent conduire en cas dinfection respiratoire basse à dimportantes pertes hydro-sodées et à une déshydratation si la compensation est insuffisante. Les sujets confus, déments, incapables de se déplacer seuls ou traités par diurétiques sont particulièrement exposés. Il est indispensable de rechercher une déshydratation par la clinique et un examen sanguin qui comprendra une urée sanguine, une créatininémie et un ionogramme sanguin. En cas de déshydratation, la compensation pourra se faire par voie orale, si les pertes sont limitées (inférieures à 1,5 litres) et le patient susceptible de boire en suffisance, par voie intraveineuse sinon. En cas de déshydratation modérée ou à titre préventif si le patient est traité dans lEHPAD, la perfusion sous-cutanée constitue une bonne alternative à la perfusion intraveineuse.
FICHE 6. - CONDUITE À TENIR DEVANT PLUSIEURS CAS DINFECTIONS RESPIRATOIRES AIGUËS BASSES EN FOYER EN ÉTABLISSEMENT DHÉBERGEMENT POUR PERSONNES ÂGÉES.
Les collectivités de personnes âgées réunissent des structures très différentes qui vont des maisons de retraite abritant des sujets valides aux structures médicales lourdes où sont hébergés des sujets en fin de vie et porteurs daffections chroniques multiples.
Létiologie des infections respiratoires peut être virale ou bactérienne.
Le risque épidémique est très dépendant de la structure dhébergement elle-même et de létat sanitaire de ses résidents. Peu de données sur la fréquence des étiologies sont disponibles.
Le contrôle de ces épidémies est dautant plus important que la population est fragile.
Objectif
Lobjectif de ces mesures est déviter ou de limiter limpact des épidémies en collectivités de personnes âgées.
De ce fait les mesures sont :
- la prévention : mesures dhygiène standard et vaccinations ;
- détection des premiers cas ;
- recherche étiologique ;
- mesures de contrôle ;
- signalement ;
- investigation, le cas échéant.
Prévention
Application des mesures dhygiène standard et du calendrier vaccinal (annexe I).
Ne pas omettre dinformer les visiteurs de personnes âgées de reporter leur visite si eux-mêmes souffrent dune infection respiratoire aigüe.
Détection des premiers cas
Le médecin diagnostiquant une infection respiratoire aigüe, en dehors des pneumopathies de déglutition, informe le médecin coordonnateur ou le directeur de létablissement afin que la survenue de plusieurs cas concomitants puisse être détectée.
Recherche étiologique
En période de circulation grippale :
Un test de diagnostic rapide de la grippe est à réaliser chez le malade présentant un syndrome grippal dans les 3 jours après un premier cas (cf. annexe).
En dehors de la période de circulation du virus de la grippe ou si les TDR grippe sont négatifs et en fonction du contexte et des signes cliniques.
Rechercher des germes pour lesquels des mesures de contrôle spécifiques peuvent être mises en place :
- tout dabord, une antigénurie et une hémoculture à la recherche de pneumocoque et de légionellose sont à réaliser ;
- si la toux persiste, pratiquer une sérologie ou PCR pour identifier une coqueluche ou un examen direct de lexpectoration à la recherche dune tuberculose.
Mesures de contrôle
Quel que soit le germe :
Les mesures dhygiène de type « gouttelette » sont des mesures barrière : lavage des mains, port de masque pour les contacts étroits, isolement du malade, aération de la chambre, limitation des visites (cf. annexe I). Elles sont à mettre en application devant tout cas dinfection respiratoire aigüe basse.
Selon le germe :
Des mesures spécifiques sont à mettre en place en plus des mesures ci-dessus et elles concernent (voir annexes) :
- grippe ;
- pneumocoque ;
- légionellose ;
- coqueluche.
Signalement
Critères de signalement :
Sont à signaler toute survenue dau moins 3 infections respiratoires aigües basses correspondant à la définition (quel que soit le germe), en dehors des pneumopathies de déglutition, dans un délai de 8 jours chez des personnes partageant les mêmes lieux (résidant au même étage, même service, quelles soient résidentes de létablissement ou membres du personnel. Même si les cas groupés dinfections respiratoires aigües basses en collectivités de personnes âgées ne sont pas des événements rares et particuliers, ils doivent sinscrire, si la collectivité est gérée par un établissement de santé, dans le cadre réglementaire du signalement des infections nosocomiales.
