Programme ETHYLIBRE

Objectifs résumés
Favoriser l’autonomie des usagers récemment abstinents en les accompagnant dans le développement de leurs compétences psychosociales, afin de consolider l’abstinence. Rompre l’isolement et restaurer les liens. Renforcer l’accès aux soins.

Le porteur de projet

Coordonnées de la structure :

Pôle Santé ASTEQ
Rue du Pont-à-Tan
Questembert 56230
Type de structure :
Maison de santé

Coordonnées du contact :

Sarzaud Sylvie
Qualité : Coordinatrice du programme
Téléphone professionnel : 06 32 86 44 23
Courriel professionnel : symaau@free.fr

Contexte

L’origine
Constats issus de la pratique professionnelle libérale :
 De nombreuses personnes se déclarent en souffrance, indirecte ou directe, avec l’alcool.
 De nombreuses personnes en difficulté avec une conduite addictive ont des liens avec le suicide.
 Le maintien de l’abstinence après la sortie de soins est difficile.
 Les médecins généralistes reconnaissent manquer de temps, de formation en addictologie et de coordination pour répondre aux besoins de ces patients.
 L’acquisition des compétences psychosociales a prouvé son efficacité pour améliorer l’estime de soi et peut apporter une réponse aux difficultés de ces patients.

Constats issus des patients :
 Manque de structure, de programme, suite à une cure
 Sensation d’abandon, isolement lors du retour à domicile

La finalité
Lutter contre le fléau des rechutes en addiction : entre 70 % et 80 % des usagers addicts à l’alcool rechutent après une cure (dans sa thèse de Médecine Générale de 2018 du CHU de Nice, Gwladys Petit recense 71,6 % de rechutes après soins au bout de 6 mois, sur un panel de 109 patients de tous profils socio-professionnels). Il s’agit d’œuvrer pour la prévention en proposant une offre thérapeutique complémentaire aux offres existantes.
Ce programme permet :
d’accompagner le nouvel abstinent dans son environnement en développant ses CSP
de développer les compétences d’adaptation face aux situations à risque
de favoriser les changements dans la vie quotidienne pour prévenir les risques de rechute
de créer une dynamique d’abstinence
de construire et réaliser les activités au cœur du lieu de vie
de renforcer le travail thérapeutique débuté en soins
de proposer une offre de "soins de suite" inexistante sur le territoire
de proposer une offre en éducation thérapeutique près du domicile

La description du projet
Ce programme s’adresse à tous les usagers engagés dans une démarche d’abstinence. Certains ont commencé un travail psychothérapeutique, mais il est nécessaire de poursuivre et d’approfondir ce travail, afin de construire durablement un nouveau schéma de vie. Ethylibre est un rendez-vous choisi par l’usager, sur proposition des professionnels de 1er recours, des médecins hospitaliers ou des usagers ressources ayant connu la même problématique, dans lequel il s’investit et construit son devenir. Il s’agit de le rendre acteur de sa propre vie et de lui procurer du sens.
Ethylibre s’inscrit en réponse à l’axe 2 du plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 : priorité 6 « construire un parcours de santé à partir d’un premier recours consolidé », et priorité 8 « favoriser la réinsertion des personnes abstinentes dans le cadre d’un parcours de vie ».

Les acteurs
Initiatrices du projet : la psychologue et la sophrologue exerçant à la Maison de Santé de Questembert.
Équipe (partenariat libéraux et hospitaliers) : deux psychologues, une sophrologue, une infirmière ayant un DU en addictologie, un médecin généraliste, une hépatogastroentérologue, un médecin, cinq usagers ressources formés à l’éducation thérapeutique (membres actifs de l’association Groupe d’Entraide Soutien Dépendances, co-constructeurs, co- décideurs et co- animateurs)
Partenaires extérieurs facilitateurs tels que l’IREPS, la plateteforme d’éducation thérapeutique du territoire de santé 4, l’UTET du CHBA de Vannes, le service d’addictologie du CHBA (Auray, Le Pratel) et ASTEQ (Pôle Santé de Questembert et ses environs).
Ont participé à l’élaboration l’association Amis de la Santé de Redon (usagers), le Centre Médico-Psychologique, le Centre Médico-Social et le CSAPA Douarnevez de Vannes.

Les axes prioritaires :

  • Renforcer et préserver l’accès à la santé – y compris à la prévention – pour tous, notamment par une information adaptée aux personnes vulnérables (mineures, majeures protégées, en perte d’autonomie, souffrant de troubles psychiques, intellectuellement déficientes…), étrangères, placées sous main de justice… ;
  • Faire converger les droits des usagers des structures de soins, sociales et médico-sociales, notamment au travers de la participation des représentants des usagers et des usagers (CDU, CVS) et de la mise en place de dispositifs expérimentaux adaptés aux parcours (organisation territoriale pour l’exercice des droits, impliquant les établissements, les conseils généraux, les ordres et organisations professionnels, les agences régionales de santé, les conseils territoriaux de santé… ).
  • Accompagner les évolutions du système de santé, qu’elles soient organisationnelles ou liées aux innovations (bio) technologiques dans le respect des droits des usagers et de l’éthique (numérique en santé, télémédecine, centres, maisons, réseaux, communautés professionnelles territoriales de santé, soins de santé transfrontaliers, chirurgie ambulatoire, prises en charge à domicile etc.) et par la mobilisation des outils de démocratie participative favorisant l’information et le débat citoyen.

