Recommandations pour la prévention de l’exposition au plomb

Recommandations générales

Voici les gestes de prévention permettant d’éviter les intoxications au plomb, en particulier chez les jeunes enfants :

Si votre immeuble a été construit avant 1949, il est possible que les peintures contiennent du plomb  :
  Demandez à votre propriétaire de consulter le constat de risque d’exposition au plomb (CREP) [1] ;
  Evitez de faire vous-même des travaux sur les parties du logement concernées par la présence de plomb ;
  Nettoyez souvent les sols avec une serpillère mouillée et aérez votre logement pour en chasser l’humidité ;

Si vous savez ou suspectez que vos canalisations sont en plomb : lorsque l’eau a stagné dans les canalisations (par exemple le matin ou au retour d’une journée de travail), laissez couler l’eau pendant une à deux minutes avant de la consommer (ou utilisez la pour d’autres usages, vaisselle par exemple) et n’utilisez pas l’eau chaude du robinet pour la boisson, la préparation ou la cuisson des aliments (une température élevée favorise la solubilité du plomb dans l’eau et, plus généralement, la migration des métaux dans l’eau ) ;

Evitez d’utiliser pour la cuisine ou le stockage des aliments ou des boissons, des céramiques d’origine artisanale émaillées avec des sels de plomb (certains plats à tajine par exemple) ou d’étains décoratifs contenant du plomb ;

N’utilisez pas pour vous-même ou surtout pour de jeunes enfants, des cosmétiques traditionnels (khôl, surma, tiro, etc. ceux-ci pouvant être à base de plomb) ou des remèdes traditionnels (le plomb et d’autres métaux sont fréquemment utilisés par diverses médecines traditionnelles, par exemple la médecine ayurvédique), sans en connaitre la composition ;

Si vous résidez à proximité d’un site industriel pollué par le plomb :
 Veillez à un nettoyage humide fréquent du logement (serpillière), surtout en habitat pavillonnaire, pour limiter l’accumulation de poussières riches en plomb ;
 Ne pas laissez jouer l’enfant à l’extérieur sur un sol nu ;
 Lavez méticuleusement avant consommation les légumes et fruits auto-produits ;
 Veillez à une hygiène stricte de l’enfant : lavage des mains fréquent, ongles courts ;
 Veillez à son équilibre alimentaire ;

De manière générale : lavez souvent les mains de votre enfant, diversifiez son alimentation et donnez-lui des aliments riches en fer et en calcium (pour éviter que le plomb ne se fixe dans l’organisme).

Recommandations pour réduire l’exposition au plomb via l’eau du robinet

Les moyens d’évaluer l’exposition au plomb dans l’eau

 Le repérage des canalisations en plomb dans les réseaux d’eau

Le plomb d’origine hydrique provient, pour majorité, de la dissolution du plomb constitutif de certains éléments du système de distribution d’eau (principalement des canalisations en plomb des réseaux intérieurs et pour partie, des branchements publics en plomb).

La teneur en plomb dans l’eau du robinet dépend notamment de la présence de canalisations en plomb et varie au cours du temps (d’une journée à l’autre ou pendant une même journée) selon les pratiques de soutirage d’eau de chacun. C’est pourquoi la meilleure façon de savoir si l’eau du robinet est susceptible de contenir du plomb est de repérer la nature des canalisations (branchements publics et réseaux intérieurs). Ce repérage est préférable à la réalisation de nombreuses analyses d’eau.

 Connaître la nature du branchement public

Pour savoir si le branchement desservant l’habitation est encore en plomb, il convient de s’adresser à sa mairie ou au responsable de la distribution d’eau.

 Repérer la nature des canalisations du réseau intérieur

Si le logement a été construit après 1955, la probabilité que les canalisations des réseaux intérieurs soient constituées de plomb est faible.

Dans le cas contraire, dans la mesure où la présence de canalisations en plomb peut entraîner le dépassement de la limite de qualité de 10 µg/L, il est recommandé de faire appel à un professionnel (plombier, bureau de contrôle …) pour procéder au repérage des canalisations en plomb dans les réseaux intérieurs. La méthode de repérage à respecter est décrite par la norme NF P41-021 « Repérage du plomb dans les réseaux intérieurs de distribution d’eau potable ». Dans le cas d’une copropriété, il convient d’adopter une démarche collective dans la mesure où l’ensemble du réseau d’eau est constitué de canalisations communes et privatives. Un projet de réhabilitation des parties communes peut aussi être une opportunité pour engager ce repérage. Son coût varie selon la taille et la complexité du réseau d’eau. Il est donc conseillé de demander un devis préalable.