Le signalement :
Le signalement est fait à la DDASS par le médecin coordonnateur si létablissement ne dépend pas dun établissement de santé.
Dans ce cas, la DDASS :
- recueille les premières informations : nombre de malades, dhospitalisations et de décès, date de début des symptômes des malades, cas parmi les résidents et/ou le personnel ;
- vérifie lapplication des mesures de contrôle et des recherches étiologiques ;
- décide si les investigations sont nécessaires par le professionnel de santé chargé du signalement des infections nosocomiales si létablissement est géré par un établissement de santé (cf. annexe VI).
Au préalable, le praticien de léquipe opérationnelle dhygiène hospitalière (EOHH) :
- recueille les premières informations avec laide du médecin coordonnateur : nombre de malades, dhospitalisations ou transferts et de décès, date de début des symptômes des malades, cas parmi les résidents et/ou le personnel... ;
- propose ou met en place les mesures de contrôle de lépidémie et des recherches étiologiques ;
- décide si les investigations sont nécessaires ;
- fait procéder au signalement selon les dispositions réglementaires relatives aux infections nosocomiales.
Dans ce cas également, la DDASS vérifie lapplication des mesures de contrôle et des recherches étiologiques.
La notification (art. R. 3113-1 à 3 du code de la santé publique).
La légionellose et la tuberculose étant des maladies à notification obligatoire, leur signalement sera suivi dune notification à la DDASS.
Recueil de données :
En fin dépisode, la DDASS demande au médecin coordonnateur, le cas échéant dans les établissements de santé, en collaboration avec le praticien de lEOHH, de remplir la fiche de synthèse proposée (fiche 2) qui sera envoyée à la DDASS ; elle sera ensuite transmise à lInVS pour poursuivre lanalyse annuelle nationale des cas groupés dinfections respiratoires aigües. Des bilans pourront être réalisés en fin de saison hivernale par les DDASS et les CIRE au niveau départemental et régional.
Investigation
Les cas groupés dinfections respiratoires aigües basses dans les collectivités de personnes âgées sont des événements attendus. Ils ne nécessitent une investigation, par lEOHH si létablissement est géré par un établissement de santé (cf. annexe VI) et par la DDASS ou la CIRE si létablissement dépend dun autre organisme, que dans certains cas précis :
- 3 décès ou plus attribuables à lépisode infectieux survenant en moins de 8 jours ;
- ou 5 nouveaux cas ou plus dans la même journée ;
- ou absence de diminution de lincidence des nouveaux cas dans la semaine suivant la mise en place des mesures de contrôle.
Dans le cas des établissements de santé, le rapport de linvestigation conduite par lEOHH est transmis à la DDASS. La DDASS vérifie que les mesures de contrôle sont en place, que létiologie de lépisode, si elle nest pas connue, est recherchée et que les mesures de contrôle sont adaptées. Une fiche dinvestigation (fiche 1) individuelle est proposée en annexe. Un rapport dinvestigation comportant au moins les éléments de la fiche de synthèse proposée au médecin coordonnateur (fiche 2) est envoyé à lInVS.
Les critères de signalement et dinvestigation sont susceptibles dévoluer en fonction des connaissances apportées par les prochains bilans de lInVS.
Conduite à tenir devant plusieurs cas dinfection respiratoire
basse dans une collectivité de personnes âgées : algorythme
Objectif : éviter ou contrôler une épidémie en collectivité de personnes âgées.
Actions :
- la prévention : vaccinations et mesures dhygiène standard ;
- détection des premiers cas ;
- recherche étiologique ;
- mesure de contrôle ;
- signalement ;
- investigation.