La réalisation

La mise en œuvre
Le programme se déroule ainsi :
Un entretien individuel usager/professionnel de santé pour connaître la personne dans sa globalité
Suivi de 11 ateliers collectifs répartis sur 11 semaines à raison d’un atelier de 2 heures chaque samedi matin. Chaque atelier est co animé par un professionnel de santé et un usager « ressource » abstinent du Groupe d’Entraide Soutien Dépendances.
Suite au premier atelier, l’usager peut déposer à son médecin un courrier indiquant son entrée dans le programme
Un bilan à distance pour évaluer les acquis et les perspectives de chacun (atelier collectif) et évaluer la satisfaction des usagers par rapport à leurs besoins éducatifs initiaux.
Un courrier au médecin traitant de chaque usager résumant les compétences acquises en fin de programme.

Une première expérimentation s’est déroulée de mars à septembre 2019, une seconde démarre fin novembre 2019

Projet initié en :
2018

Projet mis en œuvre en :
2019

Comment et combien ?
L’association Asteq a organisé et financé des formations transversales sur l’entretien motivationnel. Elle a par ailleurs accepté de rémunérer le temps de travail des professionnels de santé impliqués dans le programme et de financer les coûts de mise en œuvre (salle, matériel de projection, impression de flyers, achat de papier, crayons, boissons et en-cas). Elle a fait un don à l’association des usagers « ressource » en guise de reconnaissance pour leur implication.
La Plateforme ETP TS4 a imprimé les cahiers individuels des participants.
Le recrutement s’est effectué facilement pour les deux programmes, par le biais des médecins généralistes de Questembert et ses environs, du service addictologie hospitalier, de l’association d’usagers, et des partenaires ayant participé à l’élaboration du programme.

La communication
De septembre à novembre 2019, à l’issue de notre premier programme expérimental :
Création d’un logo pour nos supports de communication, création d’affiches et de flyers
Réunions d’information avec les professionnels de santé du secteur et les institutions (ARS)
Interview publiée dans le journal Ouest France
Entretien à la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA)
Présentation à la journée régionale Geco Lib ( groupement d’exercice coordonné des libéraux ) à Quimper (thématique : exercice coordonné des libéraux avec des patients)
Présentation du projet lors d’une réunion Asteq réunissant différents professionnels du territoire.
En 2020 :
Présentation du projet par la plateforme ETP, lors de leurs différentes rencontres avec les acteurs du territoire 3. Une rencontre avec les acteurs de l’addictologie du territoire 3 est en projet pour 2020.
À la suite du second programme et de son évaluation, nous envisageons d’autres actions.

Et après

Les résultats
Le taux de participation était de 75 % pour les dix premiers usagers.
Deux usagers ont été réorientés vers un service de psychiatrie (syndrome dépressif) à la suite du programme : la pathologie initiale a émergé au fil des ateliers, ce qui a permis d’entreprendre une prise en charge efficace, l’addiction étant alors en rémission.
Cinq usagers témoignent d’une nette amélioration de leur qualité de vie : « heureuse que ces ateliers soient reconduits pour d’autres usagers » SB : « toutes ces activités m’ont permis d’avancer et de comprendre l’addiction » CLM : « éthylibre m’a beaucoup apporté »
Ce programme pourra maintenant être présenté et proposé à d’autres maisons de santé, afin qu’elles se l’approprient et l’adaptent en fonction de leurs moyens et de leurs besoins.

Evaluation et suivi
Programme construit de façon méthodique en répondant aux critères fixés par l’ETP et respectant les spécificités de l’addiction à l’alcool. Sept réunions de travail de deux heures nécessaires à son élaboration : évaluation de la satisfaction des participants à l’issue de chaque atelier, rédaction d’un compte-rendu de chaque atelier avec évaluation des intervenants, bilan collectif en fin de programme pour évaluer les effets sur les comportements et la qualité de vie de chacun.
Septembre 2019 : bilan global du premier programme qui s’est avéré très positif.
Enfin, l’IREPS nous propose une évaluation extérieure du programme par l’intermédiaire de travaux de TD d’étudiants en M1 de l’UBS en février prochain.

Quelques conseils et témoignages
Établir des partenariats institutionnels afin de transformer cette expérimentation en programme validé
Partager notre expérience et lui permettre de se déployer sur d’autres territoires