Sources d’exposition au plomb

Le plomb est un métal naturellement présent, sous plusieurs formes, dans la croûte terrestre et le sol, mais également dans les autres compartiments environnementaux. Le plomb est extrait de minerais pour être ensuite transformé et utilisé dans de nombreux domaines, et ce depuis l’Antiquité. Son utilisation a diminué et a été réglementée à partir du XXème siècle en raison de sa toxicité. Le plomb peut se retrouver néanmoins aujourd’hui dans tous les milieux environnementaux : air, eau, sols, aliments, bâtiment, etc.


Le plomb était utilisé durant l’Antiquité pour la production de monnaies, de canalisations, de vaisselle, etc. La révolution industrielle a entraîné de nouvelles utilisations massives dans la construction, l’industrie et l’imprimerie.

Le plomb est ainsi utilisé -ou l’a été- notamment pour la production de batteries et accumulateurs, en tant qu’antidétonant dans certains carburants, pour la fabrication de certaines peintures, de canalisations d’eau, de divers produits destinés à des activités de loisirs (soldats de plomb, plomb de pêche, chasse…), destinés à la construction (étanchéité des balcons ou des rebords de fenêtres) ou pour la fabrication artisanale de remèdes, cosmétique et récipients. Les sites industriels en activité ou non peuvent être à l’origine d’une pollution atmosphérique et d’une contamination des sols environnants.

Ainsi, par son utilisation passée ou actuelle, le plomb peut se retrouver dans tous les milieux environnementaux : air, eau, sols, aliments, bâtiment, etc.

Le plomb dans l’eau du robinet

L’eau au niveau des captages et en sortie des usines de traitement d’eau potable ne contient généralement pas de plomb. C’est au contact de canalisations en plomb des réseaux de distribution que l’eau se charge progressivement en plomb, et ce d’autant plus que :

 le temps de stagnation de l’eau dans les canalisations en plomb est long ;
 la longueur des canalisations en plomb est importante ;
 l’eau est acide et/ou faiblement minéralisée ;
 la température de l’eau est élevée : la solubilité du plomb dans l’eau est deux fois plus importante à 25°C qu’à 15°C ;
 il existe des phénomènes d’électrolyse, dus par exemple à la mise à la terre pour la sécurité des installations électriques sur des canalisations d’eau ou à la juxtaposition de matériaux différents (par exemple, la présence de plomb et de cuivre dans un réseau intérieur accroît la dissolution du plomb dans l’eau).

La mise à la terre sur des canalisations d’eau est interdite d’une manière générale. Elle peut être autorisée à titre dérogatoire dans les logements anciens à condition que la sécurité des usagers et des personnels d’exploitation de distribution d’eau soit assurée. Un arrêté ministériel précisera les modalités d’autorisation par dérogation.

Les canalisations en plomb

Le plomb a été largement utilisé pour la fabrication de canalisations d’eau potable de petit diamètre. Grâce à l’évolution de la réglementation et des pratiques professionnelles, il a cessé d’être employé dans les années 1950 pour les canalisations des réseaux intérieurs dans les habitations.

Le plomb a également été utilisé pour les branchements publics (de la canalisation du réseau public jusqu’au compteur de délivrance de l’eau à l’abonné) jusque dans les années 1960 et de manière marginale, jusqu’en 1995.

Très peu de données sont publiées sur l’état et la nature des réseaux intérieurs de distribution des bâtiments. En 2011, la proportion de logements construits avant 1949 était de 34 % soit plus de 11 millions de logements (les canalisations en plomb n’étaient plus couramment employées dès le début des années 1950 dans les réseaux intérieurs). Le Cconseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) estime dans son rapport de 2013 à environ 7,5 millions le nombre de logements avec des canalisations intérieures en plomb.

Néanmoins, dans les réseaux intérieurs de distribution, outre les canalisations en plomb, d’autres matériaux peuvent être à l’origine de la présence de plomb dans l’eau : les alliages de cuivre et de laiton (qui peuvent comporter jusqu’à 5 % de plomb), l’acier galvanisé (dont le zinc de galvanisation peut comporter jusqu’à 1 % de plomb), les soudures dites à l’étain, utilisées pour assembler les réseaux en cuivre et qui peuvent contenir jusqu’à 60 % de plomb, et même certains polychlorure de vinyle (PVC) d’origine étrangère stabilisés avec des sels de plomb.

D’un point de vue réglementaire, depuis 1963 (règlement sanitaire départemental), le plomb et ses alliages ne devaient être utilisés qu’en cas d’absolue nécessité et avec l’accord des autorités sanitaires locales. De plus, le plomb était prohibé dans les revêtements des réservoirs d’eau potable et dans les installations de distribution d’eau chaude.