Algorithme applicable chez les résidents
et les personnels de santé
Fiche dinvestigation de cas groupés dinfection respiratoire basse
FICHE DE RECUEIL SYNTHÈSE DE LINVESTIGATION
DE CAS GROUPÉS DINFECTION RESPIRATOIRE BASSE
A remplir par le médecin coordonnateur à envoyer à la DDASS
Nom et fonction de la personne remplissant cette fiche :
Date :
Nom de létablissement touché :
Type détablissement :
Code postal :
Date de lalerte :
Agent causal (suspecté ou confirmé) :
Résidents :
Nombre de résidents de létablissement :
Age moyen des résidents :
PROBABLE ou possible |
CONFIRMÉ | TOTAL | |||
---|---|---|---|---|---|
Vacciné grippe |
Non vacciné |
Vacciné grippe |
Non vacciné |
||
Cas (vivant non hospitalisé) | |||||
Hospitalisation (vivant) | |||||
Décès | |||||
Total |
Date du 1er cas : / /
Date du dernier cas : / /
Nombre de résidents vaccinés contre la grippe dans les 6 mois avant lépisode actuel :
% de résidents à jour dans la vaccination contre le pneumocoque parmi les sujets à risque selon les recommandations vacci-nales :
Personnel :
Nombre de personnels de létablissement :
PROBABLE ou possible |
CONFIRMÉ | TOTAL | |||
---|---|---|---|---|---|
Vacciné grippe |
Non vacciné |
Vacciné grippe |
Non vacciné |
||
Cas (vivant non hospitalisé) | |||||
Hospitalisation (vivant) | |||||
Décès | |||||
Total |
Date du 1er cas : / /
Date du dernier cas :
Nombre de membres du personnel vaccinés contre la grippe dans les 6 mois précédant lépisode actuel :
Bilan étiologique
BILAN virologique |
BILAN bactériologique |
|
---|---|---|
Nombre de recherches faites | ||
Nombre de recherches positives | ||
Résultats |
Mesures de contrôle :
Aspécifiques : dates de mise en oeuvre, types de mesures et population cible
Spécifiques : dates de mise en oeuvre, types de mesures et population cible
ANNEXES
ANNEXE I
MESURES DE PRÉVENTION
Mesures de protection et dhygiène en EHPAD lors dépidémies dinfections respiratoires basses destinées au personnel travaillant en EHPAD.
Mesures de prévention indispensables :
La vaccination contre la grippe :
- des personnes âgées ou atteintes de pathologies chroniques ;
- des professionnels.
Chez les personnes âgées, lefficacité de la vaccination antigrippale reste partielle même si la couverture vaccinale de toute une résidence est bonne. Des épidémies ont été décrites dans des collectivités où la couverture vaccinale était correcte 41 42.
La vaccination de lensemble des professionnels est fortement recommandée chaque année (octobre) car son efficacité est démontrée :
- elle diminue le risque de grippe et par là réduit la circulation du virus dans les institutions ;
- la vaccination des professionnels permet de diminuer la mortalité hivernale dans les populations âgées institutionnalisées.
Il sagit donc dun réel et important moyen de lutte contre la contagion et contre les épidémies de grippe dans la population âgée institutionnalisée.
Lavage et désinfection des mains :
Les professionnels doivent se laver les mains :
- avant tout contact direct avec un patient ;
- après tout contact direct avec un patient et avant tout contact avec le patient suivant ;
- après tout contact avec du sang, des liquides corporels, des sécrétions et des excrétions ;
- après un contact avec des objets réputés contaminés ou jugés probablement contaminés par du sang, des liquides corporels, des sécrétions et des excrétions, y compris des sécrétions respiratoires (par exemple : tubulures pour oxygène, masques, mouchoirs en papier utilisés et autres objets manipulés par le patient) ;
- tout de suite après avoir retiré les gants et dautres équipements de protection ;
- avant de préparer, de manipuler, de servir ou de consommer des aliments et avant de nourrir un patient.
Les solutions antiseptiques de rinçage sans eau (solutions hydroalcoolisées) sont efficaces par la désinfection des mains et doivent être facilement accessibles. Si les mains sont visiblement souillées, elles doivent être lavées à leau savonneuse avant lutilisation de solutions antiseptiques.
Les patients et les visiteurs doivent recevoir des instructions concernant la bonne façon de se laver les mains (par exemple au moyen dune affichette dans la chambre).