 Connaître les caractéristiques de l’eau du robinet

En présence de canalisations en plomb dans le réseau intérieur de distribution d’eau et pour savoir si les caractéristiques de l’eau distribuée sont susceptibles de dissoudre du plomb dans l’eau, il est possible de se renseigner auprès du distributeur d’eau ou de la mairie afin de connaître le potentiel de dissolution du plomb dans l’eau.

Les eaux distribuées ont été répertoriées en catégories selon que leurs caractéristiques physico-chimiques conduisent à une dissolution plus ou moins importante du plomb dans les réseaux de distribution d’eau. L’arrêté du 4 novembre 2002 définit la méthode d’évaluation du potentiel de dissolution du plomb dans l’eau et fixe quatre catégories en fonction du pH de l’eau : potentiel de dissolution du plomb très élevé, élevé, moyen et faible. En présence de canalisations en plomb, la teneur en plomb dans l’eau sera faible pour une eau ayant un potentiel de dissolution du plomb faible. A l’inverse, elle sera importante pour une eau ayant un potentiel de dissolution du plomb très élevé.

Cependant, le potentiel de dissolution du plomb dans l’eau ne permet pas de prévoir la teneur réelle en plomb à un moment donné en un point de puisage particulier. En effet, la teneur réelle en plomb au robinet du consommateur dépend de nombreux paramètres notamment de la présence de branchements publics en plomb et/ou de canalisations en plomb intérieures d’immeubles, des conditions de soutirage en eau, de la structure du réseau intérieur de distribution mais aussi de la présence de canalisations en plomb à proximité d’une source de chaleur. L’évaluation du potentiel de dissolution du plomb a pour but de hiérarchiser les niveaux pouvant être observés.

 Les analyses de plomb dans l’eau

Il est difficile de prévoir la teneur en plomb au robinet d’un consommateur en raison des nombreux facteurs influençant la dissolution du plomb dans l’eau : temps de stagnation de l’eau dans les canalisations en plomb, température de l’eau, caractéristiques physico-chimiques de l’eau…

Dans les immeubles collectifs, le temps de stagnation de l’eau est lui-même dépendant des soutirages effectués par les voisins. De ce fait, la teneur en plomb dans l’eau peut varier d’un moment à l’autre et d’une journée à l’autre. Il est donc difficile d’obtenir une teneur en plomb dans l’eau représentative de ce que l’usager consomme réellement. Dans ce but, il est préférable d’effectuer un repérage des canalisations en plomb dans son réseau intérieur de distribution plutôt que de réaliser un grand nombre d’analyses d’eau.

Les résultats de la mesure de la teneur en plomb dans l’eau au robinet varient selon la méthode de prélèvement utilisée. Les différentes méthodes existantes correspondent chacune à des objectifs de contrôle différents. La circulaire du 5 février 2004 précise les avantages et les inconvénients de chaque méthode de prélèvement.

Pour garantir une bonne fiabilité des résultats d’analyses, il est recommandé de faire appel à un laboratoire agréé par le ministère chargé de la santé ou, a minima, accrédité par le Comité français d’accréditation (COFRAC) pour ce type d’analyse. Il est également conseillé de se renseigner auprès du laboratoire sur la méthode utilisée pour prélever l’échantillon d’eau dans la mesure où celle-ci influence le résultat d’analyse. Le coût de l’analyse, à la charge du demandeur, est d’environ 30 euros par échantillon (hors frais de prélèvement).

La méthode de prélèvement recommandée pour apprécier la situation relative à la présence de plomb dans l’eau consiste à réaliser deux prélèvements, l’un après trente minutes de stagnation et l’autre après écoulement. En effet, on considère habituellement qu’une période de 30 minutes correspond au temps moyen de stagnation de l’eau entre deux utilisations. De plus, le résultat obtenu avec le prélèvement après écoulement correspond à la teneur minimale en plomb que l’eau est susceptible de contenir.
Un prélèvement d’échantillon d’eau après stagnation nocturne permet d’apprécier l’exposition maximale au plomb d’origine hydrique (hors absence prolongée).

