La certification périodique des professionnels de santé

Dans la suite des travaux de la grande conférence de santé de 2017, une mission a été confiée au Pr Serge Uzan afin de doter la France d’un dispositif de validation régulière des compétences des médecins. A l’issue de cette mission, un large consensus ainsi que l’intérêt pour qu’un tel dispositif soit applicable à l’ensemble des professions de santé à ordre ont permis de l’inscrire dans la loi de 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, en vue de renforcer la qualité des prises en charge de manière tangible.

Pour accompagner la mise en œuvre opérationnelle de la certification périodique des professionnels de santé à ordre, une mission a été confiée à l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). Menée dans une démarche participative avec l’ensemble des acteurs concernés, elle a démontré l’intérêt de la certification périodique. Cela, tant pour la sécurité des soins que pour une plus grande efficacité du système de santé, notamment dans un contexte d’évolution permanente des connaissances et des techniques.

A l’issue de cette mission et des recommandations de l’IGAS, les principes de cette nouvelle procédure ont été définis par l’ordonnance du 19 juillet 2021 relative à la certification périodique de certains professionnels de santé qui ont acté la mise en œuvre du dispositif dès 2023.

Certification périodique : de quoi parle-t-on ?

La mise en place de la certification périodique permet ainsi aux 7 professions de santé à ordre (médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, infirmiers, masseurs-kinés, pédicures-podologues) le choix d’un programme individuel de formation. Les actions menées doivent notamment permettre l’amélioration des compétences et des connaissances, contribuer au renforcement de la qualité des pratiques, et améliorer la relation avec les patients. En outre, un des enjeux de cette nouvelle procédure est la réalisation d’actions par le professionnel de santé pour un meilleur suivi de sa santé personnelle.

Pour construire son programme d’actions de de certification, chaque professionnel de santé aura le choix des actions à mener et des formations à réaliser, qui se fera en lien avec son employeur pour les salariés. Il devra se référer aux référentiels de certification élaborés par les conseils nationaux professionnels (CNP), conformément à la méthodologie définie par l’arrêté ministériel du 9 février 2023, proposée par la haute autorité de santé. Le contrôle du respect de l’obligation de certification périodique est quant à lui confié aux ordres professionnels :

  • tous les 6 ans, avec une exception à 9 ans pour la première période de certification pour les professionnels de santé déjà en exercice au 1er janvier 2023.

Les ordres professionnels contrôlent l’obligation de certification périodique à partir des comptes individuels, dont disposeront chaque professionnel de santé pour tracer les informations sur l’ensemble des actions réalisées durant la période de certification.

Les actions de formation réalisées par les professionnels (développement professionnel continu, formation continue…) ainsi que certaines démarches qualité ou la procédure d’accréditation spécifique aux spécialités à risque sont prises en compte dans la démarche de certification. Le décret relatif à la certification périodique du 22 mars 2024 publié au journal officiel du 24 mars 2024 précise ainsi les actions qui sont éligibles à la certification. Les CNP en charge de l’élaboration des référentiels doivent s’appuyer sur ces différentes propositions pour préciser les actions pertinentes à réaliser par les professionnels de santé, en tenant compte leur profession, leur spécialité et des environnements d’exercice notamment. La procédure de certification périodique s’appuie sur les dispositifs de formation existants, comme le préconise l’IGAS dans son rapport de mission « Etat financier de la certification périodique », publié en novembre 2022.

Afin de définir les principes de la stratégie, de la promotion, du déploiement et des orientations scientifiques de la certification périodique, le conseil national de la certification périodique s’est réuni d’octobre 2022 à mars 2023 sous la présidence du Pr Lionel Collet, devenu président de la HAS.

Les travaux engagés entre membres de cette instance collégiale ont permis en priorité de fixer par un avis, les orientations scientifiques nécessaires à l’élaboration des référentiels de certification et la gestion des liens d’intérêts des acteurs de la certification.

Madame Nadiège Baille, Directeur d’hôpital et IGAS, a été nommée présidente du CNCP parl’arrêté ministériel du 8 mars. L’instance collégiale sera réinstallée sous cette nouvelle présidence par les conseils santé du Ministre chargé de la santé, et de la Ministre chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche le 18 avril 2024.