Le décret du 5 avril 1995 a interdit la mise en place de canalisations en plomb dans les installations de distribution d’eau (réseaux de distribution publics et intérieurs). En outre, l’arrêté du 10 juin 1996 a interdit l’emploi de soudures contenant du plomb.

Consulter également l’article "Eau et plomb"

Le plomb dans les bâtiments : peintures au plomb

La céruse (hydroxycarbonate de plomb) a été couramment utilisée dans la fabrication des peintures et enduits au 19ème siècle et jusqu’à la moitié du 20ème siècle.

Reconnue au début du 20ème siècle pour provoquer des intoxications graves en milieu professionnel, la peinture à la céruse a fait l’objet d’une interdiction d’usage dès 1915 pour les ouvriers peintres en bâtiment, puis en 1926 pour les artisans. L’arrêt de son utilisation a toutefois été très progressif. On considère que cette peinture a cessé d’être utilisée après 1948, date de refonte du code du travail.

C’est pourquoi, il subsiste aujourd’hui des peintures au plomb dans les logements construits avant 1949 et, plus particulièrement, avant 1915.

Ces revêtements, souvent recouverts par d’autres depuis, peuvent se dégrader avec le temps, l’humidité (fuites, condensation du fait d’une mauvaise isolation et de défauts de ventilation) ou lors de travaux (ponçage par exemple) : les écailles et les poussières ainsi libérées sont alors sources d’intoxication.

Le plomb laminé peut encore être employé pour assurer l’étanchéité des balcons ou des rebords de fenêtres. Il est recommandé de recouvrir les balcons s’ils sont couverts de feuilles ou plaques de plomb avec un revêtement de type caillebotis pour éviter que les enfants n’y aient accès.

Le plomb dans l’air

Le plomb reste présent dans l’air du fait principalement d’émissions industrielles (fonderies primaires et de recyclage, métallurgie, combustion du charbon, incinération des déchets …).

Depuis une trentaine d’années, on observe une diminution importante des émissions de plomb dans l’air liée à l’abandon progressif de l’essence plombée puis à la suppression de l’utilisation de plomb tétraéthyle dans les essences depuis le 1er janvier 2000. De nombreuses mesures prises par le ministère chargé de l’environnement ont renforcé les normes d’émission de différents types d’industries et ont également conduit à diminuer les rejets de plomb dans l’atmosphère.

Ainsi, dans la plupart des agglomérations françaises, la concentration moyenne annuelle en plomb est de l’ordre de 0,03 µg/m3, c’est-à-dire à la limite de précision de la mesure. Cette concentration moyenne annuelle est toujours très inférieure à la valeur de 0,5 µg/m3 qui correspond à la valeur guide préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2000 et qui a été reprise dans la directive européenne de 2008 sur la qualité de l’air.

Dans une publication de 2013, l’OMS indique cependant qu’il existe de nouvelles connaissances sur les effets sanitaires des émissions atmosphériques de plomb. Il a en effet été mis en évidence des impacts sur le système nerveux central chez l’enfant et sur le système cardiovasculaire chez l’adulte, à des concentrations proches ou en-dessous de la valeur guide de l’OMS et de la valeur réglementaire européenne.

Pour en savoir plus :

 Ministère chargé de l’environnement. Bilan de la qualité de l’air en 2013
 Directive 2008/50/CE du parlement européen et du conseil et du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe.
 OMS. Rapport “Review of evidence on health aspects of air pollution – REVIHAAP – first results” (2013)

Le plomb dans les aliments

Contamination par l’environnement

La contamination des aliments par le plomb est principalement due aux retombées de la pollution atmosphérique (industries, automobiles …) et à la contamination des sols qui touchent en priorité les végétaux.

Depuis quelques années, on observe une baisse de la contamination des aliments par le plomb liée d’une part, à l’utilisation de l’essence sans plomb et d’autre part, à la réduction de l’utilisation des soudures au plomb dans l’industrie agroalimentaire.

L’étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques 2 réalisée par l’Anses (Etude de l’Alimentation Totale 2 - 2006-2010 ; EAT 2), démontre encore une diminution de l’exposition au plomb par la voie alimentaire en comparaison des résultats d’EAT 1 (2000-2004).

L’exposition moyenne de la population française est estimée à 0,20 µg/kg poids corporel/jour chez les adultes et 0,27 µg/kg p.c. /jour chez les enfants.

Cependant, cette étude met également en évidence, pour certains groupes de populations, des risques de dépassement des seuils toxicologiques pour certaines substances telles que le plomb.

Ces risques étant souvent associés à des situations de forte consommation d’un aliment ou groupe d’aliments donné, l’Anses rappelle l’importance d’une alimentation diversifiée et équilibrée en variant les aliments et la quantité consommée.