Gants :
Le port de gants est une mesure additionnelle et ne remplace pas le lavage des mains. Un lavage des mains devrait être effectué tout de suite après le retrait des gants.
Masques (cf. note 5) :
PORTÉ PAR | |||||
---|---|---|---|---|---|
DÉNOMINATION | EXEMPLE DINDICATION | Le soignant | Le patient | Le visiteur | |
Masque médical | Sans couche imperméable | Actes de soins ou de petite chirurgie sans risque de projection de liquides biologiques. | X | ||
Pour les déplacements des patients contagieux (exemple : tuberculose). | X | ||||
Pour les précautions « gouttelettes », dans la plupart des cas. | X | X | |||
Avec couche imperméable | Actes de soins ou de chirurgie avec risque de projection de liquides biologiques vers le soignant. | X | |||
Appareil de protection respiratoire jetable | Le choix entre FFP1, FFP2 ou FFP3 sera fonction de lévaluation des risques (type dagent biologique, tâche effectuée...). Exemples : - FFP1 : soins ou visite à un patient tuberculeux contagieux. - FFP2 : pour les professionnelles de santé dans des situations particulièrement à risque (intubation, expectoration induite, tuberculose multirésistante), en période de grippe saisonnière, lors de la prise en charge de patient suspect ou atteint de SRAS, de grippe pandémique. Menaces bioterrorismes : - choix selon les indications du plan Biotox |
X | X |
Les masques doivent être adaptés aux visages et changés conformément aux recommandations du fabricant. Il faut jeter tout masque qui est écrasé, mouillé ou est contaminé par les sécrétions dun patient.
Chambre à plusieurs lits :
- dans la mesure du possible il faut essayer disoler la personne malade en chambre individuelle ;
- il faut maintenir la plus grande distance entre le patient infecté et dautres personnes ;
- les compagnons de chambre et tous les visiteurs doivent connaître les précautions à prendre pour lutter les infections.
1. Pour la personne malade
Dès le début des symptômes, et la confirmation du diagnostic par le médecin, la personne malade doit être maintenue dans sa chambre en limitant tout contact avec son entourage.
Les personnes ayant un contact avec la personne malade doivent être protégées :
- port dun masque pour entrer dans la chambre du malade et lavage des mains à la sortie, ou solutions hydroalcoolisées ;
- port dun masque de type chirurgical par le patient symptomatique lors de présence dun tiers dans sa chambre ;
- éviter toutes les visites inutiles dans la chambre du malade ;
- aération régulière de la pièce ;
- hygiène rigoureuse des mains après chaque contact avec le sujet.
Les déchets ménagers tels que les mouchoirs en papier et les masques sont jetés dans un sac en plastique, présent dans la chambre et qui sera hermétiquement fermé avant transport.
Les repas seront pris dans la chambre.
Lors de la toilette de ces personnes malades il est recommandé au personnel de soins de porter un masque et de se laver les mains après la toilette.
Le mouchage, léternuement, lexpectoration, la toux :
Il est impératif de respecter les règles dhygiène de base des voies respiratoires, à savoir :
- se couvrir la bouche chaque fois que lon tousse, puis se laver les mains ;
- se couvrir le nez chaque fois que lon éternue, puis se laver les mains ;
- se moucher avec des mouchoirs en papier à usage unique, jetés dans un sac plastique fermé hermétiquement, puis se laver les mains ;
- ne cracher que dans un mouchoir en papier à usage unique, jeté dans un sac plastique fermé hermétiquement, puis se laver les mains.
2. Les professionnels de santé
Les professionnels de santé en contact avec un malade avéré ou possible devront se protéger par le port de masque ou de protections respiratoires individuelles pour tout contact proche avec le malade. Le lavage des mains est la principale mesure pouvant aider à prévenir la propagation de linfection.
Transport des patients à lintérieur de létablissement :
Les patients souffrant dinfection respiratoire ne devraient sortir de leur chambre que pour des interventions essentielles. Il faut alors choisir un itinéraire, le plus court possible en évitant les zones très peuplées. Les préposés au transport portent un masque et des gants quils doivent retirer immédiatement une fois le transport terminé. Les patients portent un masque chirurgical durant le transport.