Les résultats obtenus par ces méthodes ne peuvent être rigoureusement comparés à la limite de qualité fixée par la réglementation dans la mesure où les conditions de prélèvement sont différentes. La circulaire du 5 février 2004 fournit les critères pour interpréter les résultats d’analyse]

Les moyens de diminuer l’exposition au plomb dans l’eau

La mise en œuvre de pratiques simples de consommation permet de réduire la teneur en plomb dans l’eau du robinet.

 Recommandations de consommation

Il est recommandé au consommateur, lorsque l’eau a stagné dans les canalisations (par exemple le matin au réveil ou au retour d’une journée de travail), de laisser couler l’eau pendant une à deux minutes avant de la consommer et d’utiliser l’eau froide du robinet pour la boisson, la préparation ou la cuisson des aliments.

Une vaisselle préalable (voire une douche si la salle d’eau est alimentée par la même colonne montante que la cuisine) permet d’éliminer l’eau ayant stagné dans les canalisations sans la gaspiller. Cette pratique assure l’élimination de la plus grande partie du plomb présent dans l’eau et des éventuels autres éléments métalliques dissous dans l’eau.

Il est également déconseillé d’utiliser l’eau chaude du robinet pour la préparation des denrées alimentaires (café, thé, cuisson des légumes et des pâtes…) dans la mesure où une température élevée favorise la migration des métaux dans l’eau. Une augmentation de la température augmente la solubilité du plomb dans l’eau : cette dernière est deux fois plus importante à 25°C qu’à 15°C.

Ces recommandations de consommation doivent être particulièrement respectées pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge en présence de canalisations en plomb. Par ailleurs, les commerces ou entreprises alimentaires et les cantines ne doivent utiliser l’eau du robinet pour la fabrication des denrées alimentaires qu’après un écoulement prolongé correspondant à la contenance des canalisations du réseau intérieur de l’établissement.

 Les systèmes de traitement individuel

Conformément aux dispositions du code de la santé publique, l’eau distribuée doit être à l’équilibre calco-carbonique ou légèrement incrustante (avec un pH supérieur au pH d’équilibre, l’eau va favoriser la précipitation du calcaire).

Les eaux incrustantes ou dures ne présentent pas de risque pour la santé mais peuvent provoquer des problèmes d’entartrage des installations de distribution de l’eau et chez le particulier. Un traitement de décarbonatation de l’eau avant sa distribution est dans ce cas préconisé.

Le risque pour la santé provient des eaux trop douces (pH inférieur au pH d’équilibre) qui deviennent agressives et sont susceptibles de dissoudre les métaux des canalisations intérieures (plomb, cuivre, zinc), favorisant ainsi un développement bactérien.

Aussi, il est conseillé de ne pas consommer une eau adoucie et d’installer les adoucisseurs uniquement sur le réseau d’eau chaude sanitaire. Le Code de la santé publique stipule que le consommateur final doit toujours disposer d’une eau froide non soumise à un traitement complémentaire, notamment dans les immeubles collectifs. Différents traitements de l’eau avant sa distribution peuvent être mis en œuvre : neutralisation de l’eau par filtration sur matériau calcaire, reminéralisation par adjonction de chaux et de gaz carbonique.

Des dispositifs individuels de traitement visant à réduire la teneur en plomb dans l’eau (filtres… ) sont également commercialisés. Au préalable, le fabricant doit s’assurer de l’efficacité de ces dispositifs dans les conditions d’utilisation préconisées. L’efficacité de ces dispositifs est subordonnée à un respect attentif des consignes d’entretien et d’utilisation (par exemple : remplacement régulier des cartouches pour les filtres). Le ministère chargé de la santé n’a pas délivré d’agrément pour ce type de dispositifs de traitement.

Recommandations pour la prévention des risques sanitaires liés au plomb dans les bâtiments

Les travaux de suppression de l’accessibilité au plomb ou les travaux de rénovation courants réalisés sur des revêtements qui contiennent du plomb, s’ils de ne sont pas réalisés dans les règles de l’art, peuvent être eux-mêmes à l’origine de la production supplémentaire de poussières contenant du plomb et occasionner l’intoxication des personnes en contact avec ces poussières, en particulier des enfants et des femmes en âge de procréer.