Une surveillance et des contrôles de la présence de contaminants dans les aliments sont mis en œuvre par les industriels et par les autorités sanitaires. Chaque année, la direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère chargé de l’agriculture met en œuvre un ensemble de plans de surveillance et de plans de contrôle (PSPC) de la contamination des denrées alimentaires d’origine végétale et/ou d’origine animale et de l’alimentation animale. Ces plans constituent un indicateur essentiel de la sécurité sanitaire des aliments.

Le plan de contrôle a pour objectif principal la recherche des anomalies, des non-conformités vis-à-vis de limites réglementaires.

Les limites réglementaires pour les métaux lourds dans les denrées animales sont définies dans le règlement (CE) N° 1881/2006 de la Commission du 19 décembre 2006 portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires. Les teneurs maximales varient en fonction des denrées (lait, légumes, céréales, etc.) entre 0,02 et 1,5 mg/kg de poids à l’état frais.

Au total, le plan de contrôle réalisé en 2013 (échantillonnage ciblé) sur les 2 273 échantillons analysés pour le plomb n’a mis en évidence aucune non-conformité dans les produits de la pêche et une seule non-conformité pour les coquillages.

 En savoir plus : Plan de surveillance et de contrôle sur agriculture.gouv.fr

Contamination par contact avec des matériaux

Un aliment peut être amené à entrer en contact avec des contenants (pots, emballages, réservoirs), des outils, des ustensiles, ou des surfaces servant lors de la préparation et du stockage des denrées alimentaires. Afin de s’assurer que ces matériaux et leurs constituants n’induisent pas de risque pour la santé, la composition de ces matériaux et les traitements auxquels ils sont soumis au cours de leur vie sont strictement encadrés.

Les produits en céramiques peuvent céder des produits toxiques, notamment du plomb, aux aliments avec lesquels ils sont en contact. Lors de leur mise sur le marché, ces objets en céramiques doivent être accompagnés d’une déclaration de conformité du fabriquant assurant que ceux-ci respectent les limites maximales de cession du plomb, prévues par la directive n°84/500/CEE consolidée. Cette directive a été transposée au niveau national par l’arrêté du 7 novembre 1985.

En avril 2010, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié un avis sur les risques sanitaires liés à la présence de plomb dans les aliments. L’EFSA a conclu que les niveaux actuels d’exposition au plomb présentent un risque sanitaire faible voire négligeable pour la plupart des adultes mais qu’il existe certaines inquiétudes potentielles concernant d’éventuels effets sur le développement neurologique chez les jeunes enfants.

Ainsi, à la suite de cet avis, la Commission européenne a décidé de revoir à la baisse les limites de migration en plomb dans les objets en céramiques destinés à entrer en contact des denrées alimentaires. Un projet de règlement est actuellement en cours de discussion au niveau européen.

Les plats en céramique d’origine artisanale, non destinés au contact avec des aliments, ne font pas l’objet de ce contrôle. Ils peuvent ainsi être source de contamination par le plomb s’ils sont utilisés pour préparer, chauffer ou recueillir des aliments.

Le plomb dans les sols

Consultez le rapport Sites potentiellement pollués par le plomb : retours d’expérience et recommandations - Etat des connaissances et des retours d’expériences en termes d’évaluation des risques et de gestion de l’environnement et des populations de situations de sites pollués au plomb.

Ce document est destiné aux services de l’État et établissements publics locaux chargés de la gestion de situations de sites pollués au plomb (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), agences régionales de santé (ARS)).

Le rapport est organisé en trois parties :
 la première partie dresse un état des lieux des nouvelles données et travaux en cours à considérer en matière d’évaluation des risques ;
 la deuxième partie décrit deux situations concrètes de gestion de sites pollués au plomb sur la base desquelles le groupe de travail s’est appuyé pour formuler certaines de ses recommandations ;
 la troisième partie propose, d’une part, des recommandations qui peuvent être mises en place immédiatement sur le terrain et, d’autre part, des questionnements d’ordre prospectif, qui constituent des pistes de réflexion et nécessiteraient un approfondissement supplémentaire.

Les expositions professionnelles et de loisirs

Le Guide de dépistage et de prise en charge de l’intoxication par le plomb de l’enfant et de la femme enceinte fournit une liste des principales activités professionnelles et de loisirs exposant au plomb.

Pour plus d’informations, consultez le site de l’INRS et notamment :
  « Salariés du bâtiment - Le plomb, vous et votre famille »
  « Le plomb, vous et votre famille »
  « Interventions sur les peintures contenant du plomb Prévention des risques professionnels »

Consulter également le site de l’InVS, « surveillance des plombémies professionnelles ».