3. Visiteurs
Les visiteurs doivent rencontrer un membre du personnel avant de pénétrer dans la chambre et, sil y a lieu, doivent être informés de la bonne façon dutiliser un masque ainsi que dautres précautions. Les professionnels informent les visiteurs de la nécessité de se laver les mains et leur facilitent laccès à des installations adéquates.
Le nombre de visiteurs devrait être maintenu au minimum.
En cas dépidémie, tous les visiteurs doivent recevoir les consignes dès lentrée dans la résidence (y compris les livreurs, etc.).
ANNEXE II
ÉPIDÉMIE DE GRIPPE DANS UNE COLLECTIVITÉ DE PERSONNES À RISQUE, EN PÉRIODE DE CIRCULATION DU VIRUS GRIPPAL
La grippe est une maladie qui peut être grave chez les personnes âgées et les sujets atteints de pathologies chroniques (cardiaques, respiratoires, rénales, métaboliques et immunologiques) chez qui les complications et la létalité sont les plus fréquentes.
En 2004 le Conseil supérieur dhygiène publique de France a recommandé, dans son avis du 16 janvier 2004 diffusé par une note dapplication DGS/SD 5 C 444 du 17 septembre 2004, aux établissements, des mesures de prophylaxie chez les personnes à risque lors dune épidémie de grippe confirmée par test de diagnostic rapide en collectivité, en période de circulation du virus grippal. Ces mesures sont :
- chimioprophylaxie par oseltamivir prescrite aux personnes à risque dans la collectivité ; suivant les catégories de létablissement, loseltamivir nest remboursé aux personnes à risque quà 35 % ou pris dans lenveloppe globale de soins de létablissement ;
- mesures dhygiène spécifiques (port de masques, lavages des mains, limitations des visites...) ;
- la vaccination pour les professionnels selon les recommandations du calendrier vaccinal.
Le CSHPF a également recommandé quun programme dincitation forte à la vaccination contre la grippe soit mis en place auprès des professionnels ciblés dans les recommandations, en amont de la période épidémique habituelle, en collaboration avec la médecine du travail.
Les documents relatifs à la grippe et aux épidémies de grippe dans les collectivités de personnes à risque, en particulier les personnes âgées sont disponibles sur le site du ministère de la santé et de lInVS (www.sante.gouv.fr, www.invs.sante.fr, dossier alphabétique, G grippe saisonnière) :
- lavis du Conseil supérieur dhygiène publique de France du 16 janvier 2004 relatif à la prophylaxie chez les personnes à risque lors dune épidémie de grippe dans une collectivité, en période de circulation du virus grippal ;
- protocole de mise en place de la chimio-prophylaxie dans une collectivité de personnes à risque lors dune épidémie de grippe, en période de circulation du virus grippal.
Protocole de mise en place de la chimio-prophylaxie dans une collectivité de personnes à risque lors dune épidémie de grippe, en période de circulation du virus grippal. - Complément à la circulaire no 444 du 17 septembre 2004
Ce protocole sadresse aux collectivités recevant des personnes à risque (établissements de santé, maisons de retraite, centres de réadaptation ou de cure, etc.). Il met en place les mesures de prophylaxie chez les personnes à risque lors dune épidémie de grippe dans cette collectivité, en période de circulation du virus grippal. Ces mesures ont été recommandées par le CSHPF section des maladies transmissibles dans son avis du 16 janvier 2004 (circulaire no 444 du 17 septembre 2004).