L’ordonnance du 19 juillet 2021 prévoit que les actions réalisées par les professionnels de santé au titre de leur obligation de certification périodique sont retracées dans un compte individuel.
L’agence du numérique en santé (ANS) a été désignée comme autorité administrative chargée de la gestion de ces comptes. Elle est ainsi chargée de la conception et du développement d’un téléservice « certification périodique santé », pour informer les professionnels de la démarche de certification périodique et pour leur permettre de suivre la réalisation de leur programme de formation. L’enjeu d’interopérabilité de ce système d’information est majeur pour que les actions réalisées par les professionnels de santé soient renseignées automatiquement par les systèmes partenaires (ANDPC, ANFH, OPCOs, structures d’exercice notamment …) dans leur compte de certification.

Les comptes individuels seront contrôlés par les ordres professionnels à l’issue de la période de certification pour, au regard des actions réalisées, certifier le professionnel de santé pour son exercice. Pour les professionnels du service de santé des armées, ce contrôle relève de l’autorité militaire.

Les travaux se poursuivent en 2024 avec des ateliers associant l’ensemble des acteurs de la certification, chacun ayant un parcours différent dans le système d’information. L’espace certification périodique est d’ores et déjà accessible sur le site de l’ANS, via la plateforme e-santé.

La mise en œuvre de la certification périodique :
La France a doté les professionnels de santé d’un dispositif de validation de l’entretien des compétences et des connaissances, indépendant de tout lien d’intérêt, essentiel pour assurer la meilleure qualité des pratiques professionnelles adaptées aux évolutions du système de santé. Le cadre législatif en a été défini par la loi de juillet 2019 et les principes précisés par l’ordonnance de juillet 2021.

Les enjeux de mise en œuvre de cette obligation, dénommée procédure de certification périodique sont multiples : éthique des pratiques professionnelles, prise en compte par le professionnel de sa propre santé, adaptation des pratiques aux parcours de santé transversaux nécessitant pluriprofessionnalité et pluridisciplinarité. Pour y répondre, les professionnels de santé concernés doivent réaliser un programme d’actions adapté à leurs besoins au regard de leur exercice et de leur environnement professionnel, développer et valoriser des actions innovantes pour une meilleure qualité des pratiques en garantissant leur sécurité, tout en veillant à leur propre santé.

Le pilotage de la certification périodique a été confiée à la direction générale de l’offre de soins, dans un cadre interministériel avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, et le ministère des armées (professionnels de santé du service de santé des armées). Elle s’appuie :

  • dans un cadre interministériel (enseignement supérieur, armées) sur les acteurs institutionnels tels que la HAS, la CNAM, l’ANDPC, l’ANS, la DGEFP, les gestionnaires de formation pour définir la stratégie de mise en place de ce dispositif, l’articuler avec les autres dispositifs de formation et prendre en compte les évolutions du système de santé
  • sur le conseil national de la certification périodique associant les acteurs de la certification (ordres professionnels, CNP, organisations syndicales, représentants des patients et des usagers et représentants des fédérations hospitalières). Composé d’une instance collégiale et de 7 commissions professionnelles, une par exercice, pour assurer le déploiement de ce dispositif, il veille à l’absence de liens d’intérêts des acteurs de la certification, à la définition des orientations scientifiques et à la définition de critères d’éligibilité des actions de la certification. Installé en octobre 2022 et réuni à plusieurs reprises sous la présidence de Lionel Collet, il se réunira à nouveau sous la présidence de Nadiège Baille, nommée par arrêté ministériel en mars 2024.

Entrée en application depuis le 1er janvier 2023, pour la pleine mise en œuvre de cette nouvelle obligation, certaines mesures ont été prises, d’autres sont en cours de finalisation. Elles doivent permettre de répondre aux enjeux des professionnels de santé en termes notamment d’éthique des pratiques professionnelles dans un cadre évolutif et transversal des parcours de santé, et de prise en compte de leur propre santé grâce à la réalisation d’un programme d’actions adapté tenant compte de leur exercice et de leur environnement professionnel. Ce dispositif se construit progressivement avec les acteurs de la certification, outre les acteurs institutionnels, avec les représentants des professionnels santé, les ordres professionnels et les conseils nationaux professionnels et les représentants d’usagers et de patients.

Après le décret définissant la gouvernance de 2022, le décret relatif à la certification périodiquepublié en mars 2024 vient de préciser les professionnels de santé soumis à cette obligation, le contenu des actions éligibles à la certification ainsi que les règles de computation liés aux évolutions ou changements d’exercice.