L’exposition des enfants au plomb dans l’habitat est due principalement aux revêtements dégradés contenant du plomb (peinture le plus souvent). Cette exposition se fait par l’ingestion (les petits enfants portent souvent les mains à la bouche) - et dans une moindre mesure l’inhalation, des poussières issues de ces revêtements du fait de leur dégradation. Les femmes en âge d’avoir des enfants doivent également être protégées vis-à-vis de ces poussières, elles transmettront en effet si elles sont enceintes t le plomb stocké dans leur organisme à leur enfant. Le plomb présente aussi des effets toxiques pour les adultes de manière générale.

Il convient en particulier pendant les travaux pour limiter au maximum la production de poussières contenant du plomb et leur dissémination pendant ces travaux d’éviter tout grattage, ponçage (surtout à sec), décapage, percements importants, démolition… des supports recouverts de revêtements qui contiennent du plomb. Ces types d’intervention sont en effet ceux qui produisent le plus de poussières.

Il est important de privilégier au contraire le recouvrement des surfaces dégradées contenant du plomb par du papier peint, papier à peindre, toile de verre… dans les pièces sèches et la pose de carrelage dans les pièces humides, en particulier pour les murs. Les éléments qui peuvent être démontés comme les plinthes, les portes, les fenêtres, les portes de placards peuvent éventuellement être remplacés, à décider au cas par cas en fonction de l’état de dégradation du revêtement qui les recouvrent.

Il est fortement recommandé de ne pas réaliser ces types de travaux sans faire appel à une entreprise de professionnels.

 1. Travaux réalisés par une entreprise

Les entreprises auxquelles il peut être fait appel pour les travaux palliatifs de suppression d’accessibilité au plomb sont les entreprises classiques des corps de métier suivants : peintres, carreleur, entreprises qui proposent des travaux de rénovation…

En application des dispositions du code du travail, l’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs (cf. articles L.4121-1 et suivant du code du travail). Dans ce cadre, il est tenu d’évaluer les risques liés à la présence éventuelle de plomb et de prendre les mesures de prévention adéquates qui en découlent.

Il est important d’informer ces entreprises de la présence et de la localisation des revêtements qui contiennent du plomb, soit en leur remettant le constat de risque d’exposition au plomb (CREP). Cette information fera partie des éléments utiles à l’entreprise pour mener l’évaluation dont elle a la charge et pour prendre les précautions nécessaires à la fois pour la protection particulière des travailleurs qui vont réaliser les travaux et pour éviter la dissémination des poussières contenant du plomb susceptibles d’exposer les occupants.

>> Consulter le guide relatif aux techniques disponibles pour réaliser les travaux de suppression de l’accessibilité au plomb dans les règles de l’art.

 2. Précautions à prendre si vous réalisez vous-même des travaux

S’il ne vous est pas possible de faire réaliser les travaux par des professionnels, avant de réaliser par vous-même des travaux de rénovation susceptibles d’endommager des revêtements contenant du plomb (rénovation de peinture, papier peint, électricité, plomberie, …) , assurez-vous de connaître la localisation des revêtements qui contiennent du plomb en consultant si votre immeuble date d’avant 1949 le constat de risque d’exposition au plomb joint à votre contrat de location (si celui-ci a été signé après le 12 août 2008) ou votre acte de vente.

Pendant les travaux, prenez toutes les précautions nécessaires et en particulier :
 tenez les enfants et les femmes en âge d’avoir des enfants éloignés du logement pendant la durée des travaux ;
 prenez soin de vous protéger et d’éviter la dissémination des poussières contenant du plomb dans l’ensemble du logement.
 à la fin des travaux, effectuez un nettoyage attentif pour éliminer toutes ces poussières.

 3. Subventions accordées pour la réalisation de travaux

Des travaux de suppression de l’accessibilité au plomb, dans le cadre de projets s’inscrivant dans les priorités de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), peuvent faire l’objet de subvention de la part de cette agence. Certains conseils régionaux (comme celui de l’Ile de France), certaines collectivités locales (départements ou communes) peuvent également accorder des subventions complémentaires pour de tels travaux.

>> Consulter le guide des aides de l’ANAH

[1Si le CREP met en évidence des revêtements dégradés contenant du plomb à des teneurs supérieures au seuil réglementaire, le propriétaire est tenu de procéder sans attendre aux travaux appropriés pour supprimer le risque d’exposition au plomb