Sont considérées comme personnes à risque pour la grippe :
- personnes âgées de 65 ans et plus ;
- enfants et adolescents (de 6 mois à 18 ans) dont létat de santé nécessite un traitement prolongé par lacide acétylsalicylique (essentiellement pour syndrome de Kawasaki compliqué et arthrite juvénile) ;
- personne séjournant dans un établissement de santé de moyen ou long séjour, quel que soit leur âge ;
- personnes atteintes dune des pathologies suivantes :
- affections broncho-pulmonaires chroniques dont asthme, dysplasies broncho-pulmonaires et mucoviscidose ;
- cardiopathies congénitales mal tolérées, insuffisances cardiaques graves et valvulopathies graves ;
- néphropathies chroniques graves, syndromes néphrotiques purs et primitifs ;
- drépanocytoses, homozygotes et doubles hétérozygotes S/C, thalassodrépano-cytoses ;
- diabètes insulinodépendant ou non insulinodépendant ne pouvant être équilibrés par le seul régime ;
- déficits immunitaires cellulaires (chez les personnes atteintes par le VIH lindication doit être faite par léquipe qui suit le patient).
1. Lors de la circulation du virus grippal, quand un cas de syndrome grippal survient dans une collectivité de personnes à risque la conduite à tenir est la suivante :
Pour un 1er cas de syndrome grippal (cas 1) aucun prélèvement nest fait.
Si un 2e cas (cas 2) apparaît dans les 3 jours qui suivent le 1er cas un test de diagnostic rapide de la grippe est réalisé.
Si un 3e cas (cas 3) dans les 3 jours qui suivent le 2e cas un test de diagnostic rapide de la grippe est réalisé.
- si les 2 prélèvements des cas 2 et 3 sont positifs une prophylaxie par oseltamivir pour les personnes à risque est mise en place selon les conditions décrites dans lavis du CSHPF ;
- si le 1er prélèvement (cas 2) est négatif et le 2e prélèvement (cas 3) est positif : il faut quun autre cas survienne dans les 3 jours qui suivent le cas 3 avec prélèvement positif pour mettre en place la prophylaxie. Si aucun cas ne survient dans cette période, se reporter au niveau du cas 1 ;
- si le 1er prélèvement (cas 2) est positif et le 2e prélèvement (cas 3) est négatif : si un autre cas survient dans les 3 jours qui suivent le cas 2 avec prélèvement positif la prophylaxie sera mise en place. Si aucun cas ne survient dans cette période, tout repartira au niveau du cas 1 ;
2. Lors dune flambée épidémique déclarée dans une région, le test de diagnostic rapide peut être pratiqué dès le premier cas et particulièrement en cas dapparition de cas multiples le même jour.
Outils diagnostiques :
2 types doutils de diagnostic :
Les tests de diagnostic rapide de grippe par immuno chromatographie sur membrane (présentation en boîte de 10 à 20) :
- Quick vue, fabricant : Quidel - revendeur : Argen biosoft s ;
- Now flu A et Now flu B, fabricant : Binax - revendeur : Emergo et Oxoid ;
- Directigen A+B, fabricant - revendeur : BectonDickinson ;
- Flu OIA, fabricant : Biostar - revendeur : Invagen ;
- Influenza A/B test, revendeur : Medix Biochemica.
Ils sont réalisés par les laboratoires danalyse médicale et inscrits à la nomenclature des actes de biologie médicale, dans ce cadre ils sont admis au remboursement. Ces tests peuvent être effectués et analysés au lit du malade ou au cabinet par le médecin traitant, mais dans ce cas, ils ne peuvent actuellement donner lieu à un remboursement par lassurance maladie (art. L. 6211-1 et 6211-8 du CSP). La seule solution est lachat des tests par létablissement.
Le diagnostic du type, à des fins de surveillance épidémiologique des virus circulant, qui nécessite des techniques développées par les CNR de la grippe. Les kits de prélèvements nécessaires sont remis aux médecins du GROG. Une fois le prélèvement réalisé il est envoyé au CNR. Leur utilisation nest donc pas pertinente pour un diagnostic rapide de grippe saisonnière, par ailleurs il ny a pas de médecin du GROG dans tous les départements (éloignement entre médecin et patients) et le délai entre lenvoi et le résultat est supérieur à 48 heures du fait dun envoi par la poste.
Le traitement prophylactique par oseltamivir est recommandé pour les personnes à risque, âgées de 13 ans et plus, vaccinées ou non, il convient de le mettre en place le plus rapidement possible et au maximum dans les 48 heures qui suivent un contact avec une personne ayant présenté un syndrome grippal. Loseltamivir est au prix de 27 Euro la boîte et est remboursé à 35 %. Il a lagrément collectivité.