Les différentes actions :

  • prise en compte pour la certification que le professionnel de santé sont précisées, tout comme leur nombre minimum de 2 pour chacun des axes définis par l’ordonnance
  • prise en compte des actions réalisées depuis le 1er janvier 2023, définies dans les référentiels de certification de la profession ou spécialité, par exemple les actions de DPC, de formation continue ou d’accréditation selon la procédure de la HAS.
La publication de ce texte important constitue une étape supplémentaire dans la mise en œuvre de cette nouvelle procédure et va ainsi permettre aux conseils nationaux professionnels (CNP) de poursuivre de manière plus active l’élaboration de leurs projets de référentiels de certification. Certains s’y sont déjà engagés et pour d’autres, ces nouvelles dispositions venant conforter le projet initial largement diffusé l’an dernier, précisent le cadre règlementaire des actions éligibles pour leurs projets de référentiel.

Les référentiels, élaborés selon la méthodologie de la haute autorité de santé identifient les actions pertinentes pour chacun des 4 axes prenant en compte les critères d’objectivité des connaissances professionnelles, scientifiques et universitaires et des règles déontologiques rappelées par le conseil national de la certification périodique. Par exemple :

  • des actions de formation, que l’on peut trouver dans le cadre des processus existants, accessibles aux professionnels de santé, telles que les actions du développement professionnel contenu, de la formation continue, des actions nationales de formation, des actions d’accréditation des spécialités à risque
  • des actions conformément à une typologie prévue par le cadre juridique d’application (actions en situation de travail, exercices coordonnés, démarche qualité transversales et pluridisciplinaires, actions de maitrise et de gestion des risques, des actions répondant à l’axe 4 en faveur de votre propre santé…).

Pour parfaire le cadre d’application de la procédure de certification périodique, 2 autres projets de décrets sont en cours avec l’objectif de les transmettre au conseil d’Etat avant l’été :

  • le décret relatif au contrôle de la certification périodique par les ordres
    Les ordres professionnels pour le contrôle et la validation de la procédure à l’issue de la période de certification au regard de la ou des qualifications du professionnel de santé pour son exercice professionnel
  • le décret visant la gestion des comptes individuels de certification
    Les dispositions de ce projet de texte sont bien abouties, prenant en compte le schéma cible des rôles respectifs, notamment des ordres et des CNP, dans la procédure de certification, plus particulièrement pour venir en appui des professionnels de santé qui en exprimeraient le besoin.

En outre, il permettra aux professionnels d’avoir accès à des informations générales sur la certification (ou plus ciblées sur les référentiels) et ainsi, de choisir un programme adapté à leur exercice, à ses évolutions et à son environnement. Un de ses principaux enjeux est d’offrir un service numérique ergonomique, simple et aisé d’utilisation avec des applications sur tablettes et smartphones pour un accès rapide au compte et aux informations.

Les liens utiles

  Le conseil national de l’ordre des médecins (CNOM)
  Le conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP)
  L’ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD)
  Le conseil national de l’ordre des sages-femmes (CNOSF)
  L’ordre national des infirmiers - La certification périodique des infirmiers dès 2023 (ONI)
  Le conseil national de l’ordre des masseurs-kinés (CNOMK)
  L’ordre national des pédicures-podologues (ONPP)

Les textes officiels

 L’arrêté du 12 septembre 2022 désignant les membres de l’instance collégiale, modifié par arrêté du 10 décembre 2022
  Le rapport de l’IGAS de novembre 2021 « Dispositif de certification périodique créé par l’ordonnance du 19 juillet 2021 : état des lieux financier »
  Le décret du 30 août 2022 relatif à la désignation de l’autorité administrative assurant la gestion des comptes individuels de certification périodique des professionnels de santé
  L’arrêté du 10 décembre 2021 portant désignation du président du conseil national de la certification périodique
  L’ordonnance du 19 juillet 2021 relative à la certification périodique de certains professionnels de santé
  L’article 5 de la loi du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé
 Le décret du 11 mai 2022 relatif à la composition et au fonctionnement du conseil national de la certification périodique
  Le rapport de l’IGAS de juillet 2021 : « Etat des lieux et propositions en vue de la préparation des ordonnances sur la ’re-certification’ des professionnels de santé à ordre »
 Le rapport sur la re-certification des médecins : garantir l’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins (mai 2018)