Trichinellose

La trichinellose est une zoonose due à un parasite (nématodes) et transmise à l’homme par la consommation de viande peu ou non cuite, essentiellement du cheval ou du sanglier dans notre pays. C’est une maladie à déclaration obligatoiredans le cadre de la déclaration des TIAC (toxi-infection alimentaire collective).

Le traitement est efficace s’il est précoce. En l’absence de traitement la trichinellose peut provoquer des complications parfois graves et laisser des séquelles.

Malgré la baisse du nombre de cas de trichinellose observé en France, cette parasitose n’en demeure pas moins un problème de santé publique, en particulier, en raison de sa gravité potentielle et du risque épidémique.

Agent

Les trichines sont des parasites qui appartiennent à la classe des nématodes (vers ronds). Douze espèces sont répertoriées, dont huit ont déjà été isolées chez l’homme. Cependant, les infections rencontrées chez l’homme en France sont liées à Trichinella spiralis, T. pseudospiralis ou T. britovi.

Les adultes sont des vers de petite taille (1,5 mm pour le mâle, 2 à 3 mm pour la femelle). Les larves enkystées en forme de citron (400 µm de long) dans des fibres musculaires mesurent un peu moins de 1 mm de long et sont enroulées en spirale. Le cycle de développement des trichines ne s’effectue jamais à l’extérieur de leur hôte (cycle monoxène). Les larves, ingérées sous forme de kystes, deviennent adultes en 24 à 36 heures au niveau de l’épithélium de la muqueuse de l’intestin grêle ; après la fécondation, les adultes femelles donnent naissance à de nouvelles larves (en moyenne 1 500 larves par femelle) entre les jours J4 et J10 après l’infestation. Ces larves empruntent alors la circulation sanguine ou la voie lymphatique et migrent vers les muscles striés squelettiques ; elles pénètrent dans les cellules musculaires dans lesquelles elles s’enkystent en 3 semaines ; elles peuvent y demeurer plusieurs années, les kystes pouvant même se calcifier.

Réservoir

Les trichines sont susceptibles d’infester la quasi totalité des mammifères carnivores et omnivores, y compris certains mammifères marins, et sous toutes les latitudes. On les trouve notamment chez le cheval, le sanglier, le porc… mais aussi le lynx, le renard, l’ours, le blaireau, le putois, les oiseaux, le chien, le chat, le rat… et l’homme. Chez l’animal, leur présence est en règle générale asymptomatique. Les oiseaux carnivores ou détritivores ainsi que certains reptiles peuvent être également infestés.

Mode de contamination

La transmission du parasite à l’homme est liée à l’ingestion de viande contaminée peu ou non cuite ; en Europe, il s’agit essentiellement de viande de sanglier, de porc et de cheval.

Epidémiologie

La principale source de contamination humaine à l’échelle mondiale est la viande porcine. La répartition entre les pays est très contrastée selon les espèces susceptibles d’être touchées par la maladie.

En France, la règlementation en vigueur impose un contrôle systématique des viandes à risque : porcs, sanglier, cheval. Ce contrôle consiste en une analyse d’un échantillon de muscle prélevé à l’abattoir.

Les cas identifiés en France résultent de l’ingestion de viande non contrôlée de sanglier ou de viande de chasse importée illégalement en France.

L’émergence dans les années 1980 et 1990 d’épidémies de plusieurs centaines de cas liés à la consommation de viande chevaline a suscité le renforcement des mesures de contrôle vétérinaire en particulier sur les carcasses de chevaux. Ces mesures ont été efficaces, car aucun cas lié à la viande de cheval n’a été observé depuis 1998.

Clinique chez l’homme

Incubation : 48 heures souvent silencieuse, parfois syndrome digestif avec douleurs abdominales, diarrhées, si infestation massive.

De J+2 à J+15 à +30 : fièvre, douleurs abdominales, diarrhée, nausées, vomissements.

A partir de J+15 : Fièvre en plateau, altération de l’état général, atteinte musculaire avec des myalgies parfois intenses et diminution du tonus musculaire, œdème de la face, très caractéristique de la maladie et éventuellement des manifestations de type allergiques.

Pendant la phase chronique, la fièvre diminue, mais la fatigue, les manifestations musculaires et allergiques persistent. Des complications cardiaques (myocardite) et neurologiques : signes déficitaires locaux (hémiparésie, déficit sensitif central) ou une encéphalopathie, peuvent survenir Des séquelles neurologiques ou musculaires peuvent s’observer.