Pour les professionnels de santé et les personnes soccupant des personnes à risque, la prophylaxie par oseltamivir nest pas recommandée dans ce contexte. Par contre, la vaccination préventive contre la grippe est fortement recommandée tous les ans avant la saison grippale.
Mesures préventives
dans lentourage dun malade
1. Concernant le malade :
Dès le début des symptômes, il est recommandé que le malade :
- soit isolé dans une pièce en limitant les contacts avec les personnes à risques, avec une aération régulière de la pièce ;
- se couvre la bouche chaque fois quil tousse, puis se lave les mains ;
- se couvre le nez chaque fois quil éternue, puis se lave les mains ;
- se mouche avec des mouchoirs en papier à usage unique jetés dans une poubelle recouverte dun couvercle, puis se lave les mains ;
- ne crache que dans un mouchoir en papier à usage unique jeté dans une poubelle recouverte dun couvercle, puis se lave les mains.
2. Concernant lentourage :
- les visites, les regroupements dans des lieux communs au sein de la collectivité doivent si possible être limités pendant la durée de lépidémie ;
- des mesures dhygiène sont préconisées :
- éviter toutes les visites inutiles dans la chambre du malade ;
- hygiène rigoureuse des mains après chaque contact avec le malade : le lavage des mains au savon ou lutilisation de soluté hydro-alcoolique est essentiel, doit se faire soigneusement et doit être répété très souvent dans la journée, plus particulièrement après chaque contact avec le malade ou avec le matériel utilisé par lui ou avec ses effets ;
- nettoyage des objets courants du sujet (serviettes, couverts, linge, etc.) qui doivent être lavés par un nettoyage courant (lavage au savon et à leau chaude). Les déchets ménagers tels que les mouchoirs en papier et les masques chirurgicaux sont jetés dans un sac en plastique qui sera hermétiquement fermé.
3. Concernant plus particulièrement le personnel de soins en contact avec les personnes à risque :
Application rigoureuse des mesures dhygiènes.
Le personnel non vacciné, au contact avec des personnes à risques, qui présente un syndrome grippal devrait être mis en arrêt de travail ; à défaut le port dun masque chirurgical doit lui être proposé.
ANNEXE III
INFECTIONS INVASIVES À PNEUMOCOQUE
Les recommandations relatives à la conduite à tenir devant des cas dinfection invasive à pneumocoque permettront déviter la transmission dune bactérie pathogène et diminuer la morbi-mortalité. Le diagnostic dun cas, le traitement et lisolement précoces peuvent permettre déviter une diffusion.
Textes de référence disponibles sur le site du ministère de la santé : (www.sante.gouv.fr, dossier par ordre alphabétique, Conseil supérieur dhygiène publique de France, avis et rapports du CSHPF, section des maladies transmissibles) :
- rapport relatif à la « Conduite à tenir devant des cas groupés dinfection invasive à pneumocoque dans une collectivité ». CSHPF, section des maladies transmissibles 14 janvier 2005 ;
- avis du CSHPF, section des maladies transmissibles du 14 janvier 2005, relatif à la conduite à tenir devant des cas groupés dinfection invasive à pneumocoque dans une collectivité de personnes âgées.
ANNEXE IV
LÉGIONELLOSE
La légionellose est une infection respiratoire provoquée par la bactérie du genre Legionella qui se développe dans les milieux aquatiques naturels ou artificiels. Les sources de contamination le plus souvent incriminées sont les installations dont la température de leau est comprise entre 25 o et 42 oC et qui produisent des aérosols. Selon lInstitut de veille sanitaire (InVS), le nombre de cas déclarés en 2004 est de 1 202. La létalité est évaluée pour lannée 2004 à 14 % (138 décès parmi 1 013 cas dont lévolution était connue). La fréquence des cas de légionellose déclarés est plus élevée chez les personnes âgées de plus de 80 ans que parmi les autres groupes dâge de la population. Le nombre de cas de légionellose déclarés par année auprès de lInstitut de veille sanitaire, dont lexposition à risque est attribuable aux maisons de retraite est en augmentation depuis plusieurs années : 35 cas en 2002 (3 % du nombre total des cas déclarés en 2002), 45 cas en 2003 (4 % du nombre total des cas déclarés en 2003), 66 cas en 2004 (5 % du nombre total des cas déclaré en 2004). La légionellose est une maladie à déclaration obligatoire.