La sévérité de la maladie est fonction de la quantité de larves ingérées et de l’espèce en cause. Une prise en charge précoce réduit les complications. Chez l’homme, il existe des porteurs sains (qui ont moins de quelques dizaines de larves).

Note : aucun symptôme clinique caractéristique n’est observé chez l’animal infesté.

Diagnostic

Le diagnostic repose sur un ensemble d’arguments clinique, biologique et épidémiologique. L’interrogatoire doit rechercher une consommation de viande de sanglier ou de cheval crue ou peu cuite, en tenant compte d’un temps d’incubation très variable (1 à 3 semaines).

 Hyper éosinophilie massive supérieure à 1000, qui augmente jusqu’à J+60.

 Augmentation dès la deuxième semaine des enzymes musculaires : CPK, LDH, myokinase.

 Présence d’anticorps sériques à partir de J+15, la notion de séroconversion étant importante.

 Biopsie musculaire : positive à partir de 5-6éme semaines, mais attention aux faux négatifs si l’infestation n’est pas importante.

On peut égalemeny, quand cela s’avère possible, rechercher des larves encapsulées de trichinella dans la viande consommée.

Traitement

Le traitement repose sur la chimiothérapie anti-parasitaire, notamment les benzimidazolés associé à une corticothérapie.

Prévention

La transmission se fait par l’intermédiaire de viande contaminée crue ou insuffisamment cuite, notamment viande de cheval et de sanglier.

Au niveau individuel, la cuisson suffisante de la viande (71° C, viande grise à cœur) est la méthode de prévention idéale. La congélation de la viande n’est pas suffisante pour éliminer tout risque de transmission de la trichinellose. En ce qui concerne les charcuteries, seuls les produits cuits permettent une destruction des trichinelles ; la salaison et la fumaison ne sont pas des techniques assainissantes.

Au niveau collectif, la prévention repose sur le contrôle sanitaire systématique des viandes. En France, la surveillance vétérinaire par digestion artificielle chlorhydro-pepsique concerne la viande de cheval et de porc plein-air (sondage pour le porc industriel).

Pour le marché de gibier sauvage, les contrôles sont obligatoires si le chasseur cède à un tiers les gibiers qu’il a lui même chassés, que se soit dans un cadre commercial ou non, à l’exception d’une cession directe du chasseur au consommateur. Dans ce dernier cas, il est très vivement recommandé aux consommateurs de demander au chasseur une attestation relative à la recherche de trichine. Pour ce qui concerne le chasseur, sa responsabilité personnelle serait engagée si la consommation de la viande fournie entraînait un dommage au consommateur ; il lui est donc très vigoureusement recommandé de faire pratiquer cette recherche.

Déclaration

La trichinellose humaine en tant que toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est une maladie à déclaration obligatoire.

Toute TIAC doit faire l’objet d’une déclaration à l’autorité sanitaire départementale (ARS ou DDCSPP). Cette déclaration est obligatoire : "d’une part pour tout docteur en médecine qui en a constaté l’existence, d’autre part, pour le principal occupant, chef de famille ou d’établissement, des locaux où se trouvent les malades."

Les données de la déclaration obligatoire proviennent de 2 sources différentes :

 le nombre de foyers de TIAC déclarés aux Agences régionales de santé (ARS) est transmis à l’Institut de Veille Sanitaire ainsi que, le cas échéant, le rapport d’investigation du foyer de TIAC.

 les déclarations des foyers de TIAC aux Directions Départementales des Services Vétérinaires font l’objet d’une notification immédiate par télécopie à la Direction Générale de l’Alimentation et ultérieurement de l’envoi d’un rapport d’investigation.

La synthèse et l’analyse des données sont réalisées par l’InVS après la mise en commun des informations de ces deux sources et l’élimination des doubles déclarations.

Télécharger la fiche de déclaration

Pour en savoir plus

 Institut de veille sanitaire :

Bulletins épidémiologique hebdomadaire n°29/1994 – 26 juillet 1994 ; n°44/1995 – 31 octobre 1995 ; n°49, 1997 – 2 décembre 1997 ; n°28, 1998 – 14 juillet 1998 ; n°15/2001 – 10 avril 2001 (TIAC).

 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) :

Dossier trichinellose

Source :

Direction Générale de la Santé
Bureau alimentation et nutrition
Bureau maladies infectieuses, risques infectieux émergents et politique vaccinale