Les textes de référence sont disponibles sur le site du ministère de la santé ou de lInVS : (www.sante.gouv.fr, www.invs.sante.fr, dossier par ordre alphabétique ou thématique, légionellose) :
- le risque lié aux légionelles : guide dinvestigation et daide à la gestion (CSHPF, 2005) et la circulaire daccompagnement no 2005-323 DGS/SD 5C/SD 7A/DESUS du 11 juillet 2005 relative à la diffusion du guide dinvestigation et daide à la gestion dun ou plusieurs cas de légionellose ;
- circulaire no 2002-243 DGS/7D 7A/SD 5C-DHOS-E4 du 22 avril 2002 relative à la prévention du risque lié aux légionelles dans les établissements de santé ; 9 fiches en pièces jointes ;
- gestion du risque lié aux légionelles ; rapport du CSHPF (novembre 2001) ;
- circulaire no 2005-493 DGS/SD 7A/DHOS/E4/DGAS/SD 2 du 28 octobre 2005 relative à la prévention du risque lié aux légionelles dans les établissements sociaux et médico-sociaux dhébergement pour personnes âgées ;
- circulaire DHOS/E4/E2/DGAS/2C/DGS/7A no 377 du 3 août 2004 relative aux matériels de prévention et de lutte contre les fortes chaleurs dans les établissements de santé et les établissements dhébergement pour personnes âgées.
ANNEXE V
CAS GROUPÉS DE COQUELUCHE
La coqueluche est une infection bactérienne peu ou pas fébrile de larbre respiratoire inférieur dévolution longue et hautement contagieuse. Depuis que les couvertures vaccinales sont élevées, cette maladie affecte essentiellement les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés ainsi que les adolescents et les adultes qui ont perdu la protection conférée par le vaccin (< 10 ans) ou la maladie (< 15 ans). Le rôle des adultes comme réservoir a été montré dans plusieurs études réalisées dans des pays vaccinés et en France.
Le Conseil supérieur dhygiène publique de France a élaboré un rapport disponible sur le site internet du ministère de la santé ou de lInVS (www.sante.gouv.fr, www.invs.sante.fr, dossier par ordre alphabétique ou thématique, coqueluche) qui détaille les données épidémiologiques et cliniques, le diagnostique biologique, le traitement de la maladie et ses moyens de prévention.
ANNEXE VI
SIGNALEMENT POUR LES EHPAD AFFILIÉS À UN ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ
ANNEXE VII
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NOTE (S) :
(1) Attitude pragmatique ici proposée permettant de différer si nécessaire la réalisation de la radiographie, alors que dans la RBP de lAfssaps, les indications de la radiographie comptent notamment la présence dune sémiologie dinfection respiratoire basse et comorbidité, âge > 75 ans ou vie en institution.
(2) Il sagit ici dune légère adaptation des critères prédictifs dacquisition de pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline tels que mentionnés dans la RBP de lAfssaps, qui sont : prescription de bêta-lactamines et/ou hospitalisation dans les trois mois précédents, role du terrain par le biais dune maladie chronique (bronchopathie chronique, cancer, splénectomie, infection par le VIH), caractère nosocomial de la pneumonie, âge supérieur à 65 ans, gravité initiale de laffection, antécédents de pneumonie.
(3) Dans la RBP de lAfssaps, si un sujet ayant une infection respiratoire basse est âgé de plus de 65 ans et vit en institution, une hospitalisation est préconisée. La recommandation ici proposée est plus proche de la réalité du terrain gériatrique.
(4) Ces trois choix thérapeutiques (amoxicilline-acide clavulanique, ceftriaxone, fluoroquinolone antipneumococcique) sont également mentionnés dans la RBP de lAfssaps.
(5) Pour tout renseignement sur le choix des masques : http ://www.inrs.fr./